Test | Beyond Sunset

22 déc. 2025

Dans un futur où technologie, néons et art du combat ne font plus qu'un, vous émergez de cryostase au beau milieu d'un centre médicalo-industriel. Malgré la confusion et l'absence de souvenirs, votre curiosité et votre agilité naturelle vous poussent à explorer les alentours, mais voilà que le téléphone sonne. Oui allô ? Yuri se présente à vous : une hackeuse qui vous promet de retrouver la mémoire contre quelques petits services.

Le premier étant de ramasser le beau sabre qui se trouve dans le bureau du patron et de nettoyer entièrement la place. Bon, eh bien quitte à avoir une certaine dextérité, autant la mettre à profit : l'entreprise de biomécanique qui vous a gardé au chaud, enfin au froid, vous envoie toute son armée de clones, cyborgs, robots et meccha tandis que vous sabotez le système de refroidissement du serveur... permettant à Yuri de hacker l'ordinateur central et vous faire vous échapper. Wow, ça promet !

En deux minutes, le ton est donné. Avancer vite, sauter, double sauter, foncer sur un ennemi, le décapiter d'un coup de sabre, se retourner, parer des tirs avec le sabre pour renvoyer les balles, enchaîner. Beyond Sunset est nerveux, coloré, dynamique et veut vous emmener loin en prenant appui sur tout un bagage vidéoludique. En résumé : imaginez un Doom dans l'univers de Deus Ex, avec une pointe de Cyberpunk 2077. Les niveaux ne sont pas qu'un champ de bataille dopé aux amphét' : il s'agit d'ouvrir les bons accès, naviguer dans les bons ordis, trouver des infos dans les bons dossiers... et s'arrêter de temps en temps au distributeur de snacks pour améliorer ses compétences.

L'exploration est donc un pan important du titre, mêlant réflexion et dextérité. Ces plateformes sur lesquelles sauter pour accéder à la suite du niveau peuvent s'avérer fatales si vous ne gérez pas bien la hauteur et la vitesse lors du double saut. Agaçant, mais dans les cordes d'un FPS qui fonctionne au mérite. Une fois les actions maîtrisées, le plaisir est là : les combats sont vifs, vous allez au contact des vagues d'ennemis : Beyond Sunset est un jeu qui demande d'y aller franchement.

Tout dans Beyond Sunset est fait pour faire plaisir aux grands enfants ayant grandi dans les années 1980, dopés aux films SF comme Blade Runner ou Robocop dont vous percevrez l'inspiration. Le jeu s'appuie sur une construction proche des FPS classiques comme Doom ou Duke Nukem, avec un habillage cyberpunk on ne peut plus chatoyant. Les couleurs pètent, les néons brillent, le sang tâche, le tout avec des objets en 2D comme à l'époque. Le résultat est admirable et force le respect ; comme s'il s'agissait de démontrer ce qu'il aurait été possible de faire il y a 30 ans.

Quelques séquences en animation, comme la descente dans le cyberspace au casque virtuel, ajoutent une touche soignée à l'ensemble. La direction artistique est admirable, les niveaux se distinguent parfaitement par l'ambiance et l'univers mais s'inscrivent dans un ensemble cohérent et familier : du grand art !

Soyez prévenu, Beyond Sunset n'est pas un titre facile. Même en difficulté moyenne, les combats restent exigeants et il est rapidement possible de se retrouver à terre. Ce qui n'est pas si grave, les points de sauvegarde étant nombreux. La curiosité qui vous pousse à tester le titre sera malgré tout bien grande : fun, fourni, visuellement cool, original par quelques aspects de combat, notamment le sabre servant de bouclier, Beyond Sunset pour un prix très doux est un coup de cœur très probable. Pas forcément assuré, car malgré tout il présente une certain défi, ainsi que des phases obligatoires un peu moins fun – comme le cyberspace et ses programmes tourmentés – mais les aspects cools l'emportent largement.

Beyond Sunset fait partie de ces jeux pleins de promesses, au développement long jonché de phases d'alpha, de previews et de sortie anticipée, rendant la sortie finale douce-amère. Ça n'est ni un aboutissement, ni un véritable démarrage. Car il fallait bien que Beyond Sunset sorte un jour, malgré les bugs assez bloquants restants. Ces quelques confusions à la sortie officielle ont rendu son démarrage difficile : des problèmes de sauvegarde et de compatibilité assez structurants ont entraîné, malheureusement, une certaine fronde de joueurs impatients.

J'en sais quelque chose, j'ai suivi sur les forums Steam et le Discord du jeu les échanges sur le sujet, étant moi-même en difficulté pour y jouer sur Steam Deck faute d'un module absent du jeu. Au détour d'astuces données par d'autres joueurs, j'ai enfin pu, plusieurs semaines après la sortie officielle, lancer le jeu, et bénéficier au passage de la correction d'une palanquée de problèmes qui auraient pesé lourd sur la note. Et j'ai également pu constater que la petite équipe derrière le jeu, malgré le temps passé à concevoir le titre, garde une certaine disponibilité et motivation pour continuer de l'améliorer : merci à eux pour les conseils et échanges !