Preview | Dreamfall, sur les ailes du désir
03 janv. 2006

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Dreamfall

Si vous en avez assez de trucider des centaines d'aliens à la sulfateuse et de massacrer des milliers de zombies à coups de pelle, réjouissez-vous : avec son univers enchanteur, ses énigmes logiques et ses dialogues adultes, Dreamfall renouvelle un genre et ranime la flamme que quantité de jeux un peu bas du front avaient peut-être commencé à étouffer. Balayez vos préjugés et laissez-vous séduire par cette aventure hors-norme, vous n'allez pas le regretter !

La lutte finale

Rares sont les jeux capables d'entretenir notre flamme sur la durée malgré les retards successifs. Dreamfall réussit là où Duke Nukem Forever a échoué grâce à quelques révélations particulièrement alléchantes. La plus intéressante a été dévoilée lors de la dernière présentation du jeu, avec la découverte des combats jusqu'alors bien mystérieux. Même si Dreamfall reste un jeu d'aventure, il est possible de se battre à mains nues ou avec des armes blanches, contre un ou plusieurs adversaires simultanément. Un système simple de coups rapides permet d'enchaîner efficacement un ennemi, à condition d'attendre qu'il baisse sa garde.

Mode sans échec

Certains affrontements opposent plusieurs camps simultanément, amis et ennemis.

Il est bien sûr possible de tenter une attaque lente et redoutable mais cela nécessite déjà un peu plus de pratique. Les plus doués vont vite découvrir comment tourner autour de leur ennemi et quand reculer pour esquiver ses attaques, les autres pouvant s'en sortir en se contentant de parer et de contre-attaquer bêtement. Ce système de combat se maîtrise rapidement, le but étant de rendre le jeu plus dynamique sans jamais pénaliser le joueur. Certains affrontements plus corsés sont quand même prévus, notamment contre des jumelles particulièrement agressives, sans doute pour faciliter le processus d'identification ; l'empathie pour un personnage est toujours plus forte après avoir lutté avec lui un petit peu ! En cas d'échec voire de décès, le jeu reprend de toute façon juste avant l'épreuve, automatiquement, nous évitant de sauvegarder toutes les cinq minutes.

Tête la première

Le travail sur la modélisation et les expressions s'avère déjà remarquable.

Que les non-violents se rassurent, seul Kian l'assassin a régulièrement besoin de se battre. La méthode brute rend le jeu plus difficile avec les deux autres personnages jouables, Zoé et April, bien qu'elle reste possible. Les personnages non jouables deviennent simplement moins bavards, tandis que les réflexions des deux héroïnes font comprendre au joueur que la discussion, la ruse, la discrétion ou la fuite restent préférables à l'attaque. Vu la qualité des animations et des expressions, il est évident que les développeurs poussent le joueur à s'identifier aux personnages en l'amenant à partager leurs motivations, leurs doutes, leurs espoirs. Sans trop en dévoiler sur l'histoire, sachez que chacun d'entre eux cherche sa place dans sa société sans réellement la trouver. C'est particulièrement cruel avec April, prisonnière d'un monde qui la rejette, ainsi qu'avec Kian, dont les convictions sont rapidement ébranlées.

L’invitation au voyage

La fuite ou l'infiltration sont généralement préférables au combat.

Mais là où Dreamfall met une claque bien cuisante, c'est sur le plan de la réalisation graphique. La grande majorité des environnement dévoilés laisse tout bonnement rêveur, qu'il s'agisse des niveaux enneigés, des intérieurs gigantesques ou des forêts quasiment elfiques. Des effets somptueux comme la réflexion des décors sur le sol ou la poussière en suspension dans les faisceaux de lumière laissent franchement béat. Ne ricanez pas bêtement devant votre écran, vous aussi vous allez bloquer quelques minutes devant un bête carrelage en découvrant la qualité des effets spéciaux. Une caméra un peu plus libre a d'ailleurs été ajoutée récemment pour profiter au mieux de l'architecture de certains décors. Loin d'être anecdotique, cette profusion de détails rend le jeu à la fois plus crédible et plus vivant, au point de nous immerger encore plus efficacement dans cet univers envoûtant.

L’aventure a un nom

Le luxe de détails rend l'univers de Dreamfall particulièrement envoûtant.

A ce stade du développement, quantité de détails nous rassurent sur la qualité globale du jeu. Il suffit de se perdre dans le dédale du souk de Casablanca pour apprécier le travail et l'intelligence des développeurs. Le luxe de détails, l'impression troublante de liberté, le nombre de personnages vaquant à leurs occupations, la possibilité de tous les interroger sans jamais tomber sur deux lignes de dialogue identiques, tout contribue à nous filer de terribles frissons de plaisir. Après les petites déceptions causées par les belles promesses de Charles Cecil et de David Cage, sans que leurs jeux se soient réellement montrés à la hauteur, il ne reste plus que Dreamfall pour nous convaincre que l'intérêt des jeux d'aventure n'a pas été plombé par l'apparition de la 3D. Voilà ce qui nous excite le plus tout en nous frustrant terriblement, la sortie de ce chef d'oeuvre annoncé n'étant prévue que pour le début de l'année. Excitation et frustration, c'est ce qui qualifie le mieux cette attente définitivement placée sous le signe du désir.
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Tribune libre