Test | Eriksholm : The Stolen Dream
28 juil. 2025

La revanche d'Hanna presque solo

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Eriksholm

Un frère porté disparu, une cité à sauver, et vous seul pour faire la lumière dans l'ombre. Eriksholm : The Stolen Dream vous plonge dans la ville nordique fictive d'Eriksholm où chaque ruelle art déco cache un secret à découvrir. Une quête intime dans un décor splendide, à mi-chemin entre conte noir et stratégie raffinée. Et première aventure marquante signée River End Games.

L'histoire

Hanna, jeune orpheline fraîchement guérie de la peste du cœur (une maladie qui ronge la ville), voit son frère Herman accusé à tort et traqué par la police après ce que l'on suppose être un vol lié à un objet mystérieux. Décidée à le retrouver, elle s'allie à Alva, fugueuse rapide et rusée meneuse de jeunes voleurs, puis Sebastian, ancien soldat capable d'actions directes (et plutôt musclées). À leurs côtés, elle va dévoiler non seulement le sort d'Herman mais aussi les manœuvres d'un système corrompu. L'ambiance rappelle brièvement Oliver Twist... sans glisser dans la misère absolue : l'injustice est là, mais elle est viable, bâtie avec élégance.
Hanna, Herman et les fantômes d'Oliver Twist

Le principe

Dans ce labyrinthe, vous allez devoir ruser et coordonner parfaitement les actions des héros.

Vous commencez en incarnant Hanna seule, infiltrant les quartiers obscurs d'Eriksholm à l'aide de poisons anesthésiants et de courage sournois. Progressivement, Alva et Sebastian rejoignent l'équipe, apportant chacun une approche différente : Alva grimpe et distrait, Sebastian neutralise physiquement ou rétablit un accès aquatique. Une fois disponibles, vous pouvez permuter entre les trois à volonté.


Observer les gardes, déclencher un vol d'oiseaux ou un craquement de plancher – chaque choix compte. Un garde repéré et c'est checkpoint automatique. Le jeu vous récompense dès que le trio agit comme une machine bien huilée – la stratégie est reine, le chaos contrôlé. Parfois, vous devez agir en temps limité et coordonner vos switchs entre les personnages pile au bon moment. Alva balance un caillou pour distraire les gardes quelques secondes tandis qu'Hanna s'engouffre dans un conduit autrement inaccessible car trop à découvert. Et la diversité des situations ne manque pas.


Le maître mot de Eriksholm reste l'accessibilité : chaque partie interactive du décor apparaît régulièrement en surbrillance. Ainsi, impossible de louper une échelle à utiliser, l'entrée d'un conduit dans lequel se faufiler, une gouttière sur laquelle s'accrocher. Rassurez-vous, cela n'enlève en rien le challenge. Le jeu s'apparente en fait à une partie d'échecs : vous connaissez les coups qui sont possibles de réaliser, à vous de déterminer l'ordre qui vous mènera à la victoire.
Trois héros, trois approches et une ville à déjouer

L'emballage

Une palette d'émotions parfaitement retranscrites grâce à MetaHuman durant les cinématiques.

Eriksholm étincelle sans en faire trop. Inspirée des ports suédois de l'époque, la ville mêle façades art déco et canaux paisibles, le tout baigné d'un sentiment de vie malgré la répression ambiante. River End Games, petit studio basé à Göteborg en Suède avec des vétérans de Mirror's Edge, Battlefield, Little Nightmares et Unravel, a fait le choix d'une direction artistique lumineuse plutôt que sombre. Et que dire des visages ? Grâce à MetaHuman et Unreal Engine 5, chaque regard et chaque silence comptent. Les expressions sont si naturelles qu'elles font oublier que l'on joue : c'est de l'art vivant.
Art déco, lumière froide et visages qui parlent plus que mille mots

Pour qui ?

Rester dans l'ombre : un gage de survie, un peu comme sur les RS.

Ce jeu s'adresse à vous, amateurs d'infiltration raffinée et d'histoires à tiroir où chaque personnage apporte sa pièce au puzzle. Si vous avez aimé Dishonored pour l'infiltration, A Plague Tale : Requiem pour l'émotion, ou Desperados pour la coordination de personnages, alors Eriksholm est fait pour vous. Les fans de coopération tactique y trouveront un écho silencieux, même s'il ne s'agit ici que d'un solo parfaitement chorégraphié.
Si vous aimez l'infiltration, vous avez trouvé votre nouveau port d'attache

L'anecdote

Oh des hiéroglyphes à décrypter ! Vas-y Lara... heu, Hanna !

Parmi les passages qui m'ont marqué, il y a ces fameuses grottes où Hanna avance en se fiant aux marques griffonnées sur les parois. Au début, ça ressemble à une balade de scout : « tiens, une croix à gauche, une flèche à droite, facile ! » Puis viennent les premiers doutes : et si ce signe voulait dire « par ici la sortie » ou bien « attention au vide » ? Très vite, je tourne en rond, je soupçonne les parois de se moquer de moi et, évidemment, je finis par choisir la passerelle qui décide de rendre l'âme au moment exact où Hanna met le pied dessus. Entre la réflexion façon Tomb Raider et les sueurs froides d'un mauvais timing, cette séquence transforme Hanna en exploratrice malgré elle... et moi en testeur crispé sur sa manette.

Quand Hanna joue les exploratrices et que le sol décide de ne pas coopérer…
Les Plus
  • Trois héros complémentaires
  • Une direction artistique art déco
  • Un level design malin
  • Des visages animés façon cinéma
  • Un rythme plutôt bien dosé
  • La satisfaction ultime quand un plan à trois fonctionne
  • Le gameplay précis et gratifiant, très stratégique
  • L'ambiance équilibrée : jamais oppressante malgré le contexte
Les Moins
  • Le début avec Hanna seule est un peu lent
  • Peu de liberté en dehors du fil narratif
  • Réédition faible des mécaniques après les premières heures
Résultat

Eriksholm : The Stolen Dream réussit son pari : proposer une aventure d'infiltration pensée autour de trois personnages complémentaires, dans une ville scandinave superbement imaginée. L'histoire de Hanna et de son frère Herman s'appuie sur un scénario bien écrit, un gameplay malin qui alterne exploration, petites énigmes et coopération entre héros, et une réalisation soignée où les visages expressifs et l'ambiance art déco font mouche. Accessible sans être simpliste, le jeu évite la noirceur totale et offre un voyage attachant et motivant, preuve qu'un studio d'expérimentés peut créer une nouvelle licence forte dès son premier projet.

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