Test | Quinte Flush pour Fallout New Vegas
05 nov. 2010

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Fallout New Vegas

Après le tollé reçu par Fallout 3 auprès des fans de la première heure, Bethesda décida de passer le flambeau à Obsidian Entertainement pour créer une nouvelle mouture plus satisfaisante et cohérente. Fallout New Vegas est-il le messie tant attendu par les fans de jeux de rôle ou encore un fort potentiel bourré de bugs ?

Duck & Cover

Si vous avez loupé les épisodes précédents, un petit résumé s'impose. Fallout est une série de jeux de rôle se déroulant dans un univers post-apocalyptique, créée par Black Isle il y a douze ans. La troisième guerre mondiale pour le contrôle des ressources pétrolifères résulta en une pluie de bombes nucléaires sur la planète entière. Heureusement pour vos personnages, des grands abris anti-nucléaire furent installés un peu partout à travers les États-unis. Les deux premiers épisodes vous mettaient dans la peau d'un habitant d'un de ces abris et de son descendant, envoyés à travers le désert radioactif à la recherche de précieuses ressources pour sauver vos ouailles. Le culte voué à ces deux jeux s'explique principalement par la richesse et la crédibilité de cet univers: une savante ré-interprétation de Mad Max avec une pointe d'humour. Vous y traversez les ruines de Los Angeles et San Fransisco, collectez des armes de fortune, affrontez d'horribles mutants et tenter de survivre aux radiations. L'autre point fort de la série Fallout est sans aucun doute la liberté offerte au joueur. Libre à vous en effet de tirer dans le tas ou d'user de diplomatie pour ne pas verser le sang. Ajoutez à cela une aventure se déroulant sur des dizaines d'heures avec une vingtaine de villes à explorer et vous obtenez l'une des meilleures expériences vidéo-ludiques pour les fans du genre. Hélas, qualité n'étant pas forcément synonyme de succès, Black Isle ferma vite ses portes, la plupart de ses membres fondant Obsidian, tandis que la licence Fallout 3 tomba entre les mains de Bethesda. Sans être un mauvais jeu, Fallout 3 n'était qu'une resucée d'Oblivion sous un déguisement Fallout : un grand bac à sable sans aucune cohérence scénaristique.

Messieurs, rien ne va plus

Un nouveau menu fort utile est disponible pour contrôler vos compagnons

Fallout New Vegas est développé par Obsidian mais utilise la licence Fallout, toujours détenue par Bethesda, ainsi que le Gamebryo, le même moteur que Oblivion/Fallout 3. L'histoire commence une cinquantaine d'années après Fallout 2 et le Nevada se substitue à l'emblématique Californie. Vous incarnez un pauvre petit coursier chargé d'amener un colis à New Vegas, une ville créée sur les ruines de l'ancienne cité du vice. Hélas, votre colis attire bien des convoitises et vous vous retrouvez rapidement délesté de votre paquet avec une balle dans la tête en guise de pourboire. Vous êtes sauvé in extremis par un bon samaritain et aussitôt remis sur pied. A vous d'atteindre New Vegas et de découvrir qui a essayé de vous tuer et pourquoi. A coté de votre petite histoire, la grande est également en marche. Deux grandes factions s'affrontent pour le contrôle du barrage Hoover, la principale source d'électricité dans toute la région du désert Mojave. D'un coté, la Nouvelle République de Californie, une puissance démocratique émergente, et de l'autre la Légion de César, des esclavagistes utilisant les techniques de la Rome Antique pour affirmer leur pouvoir. Ajoutez à cela, la présence de M. House, le mystérieux dirigeant de New Vegas, que personne n'a jamais vu et qui serait âge de plus de deux cents ans ! Très vite, le scénario vous donnera la meilleure main possible pour déterminer qui sera le vainqueur de ce conflit socio-politique. Qui croire ? Qui affronter ? Il n'y a pas de bons ou mauvais choix, il n'y a que les vôtres.

Les jeux sont fait

Attention ! Certaines zones de départ ne sont pas conçues pour les personnages débutants.

Utilisant un mélange contre-nature entre les mécanismes de la série des Elder Scrolls et Fallout, le système de jeu est parfaitement huilé et maîtrisé. Vous disposez d'une quinzaine de compétences allant de votre maîtrise des armes à feu à votre usage de la rhétorique en passant par les grands classique comme la médecine ou la discrétion. Chaque niveau vous obtenez une dizaine de points à répartir entre ces dernières et tous les deux niveaux, vous obtenez un petit atout qui vous donne un léger avantage dans une situation bien spécifique: nyctalopie, résistance aux radiations, etc. Les combats n'ont également pas changé d'un poil, vous pouvez gérer le tout en temps réel ou utiliser le VATS, un système de visée spécifique. Toutefois, New Vegas introduit quelques petits changements bien sympathique dans cet engrenage parfaitement huilé. Par exemple, si vous êtes le roi du bricolage, vous aurez maintenant la possibilité de fabriquer de nouveaux objets, voir même créer vos propres munitions. Mais le plus grand changement reste la présence du mode Hardcore, une option ne modifiant non pas la difficulté des combats mais l'environnement lui-même. Ainsi, vous devrez régulièrement vous nourrir et boire pour ne pas mourir de déshydratation, les radiations deviennent beaucoup plus dangereuses et soigner vos blessures nécessitera plus de suivi. Bref, l'expérience post-apocalyptique est enfin complète. Obsidian a également opéré une grosse mise à jour sur le contrôle des compagnons de route qui peuvent être dirigé au doigt et à l'oeil: type d'armes utilisés, manœuvres de combat, etc.

Le guide du routard radioactif

Le Lucky 38 est le bastion du mystérieux M. House

Au delà des améliorations techniques, c'est bien entendu au niveau de l'écriture que Obsidian était attendu de pied ferme. Et comme à leur habitude, ces baroudeurs du jeu de rôle ne déçoivent pas. Les dialogues sont variés, fins et particulièrement adultes. De plus, toutes vos compétences seront mises à l'épreuve. De nombreuses possibilités s'ouvriront à vous si vous prouvez à votre interlocuteur que vous êtes un as du bistouri ou un MacGyver en puissance. Vos choix possèdent un véritable impact sur le Mojave: certaines portes se fermeront si vous fricotez avec la Légion de César par exemple. D'une manière plus globale, le système de réputation auprès des différentes factions est extrêmement bien géré. Si vous aidez la NCR, votre réputation augmentera dans l'intégralité des avant-postes de la faction. Si ensuite vous tuez « accidentellement » une personne de cette faction, la NCR sera prêt à détourner les yeux sur cet incident. Porter les uniformes d'une faction vous permettra de passer incognito dans son territoire, mais le subterfuge sera découvert si vous approchez trop des patrouilles. Bien sur tous les éléments d'une faction ne sont pas reliés par télépathie, les crimes commis à un endroit de la carte ne vous vaudront pas une balle dans la tête à l'autre bout de l'aire de jeu. Les quêtes sont également un excellent cru: plus courtes mais pouvant être résolus de trois ou quatre façons différentes à chaque fois. L'écriture des compagnons est la digne héritière de Planescape: Torment: Chacun d'entre eux possède sa propre opinion vis à vis des factions ainsi qu'une quête personelle dévoilant un peu plus leur psyché.

Mes yeux! Ils brûlent!

Certaines quêtes vous permettent d'aider les habitants du Nevada ou des tous les tuer

Hélas, le Saint Graal n'est pas exempt de points noirs. Obsidian a toujours été un conteur de génie, mais par contre les termes « Qualité et Assurance » ne font apparemment pas partie de leur vocabulaire. Le jeu pullule de bugs, à un point où cela en devient grotesque. Pour vous donner une idée des souffrances que votre serviteur a enduré: en 40 heures de jeu sur New Vegas, j'ai du appuyer sur le bouton reset une vingtaine de fois car le jeu avait planté. Lors de ma deuxième partie, j'ai vu la tête du premier personnage rencontré tourner à 360°. Au delà des bugs « rigolos », la blague devient monotone quand le jeu vous empêche de progresser: options de dialogue impossible à valider, personnages invisibles, compagnons qui disparaissent pour toujours, etc. C'est tout bonnement inacceptable et coupe complètement votre envie de continuer l'aventure. Le pire dans l'histoire, c'est que Fallout 3 était relativement propre de ce coté ! Un comble. Le moteur graphique lui aussi accuse ses cinq ans et les panoramas offerts sont au mieux ternes et creux. Le pire étant probablement les personnages qui sont ressemblent tous à des gueules cassées de la première guerre mondiale. L'autre gros problème réside dans la version française qui s'apparente clairement à une grosse farce. Il y a dix doubleurs pour l'ensemble des PNJ du jeu, des fois les personnages changent même de voix pendant les dialogues et cerise sur le gâteau, les sous-titres sont bourrés de fautes, voir des fois, ne sont même pas traduits.
Les Plus
  • Une liberté de jeu rarement égalée
  • Le mode hard-core, bien pensé
  • Vos choix comptent et changent la donne
  • Un vrai travail de cohérence vis à vis de l'ensemble de la série
Les Moins
  • Bugs, ralentissements et crashs
  • Une version française inadmissible
  • Un moteur graphique qui vieillit mal
Résultat

Fallout New Vegas est bel et bien le digne héritier des épisodes originels. Possédant une trame extrêmement riche et une écriture inspirée et subtile, le nouveau bébé d'Obsidian ne dénigre ni la liberté offerte au joueur, ni l'impact de ses choix. Grâce à son système de jeu parfaitement calibré et simple, New Vegas ne se réserve pas aux joueurs hard-core et reste parfaitement accessible aux nouveaux venus de la série. Toutefois, ce concert de louanges n'est pas dénué de couacs. Les vieilles habitudes d'Obsidian ont la vie dure: le jeu est bourré à la moelle de bugs, empêchant même le bon déroulement du jeu! La traduction et également en dessous de tout pour un jeu de cette envergure. Résultat, l'immersion et le plaisir de jeu en souffre énormément. Si la communauté PC soignera bien vite tous ces vilains défauts, rien n'est moins sur pour nous, pauvres hères jouant sur console.

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