Test | La destinée manifeste d'Assassin's Creed III
07 nov. 2012

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Assassin's Creed III

En quelques années, Assassin's Creed est devenue la licence phare du mastodonte Ubisoft. Avec un rythme de sortie soutenu (près d'un jeu par an), la série commençait à douter d'elle-même, comme le prouve le poussif Revelations. Le scepticisme était donc prévisible pour l'attente d'Assassin's Creed III. Mais à la lecture de ce test, espérons que votre scepticisme s'efface, tant ce troisième "véritable" épisode impressionne.

Basé sur des faits réels

Résumer l'intrigue d'une série comme Assassin's Creed n'est pas chose aisée, mais à Gamatomic, rien ne nous fait peur, pas même le ridicule ! Desmond Miles est un type ordinaire doté d'un pedigree hors du commun. Voyez-vous, le jeune homme descend d'une lignée d'assassins : une confrérie dont l'origine s'est perdue dans la nuit des temps. La société secrète prônant liberté et humanisme s'oppose à l'ordre des templiers, sombre reflet des assassins cherchant plutôt à imposer l'ordre façon conspiration un poil facho. Pour faire pencher la balance, les deux factions recherchent de mystérieux artéfacts appelés pommes d'Adam, laissés par une race d'extraterrestres précurseurs de l'Homme. Dans Assassin's Creed I, les templiers utilisèrent une mystérieuse machine baptisée Animus sur Desmond pour lui faire revivre les souvenirs de son ancêtre Altaïr et localiser une pomme d'Adam perdue pendant les Croisades. Récupéré par ses pairs dans l'épisode suivant, Desmond rentra dans les souvenirs d'une autre personne nommée Ezio, maître assassin de la Renaissance Florentine. Le triptyque Ezio (Assassin's Creed IIBrotherhoodRevelations) permit à Desmond de découvrir que A – il était une sorte d'élu choisi par "ceux-qui-étaient-là-avant" (les aliens). B – La terre allait être détruite par un phénomène solaire cyclique en décembre 2012. C – Le seul moyen de sauver tout le monde était d'ouvrir la porte du temple alien perdu dans l'état de New York. Bref, c'est un beau foutoir et c'est encore à vous de sauver le monde en plongeant dans l'Animus. Cette fois, l'objectif est clair : localiser la clef pour ouvrir le temple et si possible trouver une solution avant que le soleil ne nous envoie tous ad patres.

Bobby six killer

Les toits restent le terrain de prédilection de tout assassin qui se respecte.

La machine à voyager dans la mémoire génétique vous entraîne cette fois entre 1753 et 1783, avant, pendant et après la guerre d'indépendance américaine. Toutefois, il faudra attendre pas loin de quatre heures avant d'enfiler la capuche iconique des assassins. Ce très long prologue vous met dans la peau du géniteur du futur protagoniste et se termine sur un coup de chapeau assez bien vu. Le problème, c'est que le dit-prologue est rébarbatif et pas franchement intéressant. La plupart des nouveautés sont cachées et la désagréable impression d'être un touriste japonais dans un bus subsiste. Passé ce désagrément, vous enfilez les bottes de Connor Kenway, plus connu dans son village sous le nom de Ratonhnhaké:ton. Connor est un chic type, anglais par son père et amérindien par sa mère. Pas de chance, son village subit une attaque des templiers et sa mère passe l'arme à gauche. Voyant que le jeune homme est colère, la chamane du coin lui montre diverses visions contenues dans une pomme d'Adam, notamment la destruction du prochaine du village. Connor finit donc par aller s'entraîner avec un maître assassin, histoire d'être prêt à découper les templiers locaux à coup de tomahawk. Mais la révolte gronde dans les colonies américaines et notre jeune assassin ivre de vengeance se retrouvera très vite ralenti par la ferveur populaire... Au prix de sa vengeance ? La série des Assassin's Creed a toujours navigué entre une histoire de science-fiction totalement absurde et la grande Histoire avec un nombre impressionnant de références et de personnages quasi-mythiques. Si l'histoire de Desmond déçoit par sa nullité et celle de Connor par sa banalité, le déploiement chronologique de l'indépendance américaine est un délice et l'encyclopédie abondante vient éclairer toutes vos interrogations.

L'appel de la forêt

A vous les joies de la nature !

Pour les troglodytes, rappelons qu'Assassin's Creed est un jeu mêlant parkour, furtivité et combat dans des époques historiques variées mais toujours en milieu urbain. La grande nouveauté de ce troisième épisode vient donc de l'arrivée d'environnements entièrement naturels. Si les villes sont encore présentes à travers Boston, Philadelphie et New York, c'est la frontière coloniale qui vole la vedette : de gigantesques décors montagneux, gorgés de faune et de flore. Connor le métis peut crapahuter dans les arbres, escalader les montagnes enneigées et même chasser. A l'aide de pièges, d'appâts ou d'armes plus classiques, il peut tuer toutes sortes de mammifères (loups, renards, cerfs) afin de récupérer leur peau ou encore leur viande. Ces ressources peuvent être troquées dans un magasin général ou employées dans le nouveau système d'artisanat. En effet, fini le mécénat et le rachat de magasins, dans les colonies, vous devrez jouer au gentil petit marchand pour accumuler richesses et équipement. Très vite, vous en viendrez à gérer un domaine de plusieurs hectares sur lequel viendront s'installer colons et artisans. A l'aide d'un registre, vous pourrez choisir quelles ressources acheter, quels objets fabriquer, où les revendre, etc. Bien sûr, la gestion de guilde d'assassins est toujours présente pour ceux qui préfèrent se salir les mains. Enfin, dernière innovation mais pas des moindres : l'océan vous est maintenant ouvert. Non content d'avoir un taxi maritime personnel, vous pourrez mener des batailles navales à l'aide de votre fameux trois mats. Assez simples en apparence, ces phases vous laissent prendre la barre et affronter des frégates anglaises belligérantes. C'est inédit, nerveux et complètement optionnel... Et je n'ai pas énuméré un cinquième du contenu du jeu.

Sons of Liberty

Arme de fourbe par excellence, l'arc permet de nettoyer une zone sans éveiller les soupçons.

De la nature paisible, nous repassons à la ville où gronde la révolte. Les rues de Boston et des autres agglomérations regorgent de vie et d'activité. Fondamentalement, les activités restent les mêmes que dans les précédents volets, mais elles demeurent extrêmement nombreuses et bénéficient de petits changements agréables. Ainsi, recruter des assassins vous demandera maintenant de participer à la libération des quartiers de la ville en opérant quelques coups d'éclat. Les fameuses tours Borgia sont remplacées par des forts imprenables qui vous demanderont de ruser pour détruire leurs réserves de poudre, tuer leurs officiers et finalement hisser le drapeau des insurgés. Histoire de vous sortir d'un mauvais pas, de nouvelles tactiques de fuite ont été implémentées comme provoquer une émeute ou traverser une porte entrouverte pour accéder à l'autre côté de la rue. Vos loyaux assassins ont également vu leurs possibilités étendues, pouvant par exemple servir de gardes du corps, et disposent maintenant d'une personnalité qui leur est propre. Les missions principales vous entraînent à travers tous les évènements clés de la guerre d'indépendance : la Boston Tea Party, la bataille de Bunker Hill, etc. C'est un véritable festival, avec à la clé beaucoup de portraits connus et surtout une grande variété de missions. Assassin's Creed n'étant pas réputé pour sa difficulté, des objectifs secondaires bien vicieux font leur apparition pour compliquer l'affaire. A certains moments-clés de l'histoire, vous quitterez le fauteuil de l'Animus pour crapahuter sur les gratte-ciels américains avec Desmond dans l'Amérique moderne. Apartés pas vraiment intéressants mais tout de même sympathiques, ne serait-ce que pour le plaisir de jouer un assassin moderne.

And Justice for All

L'armée anglaise dispose d'unités d'élite comme ces sympathiques écossais et leur gigantesque hache.

Après avoir loupé votre infiltration, vous serez forcé d'en venir aux mains. Enfin aux mains, à l'arc, au tomahawk, au mousquet, à la dague, à la corde-fléchette, le choix des armes vous appartient. L'arsenal est très varié et s'adaptera à tous les goûts. Les iconiques lames cachées sont toujours de la partie ainsi que les classiques armes blanches et contenantes. Pour la couleur locale, le tomahawk remplace les stylets et un arc ultra-silencieux vient faire son apparition. Bien sûr, pour les gros bourrins, les pistolets et mousquets sont également disponibles. Le combat reste sensiblement le même : trois boutons (attaque, brise-garde, parade) et des contres (étourdir, tuer, désarmer). Les animations ont été lourdement revu et Connor fait passer Ezio pour un gros balourd tant il se meut avec classe et adresse. L'omniprésence des armes à feu demande un peu de doigté pour les habitués des précédents volets. En effet, les patrouilles adverses peuvent organiser des lignes de feu, signifiant la perte de 90% de votre vie en cas de tir réussi. Dans ce cas là, l'utilisation de boucliers humains ou la fuite pure et dure constituent deux solutions peu honorables mais fort efficaces. Pour les joueurs qui possèdent des amis virtuels, le multijoueur toujours développé par les petits génies d'Ubisoft Annecy a subi un petit lifting. Rien de fondamentalement différent mais l'arrivée d'un mode Domination (4 contre 4 ) et Meute (4 contre l'IA). Toujours sur un principe de chasseur chassé, le premier applique un mode bien connu des joueurs de FPS tandis que le second marque une course aux points coopérative contre des cibles générées aléatoirement par l'ordinateur. Le multi reste un excellent cru. Outre les remarques sur la qualité de l'introduction et du scénario, Assassin's Creed III propose un nombre hallucinant de bugs et de plantages, ce qui était jusqu'ici assez rare surtout pour une grosse machine comme Ubisoft. Dernier petit chagrin, Jesper Kyd a laissé sa place de chef d'orchestre, son substitut est loin d'être aussi percutant pour nos oreilles.
Les Plus
  • Un contenu monstrueux
  • Une durée de vie gigantesque
  • La trame historique
  • Des aires de jeux variées et originales
  • Un multijoueur fabuleux
  • Des petits correctifs et des ajouts par palettes
Les Moins
  • Le "scénario" aberrant
  • Énormément de bugs et contrariétés en tout genre
  • Un prologue poussif
Résultat

Assassin's Creed III réussit à revitaliser une série qui commençait sérieusement à s'essouffler, tout en perfectionnant le cœur du jeu. En volant vers de nouveaux horizons, la série trouve la pointe de fraîcheur qui lui faisait défaut. Bien sûr, cette formule peut laisser froid certains et les plus mauvaises langues diront que dans le fond, elle demeure la même depuis le premier volet. En effet, si l'on n'apprécie pas le fond, la forme peut laisser de marbre, la faute à un rythme poussif et une histoire médiocre. Tous les autres apprécieront les changements subtils et multiples. L'ajout d'espaces naturels fleure bon Red Dead Redemption, les acrobaties en plus. Le combat se perfectionne et les outils de meurtre à disposition sont légion. À cheval, à pied, sur les toits, sur le pont d'un navire ou dans une auberge, vous ne serez jamais à court de missions à accomplir. Encore une fois, Ubisoft Montréal impressionne en offrant une formule raffinée à l'extrême, une gemme d'une pureté éblouissante.

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