Test | Crime sans châtiment pour Persona 2 : Innocent Sin
04 nov. 2011

Testé par sur
Persona 2
  • Éditeur Atlus
  • Développeur Atlus
  • Sortie initiale 25 nov. 2011
  • Genre Rôle

Comme avec Mad Max, c'est en commençant par le milieu que nous autre, pauvres pécores occidentaux, avons pu profité de la série des Persona. Plus noire et plus adulte que les très mièvres Final Fantasy, le succès fut au rendez-vous. Mais avec la PSP, l'avenir c'est le passé ou vice-versa. Résultat, Atlus décide de dépoussiérer des classiques inédits dans nos lointaines contrées comme Persona 2. Et quand un titre vieux de dix ans semble plus moderne que la plupart des sorties, c'est plutôt bon signe.

Si Jung m'était conté

Difficile de résumer une série vieille de vingt ans contenant des dizaines de titres en quelques lignes. Shin Megami Tensei est la série phare du studio japonais que l'on pourrait décrire comme "Pokémon en enfer". Mêlant choix philosophique et trame apocalyptique, la série s'est fait connaître comme une alternative plus sombre et plus mature aux très mièvres Final Fantasy et consorts. Arrivée directement avec son troisième chapitre sur notre continent, la série des Persona offre une approche plus simpliste à une série extrêmement difficile. Chaque épisode tourne autour d'un groupe de lycéens devant lutter contre une menace surnaturelle à l'aide de créatures nommées Persona. Censées représenter la force intérieur des adolescents, ces créatures possèdent une face cachée appelée Shadow (ombre) représentant l'inconscient. Sans tomber dans l'analyse psychologique à deux sous, ces éléments entrent de manière conséquente dans tous les épisodes de la série. Le parcours de Persona 2 est assez chaotique et mérite quelques explications. L'histoire est divisée en deux jeux : Innocent Sin et Eternal Punisment (Crime et Châtiment), chacun s'articulant sur une phase de la même histoire avec un point de vue différent. Les américains ont eu le droit de jouer au deuxième épisode mais pas au premier, ce qui rend la chose encore plus confuse. Si l'on excepte donc une traduction faite par les fans, le portage d'Innocent Sin sur PSP est un mini-événement en soi puisqu'il est attendue depuis plus de douze ans sur nos rivages.

Jeux interdits

Gargantuesque, Sumaru City se dévoile au fil de l'aventure.

Lycéen mystérieux du Seven Sisters High School, vos loisirs se résument à être passablement anti-social et à bricoler votre bécane favorite. Pas de chance pour vous, la ville de Sumaru est en proie à des rumeurs de plus en plus folles : fantômes hantant le lycée, labyrinthes cachés dans des boites de nuit, etc. Pour couronner le tout, un mystérieux bouffon nommé Joker peut être invoqué pour réaliser vos rêves les plus fous... et au passage vous voler votre âme. Embrigadé dans cette histoire de dingue, le protagoniste mutique et ses amis exubérants, un punk gothique et une occidentale parlant cantonnais, se lancent à la poursuite du Méphistophélès local. Qui se cache derrière le masque ? Pourquoi veut-il punir le héros? Quel est le lourd fardeau dont vous ne pouvez vous souvenir ? Toutes les réponses vous seront dévoilées au fil des longues heures de jeu. Comme d'habitude, le scénario est excellent et n'hésite pas à entrer dans la démesure sans jamais oublier le lien avec les personnages. Toutefois, si vous souhaitez vraiment savoir comment l'histoire se termine, il vous faudra écumer internet pour trouver une des rares copies de Eternal Punishment, l'indispensable deuxième chapitre. Au niveau des ajouts scénaristiques, des quêtes secondaires ont été ajoutées par l'intermédiaire d'un étrange cinéma : chaque quête dure une petite heure et vous donne accès à une petite aventure sympathique venant approfondir les liens avec le premier Persona.

Full contact

Débloquer des attaques combinées est indispensable pour progresser.

L'archéologie effectuée par Atlus offre de nombreux bons côtés mais même un coup de peinture sur l'interface ne gomme pas tous les défauts de l'ancêtre. Allant jusqu'à cinq personnages en même temps à contrôler, le système de combat vous impose de passer par un menu pour chacun de vos tours. Un mode automatique est présent mais comme d'habitude, Persona 2 n'est pas un jeu à prendre à la légère et vous appuyez dessus trop souvent peut jouer des tours. La grande différence avec les jeux suivants réside dans le contact avec les démons. Au lieu d'affronter les monstres, vous pouvez à tout moment discuter avec eux afin de changer leur attitude à votre égard (colère, peur, joie ou curiosité) et d'accéder à certains privilèges. Ainsi, un démon satisfait vous offrira des objets ou des cartes de tarot pour acquérir de nouvelles personas. Le système provient de la série classique des Shin Megami Tensei, où les démons devaient être recrutés par le dialogue. Le fait de devoir affronter des démons pour monter de niveau puis de refaire un nombre équivalent de combat pour quémander des faveurs (les cartes de tarot sont indispensables) rend la chose vraiment poussive. Heureusement, un mode facile, activable à tout instant, permet de faciliter l'ensemble des batailles. Il n'en reste pas moins que vous devrez faire certaines concessions à ce vénérable ancêtre sous peine de crises de nerfs.

La rumeur court

L'infâââââme joker : mais est-il si méchant ?

Si l'âge du jeu offre quelques petits désagréments, il véhicule de très bonnes idées complètement tombées en désuétude. Ainsi, les rumeurs sont non seulement au cœur de l'histoire mais aussi du jeu. En discutant avec les PNJ ou les démons, vous en apprendrez de bien bonnes qui pourront ensuite être transmises à une agence de détectives, moyennant finances. Une rumeur véhiculée permet d'accéder à de nouveaux donjons, faire apparaître de nouveaux ennemis ou simplement d'obtenir une meilleure marchandise. De plus en plus farfelues, elles finissent par rivaliser avec la folie qui hante Sumaru City. Fait rare dans un J-RPG, la sauvegarde est possible à tout instant et bien évidemment fortement conseillée. Au niveau sonore, nous sommes gâtés : à tout moment, la bande son remixée peut être remplacée par l'originale. La performance est d'autant plus louable à la vue du nombres de titres. Au niveau des voix, héritage de la PlayStation 1, seulement quelques rares lignes sont (bien) doublées, ce qui offre un étrange décalage.
Les Plus
  • Un classique oublié enfin disponible
  • Une histoire unique
  • Des personnages attachants
  • La musique paramétrable à l'envie
  • Les rumeurs, bien pensées
Les Moins
  • Les combats mal-fichus
  • Brut de décoffrage
Résultat

Persona 2 : Innocent Sin est très loin d'un portage du niveau de Tactics Ogre et en grattant le coup de peinture, la vieille charpente est visible : système de combat récalcitrant et aspect vieillot. Toutefois, l'intérêt n'est pas là : comme souvent, la PSP devient une sorte de musée de la ludothèque de Sony et permet de profiter de classiques désormais introuvables. Innocent Sin c'est avant une trame complexe et sombre, une ambiance entre délire fiévreux et fatalité et une excellent bande-son. Si vous êtes près à faire quelques concessions, vous aurez entre vos mains l'un des derniers grands titres de la portable de Sony.

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