Preview | Cthulhu's Reach : Devil Reef

15 nov. 2025

Au large d'Innsmouth, Lovecraft a placé un rocher où se réunissent les "profonds", ces êtres horribles à la face de poisson, soumis au culte du dieu ancien Dagon. Mais si l'œuvre de Lovecraft se caractérise par une peur suintante, subie par ses protagonistes glissant peu à peu vers la folie sans pour autant jamais combattre les hideuses créatures qui se présentent à eux, Cthulhu's Reach : Devil Reef prend un tout autre pli. Le jeu vous met d'emblée dans les mains une sélection d'armes destinées à tirer un trait sur ces races dépravées. Armé de votre flingue, fusil ou même lance-flamme, vous descendez dans les profondeurs de ce rocher maudit, à la manière des donjons d'un bon vieux Diablo. D'étage en étage, l'or s'accumule dans vos poches, vous permettant de rendre vos armes plus efficaces, tandis que vous dézinguez tout ce qui bouge. Le rythme augmente, les vagues s'enchaînent, les combats deviennent de plus en plus nerveux, avec notamment un choix de game design astucieux : dissocier la visée de la course, notamment au stick. Un pour définir la direction du tir, l'autre pour courir. Ce qui donne une réactivité bienvenue lorsque les ennemis veulent tous ensemble vous faire des big bisous bien baveux.

Comme évoqué, le titre est en alpha depuis un moment. Cette preview a démarré à la version 0.8.36 et nous la publions à la version 0.9.3 : en trois mois, les choses ont grandement changé, et en mieux. Déjà la difficulté est mieux dosée : s'il était rarissime de tomber sur une fiole de vie, vous pouvez maintenant en trouver jusque loin dans les donjons. De même, les sorts – améliorant votre personnage – que vous activez par des runes à chaque étage semblent plus équilibrés et infligent davantage de dégâts. Et depuis, un troisième chapitre a été ajouté pour prolonger le plaisir. Ce qui devient un réel défi : réussir à aller au plus profond du récif et en sortir vivant. Là où il y a quelques mois nous voyions un certain potentiel dans un jeu légèrement déséquilibré, Cthulhu's Reach : Devil Reef est maintenant un bon jeu-compagnon qui occupe aisément vos soirées : une petite plongée au large d'Innsmouth, qui serait assez fou pour refuser ça ?

Pour les amateurs des écrits fiévreux de Lovecraft, Cthulhu's Reach : Devil Reef parvient à matérialiser un univers crasseux, inquiétant mais avec la dynamique d'un rogue-like bien énervé. Votre première partie, hache à la main, vous transforme en maître-sashimi hors pair. Avant d'envisager d'ouvrir un restau de sushis, il vous faudra tout de même venir à bout d'un bestiaire tiré de l'univers de l'auteur de Nouvelle-Angleterre, consigné d'ailleurs dans votre carnet à croquis. Les niveaux, tout autant inspiré des nouvelles de Lovecraft, présentent cependant rapidement quelques répétitions. Malgré leur génération en partie aléatoire, des tronçons récurrents apparaissent, laissant peu de place à l'improvisation. Dommage, car au vu de la mécanique relativement simple de leur architecture, il y aurait matière à générer des sessions de jeu plus inédites : à espérer avant la fin de la version alpha ?

L'inconvénient principal étant, à date, le manque d'activité côté joueurs. Car clairement, le jeu invite à la partie entre potes. Même s'il peut s'apprécier totalement solo sous la couette sur son Steam Deck, jusqu'à quatre héros peuvent se partager la carte et apprécier trancher des faces de poulpe de concert. Problème : le lobby multi est diablement vide. Selon SteamCharts, il n'y a pas grand monde... Conseil : organisez vos raids via l'espace Discord dédié si vous voulez constituer une équipe solide. Ce manque d'activité s'explique par le fait que le titre est en version alpha depuis avril 2024 : le public a eu le temps de venir à bout des différents niveaux et les nouveaux joueurs se font encore rare, le jeu n'étant pas 'officiellement' sorti.

En somme, une fois finalisé et profitant de l'élan d'une sortie officielle, Cthulhu's Reach : Devil Reef a tout pour constituer une petite bombe particulièrement jouissive. Son côté rétro assumé, sa nervosité, son ambiance lovecraftienne préservée en font autant d'atouts pour s'y intéresser dès à présent.