Test | Persona 3 : premier de la classe
20 avr. 2008

Testé par sur
Persona 3
  • Éditeur Koei
  • Développeur Atlus
  • Sortie initiale 29 févr. 2008
  • Genre Rôle

Généralement, l'école est l'éternelle absente de notre passe-temps préféré. Il faut bien reconnaître qu'après avoir passé la journée à écouter des cours soporifiques, les jeunes joueurs n'ont pas envie de rester dans la même ambiance durant leur temps libre. Pourtant, Altus pense que cet environnement est propice à un jeu et vous met dans la peau d'un lycéen. Et c'est vrai qu'avec des gros monstres, de la magie et moins d'acné, le lieu semble tout de suite beaucoup plus appréciable.

La 25ème Heure

Quand les cloches sonnent les douze coups de minuit, le temps semble s'arrêter. Cette 25ème heure fantôme s'appelle la "Dark Hour". Le ciel prend alors une teinte verdâtre, les appareils électriques s'arrêtent et d'étranges monstres surnommés "Ombres" rôdent à la recherche d'innocents à terrifier. Heureusement, durant cette période de temps, la plupart des gens sont "transmogriffés" et se retrouvent endormis dans de mystérieux cercueils à l'abri des monstres. Les pauvres victimes des Ombres deviennent des "égarés", sortes de légumes vivants errant dans la ville. Les autorités ne savent rien et demeurent impuissantes face à ce phénomène mais ce n'est pas le cas de vous et vos amis. Dans la peau d'un lycéen japonais presque ordinaire – orphelin et très spécial cela va de soit – vous faites parti d'une association extra-scolaire destinée à lutter contre les Ombres. Par quel moyen ? Le suicide ou plutôt l'illusion de se dernier. En utilisant un "evoker", objet ressemblant furieusement à un pistolet, votre personnage peut faire appel à sa Persona, sa force psychique. Votre principal objectif s'étalant sur une année entière consiste simplement à détruire les 12 Ombres Majeures apparaissant à chaque pleine lune et surtout réussir votre année scolaire. Comme vous pouvez l'imaginer, sauver le monde et réussir ses examens ne sont pas des objectifs faciles à concilier.

Un lycée fou, fou, fou

La "Velvet Room" constitue l'un des points névralgiques du Tartarus.

Le jeu se découpe en deux parties très distinctes. La quasi totalité de la journée, vous jouez le rôle du petit écolier parfait à dormir en cours, draguer la midinette ou encore se balader dans le centre ville. Vous ne jouez que sur certaines périodes des cours, par exemple quand un professeur vous pose une question ou encore quand un camarade vous alpague à l'intercours. Le gros de l'action se situe quand la cloche a sonnée, plein de choix s'offrent alors à vous. Vous pouvez soit intégrer et aller dans un club extra-scolaire, revenir au dortoir pour terminer la journée ou encore aller dans certains endroits pour augmenter vos caractéristiques. Ses dernières, comme le charme ou le courage, vous permettent de débloquer certains endroits ou de discuter avec certains personnages. Et c'est là, que se situe le coup de génie de Persona 3, à savoir le principe des S(ocial)-Links. En forgeant une relation amicale avec les différents personnages rencontrés, vous développez un lien basée sur une carte de Tarot, plus vous passez de temps avec la personne, plus ce dernier augmentera. Ainsi, si vous passez vos dimanches à jouer à un MMORPG, vous rencontrerez une personne solitaire et débloquerez par la même occasion le lien de l'hermite. La puissance des S-Links peut s'avérer cruciale pour l'autre partie de Persona 3 à savoir l'exploration du Tartarus.

La tour infernale

La clé des combats est de faire perdre du temps à l'adversaire.

La "Dark Hour" venue, votre lycée se transforme en gigantesque Tour de Babel d'où semble se déverser les Ombres et c'est à vous qu'incombe son exploration. Le Tartarus est découpé en des centaines de niveaux générés aléatoirement et peuplé d'affreux jojos. Des points de sauvegarde sont situés avant chaque boss, mais sinon, votre progression n'est pas sauvegardé et vous devez donc franchir tous les niveaux intermédiaires pour valider votre ascension. La tour est divisée en plusieurs sections qui se débloquent à chaque pleine lune, vous avez donc presque toute latitude pour gérer votre progression dans le Tartarus. Les monstres apparaissent sur la carte : à vous de les contourner ou les affronter, si possible en les prenant par surprise pour gagner une attaque supplémentaire. Tout le système de combat est d'ailleurs basé sur le système de gain ou de perte d'attaque : si vous attaquez un ennemi par son point faible, disons de l'eau sur du feu, vous gagnez une attaque supplémentaire. De plus, si vous arrivez à le faire tomber, ce dernier perd un tour et si tous les ennemis sont par terre, vous avez le droit à une attaque de groupe. Toutefois, attention car la même chose s'applique à votre équipe. D'ailleurs, vous ne dirigez que le personnage principal mais vous pouvez donner des ordres précis à vos compagnons. Attention aussi au temps passé dans la Dark Hour, si vous ou vos amis êtes trop fatigué, vous serez moins performant en combat et en cours.

Persona, mode d'emploi

Certains équipiers s'occupent de la logistique et vous fournissent de précieuses informations sur l'ennemi.

Si toutes les compétences classiques des RPG sont présentes comme l'attaque, l'utilisation d'objets ou la fuite pure et simple, la magie est remplacée par les capacités des Personas. Ses dernières incarnation de la force psychique de leur possesseur prennent l'apparence de créatures mythologiques ou de figures religieuses. Très nombreuses, elles sont regroupées sous les arcanes du Tarot Divinatoire. Tous les membres de votre équipe ne possèdent qu'une seule Persona représentant un archétype du Tarot à l'exception du personnage principal. Votre mystérieux avatar peut lui changer de Persona à chaque tour de combat. Cette capacité constitue le fondement de votre stratégie pour chaque affrontement, chacune ayant des forces et des faiblesses liées à son élément. Vous pouvez obtenir de nouvelles Personas de deux manière : de temps à autre après un combat comme récompense ou en faisant appel à la Velvet Room. Situé au rez de chaussé du Tartarus, vous pouvez y stocker vos Personas, obtenir des quêtes et surtout fusionnez vos Personas existantes. Vous aurez ainsi accès à de nouvelles possibilités mais attention, vos nouvelles créations ne peuvent jamais excéder le niveau de votre personnage... Enfin presque. C'est là que les S-Links entrent en jeu. Ils infusent les Sersonas basées sur leur arcane de pouvoir. Ainsi, si votre S-Link est puissant, votre Sersona peut facilement gagné des niveaux supplémentaires, voir dépasser le vôtre !

Japo(niais) ?

Les séquences animés sont de toute beauté et plutôt originales.

Si vous n'aimez pas combattre des hordes de monstres et pratiquer vos talents de stratège, l'exploration du Tartarus devient vite agaçante. Et c'est bien là que réside le plus gros souci de Persona 3. A l'inverse, la partie "Sim-Dating" typiquement Japonaise se renouvelle sans cesse par un scénario brillamment construit et de nouvelles petites histoires assez touchantes à découvrir. L'intrigue se passant au Japon, c'est avec bonheur que vous pouvez goûter aux joies des clubs extrascolaires, des vacances d'été à Okinawa et des soirées Karaoké. L'esthétique du jeu même si elle accuse l'ancienneté de la PlayStation 2, offre des illustrations superbes et des mini dessins animés en guise de scènes cinématiques. L'aspect sonore n'est pas en reste alternant Pop Japonaise et musique classique de grande qualité. Ce mélange détonant offre de prime abord une identité graphique "funky" et pêchue qui pourrait laisser penser que le jeu demeure assez niais. Pourtant, c'est tout le contraire. L'évolution de l'intrigue est très sombre et le contexte général de la série des Shin Megami Tensei plutôt dérangeant. Toutefois, si vous ne lisez pas l'anglais, le jeu reste inabordable, Altus n'ayant pas eu les moyens de faire une localisation européenne. Et les doublages sans être mauvais, ratent leur effet en utilisant des –kun, -san ou sensei avec un accent bien Quaker.
Les Plus
  • Une aventure de très longue haleine
  • Une ambiance finalement assez dérangeante
  • Des personnages superbes
  • Une histoire maîtrisée
  • Le principe des S-Links
  • L'exotisme du lycée Japonais
Les Moins
  • Non-Anglophones s'abstenir
  • Donjon unique répétitif
Résultat

Shin Megami Tensei : Persona 3 est facilement l'un des meilleurs jeux de rôle japonais de l'année 2008. Le tour de force de cet épisode provient de sa capacité à lier l'aspect purement dramatique des journées d'un lycéen japonais et ses combats ordinaires avec les mécanismes inhérents de tout RPG. Bien sûr, les combats sont légion mais les possibilités offertes par le système de Persona et la gestion de votre emploi du temps vous permet de limiter leur omniprésence et leur poids. Le tout est saupoudré par une identité propre à la série mélangeant une vision rose bonbon acidulée Japonaise à un certain penchant pour le morbide et le dérangeant. Bref, un jeu à conseiller pour changer un peu de la vieille école des Final Fantasy. Encore faut-il que vous maîtrisiez l'Anglais pour en profiter.

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