Test | Duke Nukem Forever : Shake it, baby !
20 juil. 2011

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Duke Nukem Forever

"You're an inspiration for birth control?" "Your face, your ass, what's the difference?" "I'll rip your head off and shit down your neck?" Si ces quelques phrases ne vous disent rien, c'est que vous êtes passé à côté de Duke Nukem 3D, le meilleur jeu de l'année... 1996. A l'époque, les téléphones portables avaient des écrans noir et blanc, un attentat faisait deux morts aux Jeux Olympiques d'Atlanta et, en France, Jacques Chirac était Président. Autant dire que le monde avait bien besoin d'une invasion d'aliens et d'un grand blond en lunettes noires pour leur botter les fesses, le tout à grands coups de répliques douteuses. Mais est-ce que la magie opère toujours avec cette suite, Duke Nukem Forever, annoncée dès 1997 et finalement sortie en 2011 ?

Quinze ans !

Quinze ans ! Il aura fallu attendre quinze ans pour entendre à nouveau la voix digitalisée de Duke Nukem cracher ses insultes en VO dans les haut-parleurs de nos PC. C'est d'ailleurs tout ce qui reste du charme de Duke Nukem : dès le premier niveau, qui reprend le combat final de Duke Nukem 3D, quelque chose cloche méchamment. Les contrôles ne sont pas terribles, en tout cas pas à la hauteur de l'original ; que ce soit la vitesse de déplacement, la visée, les armes... la rapidité et la précision chirurgicale de l'ancêtre font clairement défaut. A titre de comparaison, on est très loin de la nervosité d'un Call Of Duty : Black Ops d'aujourd'hui. Ce sont ensuite les graphismes qui font de la peine. Les textures sont vraiment pauvres, les effets de lumière ont une génération de retard, sans oublier un effet de flou permanent qui gâche les décors : très en-deçà des productions actuelles, Duke Nukem Forever fait penser à un jeu PS3 ou Xbox 360 première génération. Bref, les premières impressions ne sont pas brillantes. Il faut vraiment s'accrocher pour tomber enfin sur des situations amusantes, comme ces pauvres aliens qui avancent à tâtons dans des décors brusquement plongés dans l'obscurité. Aliens que vous vous ferez un plaisir de massacrer avec la night vision, après les avoir laissé galérer un petit peu.

Hollywood Holocaust

Ce passage en tourelle n'apporte strictement rien.

Quelque chose va quand même chiffonner les amoureux de Duke Nukem 3D. Si vous vous souvenez bien, le tout premier niveau de l'ancêtre commençait sur les chapeaux de roue : un vaisseau qui s'écrase, des aliens qui se téléportent, un cinéma à pulvériser au shotgun et au RPG, avec passage obligé par la cabine de projection et les toilettes... Sans oublier les nombreux passages secrets et les tremblements de terre. Sans vouloir jouer les vieux aigris, Duke Nukem 3D avait imposé en son temps un nouveau standard en matière de violence, d'humour et de créativité avec ses niveaux délirants et bien retors. Lignes de vue brisées, bruitages inquiétants, ennemis admirablement bien placés, difficulté coriace, l'ambiance était extraordinaire. Dans Duke Nukem Forever, rien de tout ça : il faut se balader dans des couloirs déserts pendant de longues minutes, supporter des dialogues inutiles (comme le gamin qui demande un autographe), et éliminer quelques ennemis à mains nues (!!!) avant de récupérer enfin une arme. Et inutile d'essayer d'activer les portraits, statues, pots de fleurs et autres objets improbables : il n'y a aucun passage secret, zéro, rien du tout. Il y a bien quelques haltères à soulever mais c'est tout. Décevant. Plus étonnant, Duke Nukem Forever donne dans le graveleux, comme si dès les premiers niveaux il avait une réputation à soutenir : des jumelles qui font une fellation, deux lesbiennes complètement nues en train de tourner un clip... Du grand n'importe quoi ! En comparaison, les rares strip teaseuses de Duke Nukem 3D avaient de la classe : elles ne montraient leurs seins que contre un peu de cash !

Piece of cake

Pas d'affolement, votre barre de vie remonte toute seule.

Plus vous avancez dans le jeu, et plus les nouveautés essaient de relever le niveau : séquence de tir aux pigeons dans une tourelle, conduite hasardeuse à bord de différents véhicules, voitures télécommandées à actionner derrière une vitre pour pousser des bonus vers la sortie, train de la mine, petite virée en jetpack accroché à un alien... Le tout va du "bof" au "très moyen", à une exception près : les passages où Duke Nukem rétrécit et gambade dans des niveaux brusquement disproportionnés. Les fans du Shrink Ray de Duke Nukem 3D vont apprécier, surtout que cette arme loufoque qui rétrécit les ennemis et permet de les écraser est de retour. Reste que la difficulté est plutôt sympa puisqu'il suffit de s'abriter quelques secondes pour recharger son énergie, comme dans Halo ; une hérésie qui casse le rythme et fait tomber le trouillomètre à zéro. On est à des années lumière de Duke Nukem 3D et de cette sensation de toute-puissance qu'on ressentait quand, après avoir survécu aux Octabrain, Enforcers et autres Battlelords, on pouvait enfin enfoncer le bouton Nuke de fin de niveau d'un bon coup de poing rageur ! Et ce n'est pas le multijoueur trop limité qui va prolonger la durée de vie. C'est triste, il n'a plus rien à voir avec les parties homériques sur Kali, TEN ou la Microsoft Gaming Zone. Mais même sans le comparer à son illustre ancêtre, ce Duke Nukem Forever souffre d'énormes défauts : un level design catastrophique, des sensations de jeu médiocres et des graphismes datés. Les fans de Duke Nukem risquent de trouver le résultat affligeant, et l'humour potache ne sauve malheureusement pas le jeu. Tout ce qui peut désormais redorer le blason de cette légende des années 90, c'est de relancer Duke Nukem 3D sur Xbox Live ou... iPhone. Misère.
Les Plus
  • C'est Duke Nukem !
Les Moins
  • Les niveaux linéaires et sans inspiration
  • Les graphismes moches
  • La maniabilité lourdaude
  • Les temps de chargement sur console : plus d'une minute entre chaque niveau
Résultat

Les fans le réclamaient, ils avaient tort : c'est à sa demander si Duke Nukem Forever n'aurait pas mieux fait de rester dans les cartons. Tel quel, le jeu le plus retardé de l'histoire abîme la réputation du vénérable Duke Nukem 3D. A bien y réfléchir, aucun autre jeu de la célèbre saga sorti après le Plutonium Pak n'a réussi à percer, que ce soit sur PS2, PSP, DS ou PC. Que ceux qui ont un doute achètent Duke Nukem : Manhattan Project. Avec ses niveaux sans éclat, sa maniabilité pataude et ses graphismes vieillots, Duke Nukem Forever rejoint les rangs des jeux médiocres, sur l'étagère des mauvais Duke Nukem post 96. Rest in pieces, Duke.

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