Test | Concrete Genie
07 mai 2025

Street Art Therapy

Testé par sur
Concrete Genie

Vous vous souvenez de cette époque où le pire qu'on risquait en griffonnant un graffiti sur un mur, c'était de se faire engueuler par un surveillant ? Eh bien, Concrete Genie pousse le concept un peu plus loin. Ici, peindre sur les murs devient une question de survie... ou presque. Développé par PixelOpus, petite équipe talentueuse de Sony, ce jeu initialement sorti sur PS4 tente de colorier un genre bien connu : l'action/aventure douce, entre poésie urbaine et réflexion environnementale. Alors, bombe de peinture à la main, on part repeindre un monde grisâtre... mais avec un certain style.

L'histoire

Ash est un jeune garçon solitaire, harcelé par une bande de gamins peu recommandables, qui trouve refuge dans le dessin. Lorsque son précieux carnet est déchiré et ses pages éparpillées dans la ville abandonnée de Denska, le destin s'en mêle : ses créations prennent vie. Littéralement. À l'aide d'un pinceau magique et de créatures appelées "génies", Ash va tenter de redonner de la couleur à une ville rongée par la pollution... et à sa propre histoire, par la même occasion. Une belle métaphore pour le pouvoir de l'imaginaire, abordée avec une sincérité touchante, sans jamais tomber dans le pathos.
Un garçon, son carnet, et des murs trop sombres

Le principe

Qui ne s'est jamais dessiné un ami imaginaire ?

Le cœur de Concrete Genie, c'est la peinture. Pas celle qui tache les vêtements, non : ici, un simple mouvement de manette ou de détection de mouvement (vive le gyroscope !) permet de peindre des fresques vivantes sur les murs. Les génies que vous invoquez interagissent avec l'environnement, aident à progresser, et chacun a son propre caractère. C'est plutôt malin... au début. Mais rapidement, le gameplay révèle ses limites : peu de challenge, une boucle répétitive (trouver une page, peindre une fresque, débloquer une zone), et une IA pas toujours futée du côté des génies.


Vers la fin du jeu, une séquence de gameplay plus musclée s'invite à la fête (on ne spoilera pas, mais disons qu'Ash change un peu de rôle), ce qui vient casser la routine. Mais c'est aussi un peu abrupt, comme si le jeu se rappelait qu'il devait aussi plaire aux amateurs de baston. Une tentative louable, mais pas entièrement convaincante.
Peindre ou ne pas peindre, telle est la (seule) question

L'emballage

Le catalogue de motifs est plutôt dense.

Visuellement, Concrete Genie réussit là où bien des productions plus musclées échouent : créer de la magie à partir de la simplicité. L'univers est sombre, mais les couleurs jaillissent littéralement des murs dès que vous commencez à peindre. Les génies, inspirés de dessins d'enfants, sont aussi mignons qu'imprévisibles, et chaque fresque est unique puisque vous les créez vous-même.


La bande-son, discrète mais émotive, accompagne parfaitement l'aventure. Mention spéciale pour les effets sonores associés à la peinture : entre le crépitement des étincelles et le ronronnement des génies, l'ensemble forme une ambiance chaleureuse qui tranche avec les ruelles froides de Denska.
De la poésie visuelle à coups de pinceau

Pour qui ?

Les niveaux sont d'une taille raisonnable et évitent d'être labyrinthiques.

Concrete Genie s'adresse avant tout aux joueurs sensibles à l'imaginaire visuel et à la narration douce-amère. Ceux qui ont apprécié Okami pour son pinceau céleste, Epic Mickey pour son gameplay à base de peinture magique ou encore Chicory : A Colorful Tale pour son système de coloriage libre devraient trouver ici un terrain familier. On pense aussi à The Unfinished Swan, qui partage cette idée d'explorer un monde à travers le geste artistique.


C'est un jeu qui conviendra aux adolescents comme aux adultes curieux de vivre une aventure courte mais chargée en émotion, sans pression, ni game over à la chaîne. Pas besoin de savoir dessiner : ici, ce sont l'intention et l'imagination qui comptent.
Pour ceux qui n'aiment pas en avoir plein les mains

L'anecdote

Vous vous sentez l'âme d'artiste ? N'hésitez pas à en mettre partout !

Concrete Genie n'est pas seulement une ode à l'imagination : c'est aussi le dernier coup de pinceau d'un studio au parcours singulier. PixelOpus, petite équipe talentueuse au sein de la grande famille PlayStation, était composée d'une poignée de jeunes développeurs aux profils artistiques, certains tout droit sortis de cursus universitaires créatifs. Leur objectif ? Proposer des jeux courts, beaux et porteurs de sens.

Après un premier projet expérimental (Entwined), ils ont mis tout leur cœur dans Concrete Genie, un jeu aussi personnel qu'ambitieux dans son propos. Malheureusement, malgré la chaleur de l'accueil critique et l'originalité du projet, le studio a été contraint de fermer ses portes en 2023, dans un contexte de recentrage stratégique chez Sony.

Il reste de leur passage une œuvre pleine de poésie et de couleurs, et l'exemple précieux d'un jeu qui prouve qu'on peut faire vibrer sans viser le triple A. Une dernière fresque murale avant de ranger les pinceaux.
La dernière fresque de PixelOpus
Les Plus
  • Une direction artistique très réussie
  • Peindre librement ses fresques, c'est gratifiant
  • Les génies sont vraiment attachants
  • Une ambiance sonore soignée
  • Un message positif sans être lourd
Les Moins
  • Un gameplay répétitif sur la durée
  • Une transition d'ambiance en fin de jeu un peu brutale
  • L'IA parfois capricieuse
  • Une durée de vie assez courte
  • Pas de véritable challenge
Résultat

Concrete Genie, c'est un peu comme une fresque qu'un enfant aurait peinte avec tout son cœur, mais sans toujours rester dans les lignes. Le jeu touche par son message, séduit par sa direction artistique et charme par la sincérité de son propos. Mais côté gameplay, il reste en deçà de ses ambitions, faute de variété ou de vraie montée en puissance. Cela reste une proposition originale et rafraîchissante, qu'on prend plaisir à découvrir... pour peu qu'on accepte d'y voir autre chose qu'un simple jeu vidéo.

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