Test | Gray Matter : la grande illusion
11 janv. 2011

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Gray Matter

Moins connu que Duke Nukem Forever, Gray Matter faisait également parti de ces innombrables arlésiennes qui pullulent dans le monde du jeu vidéo. Orchestré par Jane Jensen, ancienne gourou du jeu d'aventure, ce projet est considéré par beaucoup comme le jeu qui fera renaître le point & click, genre mort-vivant. Mais la créativité de Madame Jensen suffit-elle à créer un titre incontournable ?

C'est dans les vieux pots...

Jane Jensen est peut être un nom qui ne vous dit rien, pourtant dans les années 90, cette grande dame était l'une des figures incontestées de la compagnie Sierra. Créatrice de la série des [/b]Gabriel Knight[/b], elle a su imposer son style mêlant des dialogues pêchus, des énigmes tordues et un travail de recherche historique poussé. Mais hélas toutes les bonnes choses ont une fin et quand Sierra a mis la clef sous la porte au début des années 2000, Jane Jensen a décidé de tenter l'aventure en solo. Maintes fois repoussé mais jamais annulé, Gray Matter, son projet en gestation depuis neuf ans, reprend la bonne vieille recette des Gabriel Knight. Qui dit nouvelle franchise dit nouveau héros ! Enfin, dans le cas présent, c'est plutôt une héroïne. Vous voilà donc dans la peau de Samantha Everett, une américaine de passage en Angleterre, une jeune fille pleine de talents mais surtout passionnée par la magie et les tours de passe-passe. Son objectif est de rentrer en contact avec un club très selec' de magiciens appelé le Deadalus Club, situé dans la région d'Oxford. Hélas pour notre Majax en herbe, son périple est loin d'être de tout repos. Perdue dans la lande anglaise sous la pluie, sa moto rafistolée tombe en panne. Résultat, Sam est forcée de s'abriter dans le seul endroit visible: un sinistre manoir surplombant une colline appelée « Dread Hill ». Tout un programme.

Le prestige

La ville universitaire d'Oxford offre un cadre atypique à l'aventure.

Le manoir en question appartient à David Styles, un savant un peu fou expert en neurologie. Sorte de Frankenstein du pauvre, il fait des expériences étranges sur le cerveau humain. La bonne nouvelle, c'est que c'est un homme plutôt sympathique. Pour preuve, il engage très vite Sam comme assistante, lui offrant gîte et couvert dans le même temps. Cet étrange personnage est au cœur de l'intrigue du jeu et devient même un personnage jouable le temps de quelques heures. Outre les expériences de Styles et la poursuite du Deadalus Club, vous devrez enquêter sur une mystérieuse série de meurtres ayant eu lieu sur le campus d'Oxford. Quel est le lien entre tous ces événements ? A vous de le découvrir. Assez foutraque et mal expliqué au premier abord, le scénario de Gray Matter prend de l'ampleur au fur et à mesure de votre progression dans le jeu. L'écriture est excellente, les dialogues très drôles et les personnages étonnamment attachants : Jane Jensen ne tombe jamais dans la caricature et arrive à leur offrir un peu de profondeur. Le déroulement du jeu en lui-même reste extrêmement classique et pour peu que vous ayez déjà joué à un point & click vous ne serez pas dépaysé. Petite surprise sympathique, la présence de tours de passe-passe, remplaçant la plupart des énigmes standard. Une petite explication s'impose : Sam possède un livre plein de tours de magie que vous pourrez réaliser selon la situation proposée. Ces derniers sont complexes et nécessitent divers objets que vous devrez également trouver. Enfin, la dernière partie du tour vous oblige à effectuer une combinaison spécifiques de tours pour réaliser le « truc » : cacher l'objet dans votre manche, détourner l'attention du nigaud, etc. Une chouette trouvaille qui vient rompre la monotonie.

Travail d'appoint

Les tours de magie offrent un vent de fraîcheur parmi des énigmes relativement simples.

Toutefois, le passage du point n'click vers la Xbox 360 ne s'est pas fait sans heurts. En effet, les développeurs se sont dit que les joueurs consoles n'étaient pas assez adroits pour utiliser le stick comme un pointeur de souris. Cette solution employée par tous les jeux d'aventure sur consoles depuis la première PlayStation n'a vraisemblablement pas plus à WizarBox. Donc vous déplacer votre personnage avec le stick et pour interagir avec les éléments du décor, une pression de la gâchette vous donne accès à un menu radial avec tous les hotspots possibles. La position des hotspots dépend de votre position dans l'environnement et dès fois il y a plus d'éléments dans la pièce que sur la roue. Bref, non seulement la confusion règne mais en plus le rythme du jeu s'en retrouvent ralenti. Pour continuer dans les aberrations, Gray Matter est uniquement proposé en VOST et les sous-titres sont ridiculement petits... sur une télévision HD. Même si vous êtes adepte de la langue de Shakespeare, vous vous brûlerez les yeux à la lecture du moindre document. Je veux bien comprendre que le budget du jeu soit très serré mais pourquoi se donner la peine de le sortir sur consoles si la maniabilité ultra-simplicité du genre disparaît ? C'est encore plus dommage du fait que de nombreuses petites choses viennent aider les joueurs butant sur les énigmes: un indicateur de couleur pour vous dire si vous avez encore des choses à faire dans un lieu, une grille de progression dans le chapitre.
Les Plus
  • Une chouette histoire
  • Des personnages attachants
  • La musique enchanteresse
  • Les tours de magie
Les Moins
  • L'Interface, ignoble
  • Des sous-titres façon "pattes de mouche"
Résultat

Au final que retenir de Gray Matter ? Son excellente histoire ? Ses personnages attachants ? Ou plus simplement sa fructueuse tentative de ressusciter un genre maintenu sous coma artificiel depuis des années ? Oui, c'est un petit exploit mais Jane Jensen réussit à prouver qu'elle n'a pas perdu la main. Toutefois, son équipe de développeurs a totalement loupé le coche en matière d'adaptation sur consoles : interface caduque et sous-titres empêchent de profiter pleinement de l'aventure qui coupera même l'envie de progresser aux joueurs les plus acharnés. Il est donc de bon aloi pour les aficionados de se tourner vers leur plate-forme de prédilection : l'ordinateur et sa bonne vieille souris.

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