Test | Earthion
19 août 2025

La nostalgie, c'est plus fort que toi

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Earthion

Mais qu'est-ce que c'est que cet ovni : un shoot them up 16 bits à l'ancienne ? Qui sortira sous forme de cartouche Sega Megadrive en 2026 et qui est déjà disponible sur Steam ? Eh non, ce n'est pas une blague. C'est Earthion, et c'est de la balle comme disent les jeunes (des années 90).

L'histoire

C'est la cata : à force de faire des requêtes débiles sur ChatGPT et des petites danses sur TikTok, la planète a épuisé ses ressources. Il ne reste plus qu'un jour férié en France. L'humanité a migré sur Mars. Et c'est pile le moment choisi par des envahisseurs pour attaquer ce qui reste. Dans la combinaison flashy d'Azusa Takanashi, biologiste et pilote du vaisseau YK-IIA (à vos souhaits), vous décollez fièrement du vaisseau amiral en orbite qui... explose aussitôt en vous envoyant des débris dans la carlingue. Il va être long, ce lundi.
Bondissant dans votre intercepteur, vous vous précipitez sur l'agresseur en bougonnant

Le principe

Au cours de votre mission, vous rencontrez beaucoup de chutes d'objets.

Si vous n'avez jamais joué à un shmup, c'est simple : vous dirigez un petit vaisseau, ici en vue de profil, qui slalome entre les tirs tout en dézinguant tout ce qui bouge. Des ennemis plus coriaces font régulièrement leur apparition, quand ce n'est pas le décor organique qui menace votre frêle esquif (il faut même creuser des galeries dans un niveau alien). Si vous survivez à tout ça, un boss finit par apparaître ; à vous d'apprendre par cœur ses attaques pour atteindre son point faible, souvent protégé.



Vous pouvez heureusement améliorer vos armes et passer de l'une à l'autre d'un bouton : tir concentré en face de votre vaisseau par exemple, si vous préférez les attaques frontales. Ou en diagonale pour jouer les fourbes. Des missiles dont certains peuvent tomber en cloche pour abattre les batteries au sol complètent le dispositif : classique, efficace. Petite originalité ici : détruire les ennemis fait apparaître des cristaux verts qui permettent de renforcer votre bouclier, comme dans les Darius. Le jeu est donc un peu plus tolérant que ses petits camarades Gradius ou Thunderforce dans lesquels le moindre impact était fatal. Ici, même en jouant mal, vous reprenez de la vie (surtout en mode Facile).
Une difficulté progressive mais il faut rapidement s'accrocher à son joypad !

La réalisation

Un vaisseau de milieu de niveau à exterminer pour pouvoir poursuivre sa petite balade !

Le clou du spectacle, c'est bien sûr cette esthétique rétro incomparable. Earthion donne l'impression d'avoir été développé dans les années 90 et offre un vrai voyage dans le temps. Le design des vaisseaux est très réussi, il rappelle les meilleurs moments de Last Resort sur Neo Geo, Phalanx sur Super Nintendo ou encore Gleylancer sur Megadrive.



C'est un vrai plaisir de slalomer entre les tirs et de contrôler sa zone de déplacement. Comme dans les meilleurs jeux du genre, le jeu vous oblige souvent à vous faufiler entre deux parois mobiles, ou entre les réacteurs d'un vaisseau qui tient sur plusieurs écrans (oh, R-Type !). Le second niveau où votre vaisseau vole au milieu de nuages qui défilent à toute vitesse en scrolling parallaxe est là encore un grand classique (ah, Thunderforce IV !). C'est la force d'Earthion : convoquer tout une ludothèque nostalgique qui séduira forcément les vieux de la vieille, avec quelques petites touches modernes (effet 3D au décollage, en fin de mission).
Pas une seconde de répit dans cette cartouche !

Pour qui ?

Certains décors sont superbes !

Si vous avez vidé vos pièces de cinq francs dans les bornes d'arcade du bar du lycée, Earthion est fait pour vous. C'est le jeu idéal pour revivre les folles années des vestes en jean, des tee-shirts Waikiki, des baladeurs CD gavés de MP3 et des premiers baisers au goût de Camel et de Malabar. Hommage parfait à Darius avec son système de boucliers assez tolérant, ce jeu de passionnés évoque aussi les grands classiques au fil de ses huit niveaux. Un petit bijou nostalgique trop stylé, un ovni chômé (qui risque de laisser les jeunes générations sur le carreau).


Vous aimez les shoot them up où des myriades de sprites vous assaillent à chaque instant ?

L'anecdote

Le jeu va vraiment sortir sur Megadrive, s'il vous en reste une – quelle dinguerie !

Ce qui m'a surpris en jouant, c'est à quel point le jeu sent la Megadrive à plein nez. Il suffit de se pencher sur le casting pour comprendre pourquoi. Les fans des musiques iconiques de Streets of Rage ou de Revenge of Shinobi vont avoir le palpitant qui s'affole : la bande-son d'Earthion a été composée par le même Yuzo Koshiro. Contrairement à beaucoup de jeux "pixel art" créés par la nouvelle génération (coucou Ninja Gaiden : Ragebound), ici c'est un ancien artiste de l'époque qui s'est replongé trente ans après dans la programmation de sa console préférée.



Avec une idée folle : si le jeu tourne sur Steam et consoles récentes, il sortira aussi sur cartouche Megadrive en 2026. Yuzo Koshiro explique à nos confrères de Time Extension tous les changements de programmation survenus en trente ans. L'article est passionnant : il vulgarise les progrès faits tant en software qu'en hardware (compilation, assemblage pour 16 bits, etc.). Il revient notamment sur l'exploitation du mythique chipset audio Yamaha YM2612 qui aura fait couler tant d'encre lors des guerres jurassiques Sega Megadrive vs Super Nintendo. Et vous, vous préférez Aladdin sur laquelle des deux consoles... ?
Plus de 30 ans après Streets of Rage, Yuzo Koshiro programme un nouveau jeu sur Megadrive
Les Plus
  • Des graphismes trop frais
  • Des musiques perchées
  • La maniabilité nickel chrome
  • La difficulté extra, pas relou comme dans les bornes d'arcade bouffe pièces
  • Le feeling des années 90, c'est d'enfer
Les Moins
  • Quelques soucis de lisibilité parfois (tirs ennemis)
Résultat

Ce Earthion est chaud bouillant, il déchire sa race. Les graphismes sont chanmé, la maniabilité en béton, les musiques de Yuzo Koshiro donnent envie de faire une boum. Avec son système de boucliers à la cool façon Darius, c'est clair et net : ce shmup post-moderne va vous faire péter un câble. Comme disaient Player One ou Consoles + à l'époque : c'est de la bombe de balle, foncez ! (Sauf si vous n'avez rien compris à ce verdict : dans ce cas, ce jeu n'est peut-être pas pour vous).

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