Drome rebat les cartes de la genèse
20 oct. 2025

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Au début, il n'y avait rien. Puis, deux dieux se sont partagés une terre vierge. D'un côté, de la force brute ; de l'autre, une tentative pour trouver un équilibre dans ce chaos. Drome raconte la genèse d'une planète où la domination reste au cœur des préoccupations, avec une certaine forme d'ironie : le pouvoir mène systématiquement à la destruction.

L'histoire que propose l'auteur américain Jesse Lonergan est à mettre en regard de son profil atypique : avant de faire de la BD, il était engagé dans les Peace Corps au Turkménistan. Pas étonnant qu'il dessine la guerre avec un regard acerbe. Cet auteur qui se définit comme avant tout illustrateur signe pourtant ici un ouvrage complet : le fond et la forme se répondent parfaitement, créant un objet qui sera loin de vous laisser indifférent dans les rayonnages de votre librairie préférée.



- Dans Drome, les créations défient leurs dieux. -

Le chapitrage de Drome suit l'apparition de différentes créatures sur cette planète, suite de tentatives divines pour trouver le juste milieu dans le bazar qu'elles ont créé. Certaines s'attirent, d'autres s'opposent. Au milieu de tout ça, des humains et humanoïdes soumis, vivant dans un environnement guerrier permanent, comme si les batailles rangées et la défense des forts étaient tout ce qu'ils avaient jamais connu. Et pourtant, les cases fourmillent de vie et de détails : les rues sont pleines, les marchés fournis... Certains passages rappellent les planètes farfelues mais crédibles dans les planches du Cycle de Cyann, de Bourgeon et Lacroix.



- Le mouvement des armes se confond avec les contours des cases : un indice sur la dynamique de la composition. -

Ce qui frappe dans Drome, c'est la structure des pages : Jesse Lonergan n'en n'est pas à son coup d'essai. Des planches tantôt découpées en multiples cases rectilignes, comme rangées dans une ville américaine vue de haut ; et tantôt tranchés par les mouvements de l'action. Et souvent : de nombreux dessins qui s'entre-mêlent, pour composer des séquences géantes, dénuées de texte. On se promène dans Drome autant qu'on lit. La narration prend de la force, les actions deviennent explosives. Et quand il s'agit de calmer le jeu, les planches prennent une forme plus douce, au rythme moins énervé. Une lecture visuelle peu répandue mais qui prend ici tout son sens.



- Il était une fois dans l'Ouest. -

Vous êtes familier de L'Époée de Gilgamesh, de la mythologie grecque, des multiples mythes gravitant autour de le genèse : cette BD est une ajout rafraîchissant à la culture des origines du monde, mêlant avec subtilités les touches divines au chaos des pauvres mortels.




- Ces doubles-pages sont un régal. -

VERDICT ➡️ Avec cet ensemble d'atouts, Drome est un ouvrage puissant, qui revisite le concept de genèse en puisant dans les mythes, tout en soulignant l'amertume de l'abus de pouvoir... Le titre laisse une forte impression et se relit même avec plaisir, tant les dessins sont une multitude de trouvailles visuelles. À lire et à offrir !


📖 À lire : Drome, de Jesse Lonergan, chez 404 Graphics, septembre 2025, 29,90 €.

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