Test | The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered
09 mai 2025

Plus beau, plus fort

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The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered

Il a fallu peu de temps pour qu'une des plus grosses surprises – toutes proportions gardées – fasse son apparition comme un coup de tonnerre. Bien que quelque peu raillé pour le nombre de fuites survenues à l'avant-veille de son annonce officielle, The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered mérite tout de même d'être salué pour avoir su rester discret jusqu'alors. Avec une sortie sans crier gare, pour le lendemain de son annonce, le nouveau lifting de cet opus a fait trembler l'industrie en menaçant – finalement à tort – de vampiriser le public au détriment des autres productions. Cette refonte a été concoctée, non pas par le studio à l'origine du titre, mais par les petites mains françaises de Virtuos.

L'histoire

L'univers médiéval-fantastique des The Elder Scrolls enchaîne les fables qui dépeignent des possibles fins du monde, empêchées par un héros ou une héroïne à la destinée toute tracée. Empreint d'une incroyable nostalgie, Oblivion ouvre son histoire par une éternelle sortie de prison dans le pays de Cyrodiil. Cette fois-ci, vous avez de la chance : vous avez été enfermé par erreur dans la cellule qui cache la porte de derrière du Palais Impérial. Alors que l'empereur, Uriel Septim VII en personne, fuit une tentative de meurtre, il vous reconnaît au premier regard pour avoir été présent dans ses rêves. La confiance est instantanée, l'empereur voit la personne élue en vous. La situation tourne mal, et en accompagnant le cortège en fuite, vous assistez à la mort d'Uriel Septim. Il vous est confié la tâche de retrouver son unique héritier. Sans cet ultime espoir, les portes d'Oblivion vont s'ouvrir, laissant les daedras – des créatures démoniaques – et son maître de la destruction envahir votre monde. Bref, vous pouvez désormais aller vaquer à votre petite vie, piller des tombes et aider la veuve et l'orphelin. Sauver le monde est un plat qui se mange froid.
Empreint d'une incroyable nostalgie

Le principe

La Cité Impérale peut être vue de n'importe où.

The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered, comme tous les épisodes principaux de la saga, est un jeu de rôle à la première personne en monde ouvert. La quête principale vous place face au terrible danger de l'Oblivion, un plan démoniaque dont les portes s'ouvrent sur tout le continent. La dynamique de jeu est différente de ce que vous pouviez connaître un peu plus récemment dans Skyrim par exemple, où l'introduction vous pousse à vous rendre dans la première grande ville. À la fin du prologue, en quittant les égouts de la Cité Impériale, la sortie fait face au monde. À vous l'exploration, car en plus de vous mener de lieux en lieux pour vous faire découvrir l'environnement et vous proposer des opportunités, vous êtes invité à fermer ces fameuses portes en allant au bout du donjon qu'elles contiennent. The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered est un peu un retour à une époque plus éloignée, où le jeu de rôle rime beaucoup avec donjons. En plus du plan démoniaque, ce sont une multitude d'autres cavernes et ruines à explorer sans forcément y impliquer une narration, mais avec la contrepartie d'un manque de diversité de ces environnements. Cette déambulation ne vous laisse pas perdre vos repères en vous laissant toujours entrevoir la Tour Blanche de la Cité Impériale en son centre.



Cette ancienne génération de jeux de rôle laisse entrevoir les standards actuels, notamment dans sa façon de vous guider au travers de l'aventure. Si la plupart des objectifs de quêtes sont marqués sur la boussole, vous êtes par moment livré à vous-même avec pour appui votre journal de quête – qui ressemble véritablement à un journal avec des notes datées – et les informations que vous pouvez glaner en discutant ou explorant çà et là. Le jeu vous pousse souvent à la recherche, sans être au niveau de son précédent opus Morrowind. En effet, Oblivion a, à son époque, déjà été une transition vers un format plus grand public de sa proposition de jeu. Mais c'est un véritable plaisir immersif et ludique de retrouver cette idée de vous guider organiquement sans vous mener de but en blanc à l'objectif marqué sur votre carte.
Un véritable plaisir immersif qui vous guide organiquement

L'écriture

Certaines tavernes sont un peu miteuses.

Jouer à un Elder Scrolls c'est évidemment prendre son temps. Oblivion propose un univers fourmillant d'informations passionnantes à découvrir. Cet opus a l'avantage de suivre plusieurs titres regorgeant déjà d'informations sur le monde de Tamriel, et ne se prive pas de les intégrer. Que ce soit au cours d'échanges avec les autochtones ou à la lecture d'une des centaines de livres, la mythologie est incroyablement riche. Cette singularité est une grande force face à la montagne de propositions d'heroic-fantasy. C'est un énorme plaisir de feuilleter un ouvrage relatant une vieille légende qui vous mène inexorablement vers une quête mémorable. Il en est même dommage qu'une fenêtre accusant l'état de votre quête apparaisse dès l'ouverture d'un livre clé. Oblivion ne vous pousse pas toujours à lire le texte entier lorsqu'il est directement liés à une quête. Cependant, vous rendre dans la librairie du coin pour acheter un livre parlant des daedras qui peuplent l'Oblivion est forcément intéressant pour la suite de vos aventures.



L'univers de The Elder Scrolls IV est aussi distillé dans les innombrables quêtes que vous parcourez. Au fil du temps et de vos actions, l'univers évolue et vous propose de nouvelles opportunités. Sans égaler l'écriture actuelle qui privilégie plus souvent des quêtes qui s'entrecroisent, les tâches que vous réalisez impactent les personnages et les lieux. Narrativement, Oblivion est doté de tous les atouts pour vous interpeller et vous plonger dans son univers.
Un univers passionnant à (re)découvrir

Le personnage

À vous de dépenser les points gagnés en montant de niveau !

Le retour au quatrième opus de The Elder Scrolls voit le retour de certaines caractéristiques désormais abandonnées par la franchise. Pensez notamment aux classes qui sont un vrai plaisir, alors qu'elles ont depuis disparu dans The Elder Scrolls V. Le prologue vous propose de créer votre personnage de manière immersive en faisant passer les différentes étapes – création physique, classe, constellation de naissance – au fil de la première quête. Vous avez par ailleurs la possibilité de créer votre propre classe, pour plus de flexibilité, même si à l'issue de votre aventure, vous avez possibilité d'avoir maximisé toutes vos compétences. En effet, chaque action que vous effectuez est liée à une compétence. Le grand classique est d'enchaîner les sauts en vous déplaçant pour atteindre le niveau maximum d'athlétisme. La caractérisation se mêlant à l'aventure que vous allez vivre fait naître une forte impression d'incarnation de votre personnage. L'expérience rôliste n'a pas pris assez de rides pour perdre en implication. Oblivion Remastered est l'occasion de remarquer que la recette Bethesda n'a pas tant évolué sur son aspect jeu de rôle, à contrario de l'aspect crafting et housing qui a le vent en poupe depuis Fallout 4. Il en est presque inquiétant pour le véritable prochain The Elder Scrolls de ne voir plus aucune évolution, voire des régressions sur le plan jeu de rôle.



The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered conserve une certaine tendance clownesque dans ses personnages. Tout d'abord la création du vôtre, qui permet tout autant de sculpter des visages réalistes que frisant le ridicule. Heureusement, le gap est bien loin de ce qui se faisait à l'époque, qui a énormément vieilli. Oblivion Remastered fait même fort avec le visage de l'empereur Uriel Septim, dont les rides marquent une personnalité creusée par le temps, ainsi que son fils Martin qui semble désormais avoir, lui aussi, 20 ans de plus qu'à l'époque. Mais, devenu depuis un régal à regarder, c'est bien le système de dialogues entre les personnages non-joueurs qui fait son grand retour. L'idée à l'origine a été de gagner en immersion en permettant aux PNJ d'interagir entre eux. Le résultat fonctionne très bien en toile de fond, mais s'avère vite être complètement absurde lorsque vous y faites attention. N'hésitez pas à tendre l'oreille lorsque vous explorez les villes de Cyrodiil. Un autre détail marquant en termes d'absurdité est l'auto-leveling des ennemis. Assez critiqué à l'époque, le système permet aux créatures adverses de s'adapter à votre niveau pour plus de difficulté. Il en résulte des cavernes peuplées de bandits armés comme les plus grands seigneurs, aux épées de verre enchantées et aux cuirasses dénichées dans les plus vieilles légendes magiques.
Entre excellence et maladresses

Le contenu

Cette tour doit renfermer de sombres secrets....

The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered propose le même contenu que l'édition Game of the Year sortie l'année suivante, fin 2007. Il comprend le jeu de base, ses deux extensions : Knights Of The Nine et l'excellent The Shivering Isles. La première extension vous propose, dans une courte aventure de quelques heures, de rejoindre l'ordre chevaleresque au service de neufs dieux afin de vaincre un péril qui plane encore une fois sur le monde. La seconde extension, plus massive – plusieurs dizaines d'heures –, vous fait visiter un nouveau plan daedrique où le mystère se mêle à la folie. Cette extension avait marqué pour sa qualité et son contenu. Par ailleurs, les quelques contenus téléchargeables de l'époque dont l'incontournable armure de cheval font leur retour. Pour rappel, ce contenu est le père du DLC puisqu'il proposait en échange de quelques euros de simplement disposer d'un set d'armures pour chevaux. Sa sortie a conduit à une controverse en raison de son prix élevé par rapport au maigre contenu. Bethesda garde son "humour" puisque la version deluxe de ce remaster comprends entre autres... un nouveau set d'armures pour chevaux. C'est en tout cas un contenu gargantuesque qui peut facilement dépasser la centaine d'heures qui s'offrent à vous.
Un contenu gargantuesque qui peut aisément dépasser la centaine d'heures

Le remaster

Les effets de lumière sont somptueux.

Là où The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered diffère drastiquement du titre original, c'est surtout sur son aspect graphique. La refonte est totale et se trouve à des années-lumière du jeu d'origine, lui complètement daté. C'est un plaisir de redécouvrir ces environnements et personnages laissés de côté pendant deux décennies. Les effets de lumière offrent de beaux points de vue sur le décor, un régal pour les yeux. Malheureusement, cette remastérisation oublie un peu qui elle était en reproduisant la colorimétrie désaturée populaire actuelle. À l'époque pourtant, le monde d'Oblivion était plus coloré, ce qui aurait pu trancher davantage avec les standards actuels si la direction artistique originale était toujours de la partie. Un rendez-vous manqué sur ce point, même si la redécouverte reste agréable.



Quelques ajouts et modifications sont aussi de la partie, comme le sprint qui n'était pas présent à l'époque. Il est par ailleurs étonnant que cet ajout purement moderne ne soit pas accompagné d'une expérience utilisateur et utilisatrice plus moderne. L'interface manque toujours d'ergonomie et se trouve même affublée de nouvelles lourdeurs, comme le fait de devoir zoomer jusqu'au bout pour passer de la carte du monde à la carte locale. Néanmoins, l'interface est agréable et suit des codes visuels plus modernes. Une autre grosse différence est invisible pour le public tant la recréation est fidèle : c'est ce fameux changement de moteur de jeu. Bethesda a toujours été apprécié par la communauté pour fournir l'outil de création de mods de leurs jeux. Des créations de grande qualité ont pu voir le jour grâce à cette opportunité, comme l'excellent The Forgotten City qui était initialement un mod de Skyrim. Il reste à espérer que ce changement de moteur va tout de même permettre une création encouragée de mods. Pour finir, l'équipe de développement a fait le choix de décupler d'autant plus le doublage des personnages pour plus de variété. L'effort est appréciable et de grande qualité, mais il contraint malheureusement à jouer en version originale. Attention, les textes sont tout de même en français, mais il aurait été cohérent avec la politique de Xbox de privilégier l'accessibilité à une certaine démesure dispensable.
C'est un plaisir de redécouvrir ces environnements

Pour qui ?

C'est bien plus simple de laisser les autres se battre pour soi.

Cette remastérisation de The Elder Scrolls IV : Oblivion arrive à point nommé. Sans être l'opus le moins ragoûtant à relancer de la saga, il reste vieillissant après 20 ans à prendre la poussière. Par ailleurs, Bethesda semble avoir fait le tour des versions à tout-va de Skyrim. Jeu iconique pour certains, il a été totalement éclipsé par d'autres, que ce soit par manque de temps ou tout simplement parce que trop jeunes à l'époque. Si vous êtes inconditionnellement fanatique de The Elder Scrolls V : Skyrim et que vous ne connaissez pas ses ancêtres, Oblivion Remastered peut très bien passer pour un tout nouveau titre à vos yeux. Une bonne façon de voir le manque de modernité des titres actuels de Bethesda. Ce remaster actualise aussi un pilier du genre à côté duquel il est difficile de passer lorsque vous êtes curieux ou curieuse du genre. Et enfin, The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered est un chemin obligatoire si vous souhaitez vous replonger dans les terres de Cyrodiil comme vous le faisiez à l'époque. Cette version est même fidèle à l'originale avec ses multitudes de bugs et crashes récurrents. Certains portails d'Oblivion disparaissent après avoir rechargé une précédente sauvegarde, et parfois créer une potion avec des ingrédients volés peut faire planter votre jeu, mais quoi qu'il arrive, le plaisir de jeu est toujours présent même 20 ans plus tard.
Après 20 ans, il passe presque pour un nouvel opus

L'anecdote

Un donjon à explorer rapidement et furieusement.

Je suis inconditionnellement fan de la saga The Elder Scrolls depuis Morrowind. J'étais enfant lorsque je parcourais l'île de Vvardenfell – la zone de jeu de cet opus – et adolescent lorsque je traversais celles de Cyrodiil. Cependant, l'expérience de jeu sur ce remaster m'a fait me rendre compte à quel point j'avais effleuré le jeu malgré les centaines et centaines d'heures passées sur Oblivion. À l'époque, il était facile pour moi d'être fasciné tout simplement par la physique de l'univers et son immersion. Mon aventure commencée pour ce test s'est avérée complètement différente de ce que j'ai connu. Elle a été en grande partie rythmée par les quêtes de la Guilde des Mages. Pour intégrer cet ordre, vous devez recevoir des recommandations dans les antennes de chaque ville du jeu en y réalisant une quête. S'est déroulé pour moi un long pèlerinage où j'ai privilégié les trajets à pied afin de faire halte aux différents points d'intérêts, mais aussi de visiter plus en détail les villes et de rendre des services aux habitants. Cette façon de jouer assez différente de mon habitude – je suis plutôt du genre à explorer les environnement au hasard – m'a permis de voir le terrain de jeu The Elder Scrolls IV sous un angle nouveau et d'y percevoir une profondeur encore plus grande que celle que je connaissais. Après toutes ces années, la magie de la découverte est toujours là.
Une constante redécouverte
Les Plus
  • Un univers follement riche
  • Un bon visuel détonnant
  • Des mécaniques nostalgiques qui fonctionnent toujours
  • Un contenu gargantuesque
Les Moins
  • Une interface un peu fastidieuse
  • Des bugs, des crashes
Résultat

Même après 20 ans, The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered n'a pas pris une ride... du moins pour la recette Bethesda qui, elle, est vieillissante. Constat inquiétant pour un studio qui travaille pourtant sur le prochain opus extrêmement attendu de la série. Virtuos offre un bel hommage à ce quatrième épisode, avec de somptueux graphismes et quelques petits ajouts bienvenus. Il aurait été plaisant de voir certaines fonctionnalités améliorées pour une meilleure expérience de jeu. Mais tout de même, parcourir Tamriel comme il y a 20 ans est un plaisir fou. L'aventure reste immersive et prenante de bout en bout, malgré des soucis techniques inhérents à tout titre de Bethesda. Sous sa carapace d'univers riche se cache aussi des règles de jeu parfois absurdes, mais qui donnent aussi tout son charme au titre. Il n'y a qu'à voir les innombrables vidéos qui relatent les discussions des personnages non-joueurs pour comprendre qu'Oblivion est plus qu'un jeu, c'est un véritable phénomène. Fanatiques de Skyrim, prenez ce remaster comme un nouvel opus. Nostalgiques de The Elder Scrolls IV : Oblivion, vous pouvez vous y plonger les yeux fermés. Si vous êtes curieux des classiques du jeu de rôle, voici une excellente porte à ouvrir pour un des monuments du genre.

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