Test | Deadly Premonition : Director's Cut
17 juin 2013

Le Twin Peaks des Prisunics

Testé par sur
Deadly Premonition : The Director's Cut

Deadly Premonition a vite acquis le statut d'œuvre culte dans la ludothèque Xbox. Pour certains, c'était le jeu du siècle, pour d'autres une abomination. Naturellement, la PlayStation 3 s'est vue offrir sa propre version sous-titrée The Director's Cut. Si vous êtes toujours sceptique à l'idée de pénétrer dans l'antre de la folie, Gamatomic vous propose une visite guidée de Greenvale.

L'histoire

Francis York Morgan est un agent du FBI pour le moins excentrique. Ses sujets de discussion favoris incluent les films des années 1980, les meurtres rituels et le café. D'ailleurs, il adore en discuter avec York, son ami imaginaire. L'agent Morgan est déployé dans la paisible ville de Greenvale pour enquêter le meurtre abominable de la jeune Anna Graham. La jeune fille a visiblement été la victime d'un tueur sadique surnommé le tueur à l'imperméable (Raincoat Killer). Aidé par le taciturne shérif George Woodman et sa charmante adjointe Emily, York devra faire tout son possible pour arrêter l'ignoble individu. Comme toute bonne petite ville américaine, Greenvale regorge de mystères qui devront être élucides pour dévoiler l'identité du tueur. L'histoire de Deadly Premonition est une adaptation japonaise de Twin Peaks, la série culte de David Lynch : un mélange d de soap-opera loufoque et d'horreur surnaturelle très premier degré. Quel est le lien entre York et Zach ? Que s'est-il passé 50 ans auparavant à Greenvale ? Que veulent dire les initiales "F.K" dans le café ? Beaucoup de rebondissements sont à prévoir et la mythologie derrière le mystère de Greenvale est de très bonne facture. Sans conteste, le scénario reste le point fort de Deadly Premonition.
Soap-opera très premier degré

Le principe

York vole la vedette au reste du casting

Deadly Premonition est un Shenmue-like : Greenvale est une ville ouverte où vous pouvez à l'envie faire des mini-jeux, parler à ses habitants ou faire avancer le scénario à travers des missions spécifiques. Hélas, la finesse du scénario est contrebalancée par l'atrocité du gameplay. York se balade à pied ou en voiture dans la ville comme dans tout Grand Theft Auto. Mais n'espérez pas admirez les paysages : les graphismes offrent un niveau digne de la PlayStation 2 et les voitures possèdent une physique de caisse à savons. Les habitants de Greenvale possèdent tous leur propre emploi du temps que vous devrez respecter si vous espérez les rencontrer. Le jeu offre un cycle jour/nuit qui peut être accéléré en fumant une simple cigarette. Remplir des missions pour les habitants vous offre des récompenses diverses (armes, costumes, etc) ainsi que des indices sur les mystères planant sur la ville. Certaines missions spécifiques font avancer l'histoire. En suivant la trace du tueur à l'imperméable, York pénètre dans un monde étrange enserré par du lierre rouge et peuplé de zombies. Deadly Premonition devient alors une pâle copie de Resident Evil 4. Il n'y a que deux types d'ennemis pour l'intégralité du jeu, les couloirs se ressemblent tous et sont peuplés par des centaines de zombies. Parfois, cette routine monotone est interrompue par un jeu de cache-cache avec le tueur ou une énigme niveau CE1. Bref, une fois rentré dans ces zones, votre seule envie sera d'en sortir.
Atrocité du gameplay

Pour qui ?

L'enquête prend vite des tours bizarres...

La schizophrénie de Deadly Premonition pose un sérieux problème pour tout acheteur potentiel : êtes-vous prêt à souffrir des heures pour obtenir l'une des meilleures ambiances de ces dernières années ? Si vous êtes plutôt ludologiste et que l'intérêt d'un jeu réside avant tout dans son gameplay, fuyez ! Si au contraire vous êtes narrativiste et qu'un jeu est avant tout une expérience narrative, foncez ! Malgré tous ces problèmes atroces, Deadly Premonition a fait l'objet d'un soin hallucinant dans sa conception et l'amour des développeurs se fait ressentir dans les détails inhérents à Greenvale et à ses habitants. Appartenant à la seconde catégorie, Deadly Premonition est pour moi une œuvre majeure et un ajout indispensable dans votre ludothèque. Comme toute œuvre "culte", le jeu possède beaucoup trop de défauts affligeants l'empêchant de devenir un chef d'œuvre "main stream".
Une oeuvre "culte"

L'anecdote

Des prémonitions, il y en aura beaucoup

Tous les habitants de Greenvale possèdent leur propre emploi du temps ainsi que leur propre véhicule. En "empruntant" leur voiture, vous entendrez une musique spécifique à chaque personnage. Plus intéressant encore, leur plaque d'immatriculation possède un indice sur leurs propres secrets. Il est ainsi possible de savoir qui est le tueur très tôt dans le jeu !
Observez les voitures
Les Plus
  • Du rire, des larmes et des frissons
  • Une histoire atypique et haletante
  • Greenvale, son charme atypique et ses habitants
  • Le protagoniste
  • Le sens du détail
Les Moins
  • Des graphismes exécrables
  • Le gameplay abominable
  • Pas mal de saccades
  • Les ajouts "director's cut" secondaires
Résultat

Avec son gameplay et ses graphismes atroces, le bébé de SWERY 51 rebutera un très grand nombre de joueurs. Pourtant, un charme vénéneux se dégage de son histoire extrêmement bien fichue et de ses personnages foldingues. Si la partie survival-horror est atroce, il est possible de jouer au véritable de détective et là le jeu prend tout son sel. Il apparaît clairement que les développeurs ont passé des heures à peaufiner les détails : les indices sur le meurtre, les relations entre les habitants de Greenvale, etc. La masse de travail n'est pas dans la forme mais dans le fond. Deadly Premonition : The Director's Cut possède une chose qui semble absente de 99% de l'industrie du jeu vidéo actuelle : une âme.

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