Test | Deep Sleep: Labyrinth of the Forsaken
15 sept. 2025

En rêve et contre tous

Testé par sur
Deep Sleep : Labyrinth of the Forsaken

Vous vivez des aventures toutes les nuits sans le savoir : normal, vous oubliez vos rêves, même les plus intenses une fois réveillé. Imaginez maintenant que vous disposiez d'une machine pour façonner vos rêves et y retourner nuit après nuit ? Ça serait le rêve, à moins qu'un esprit maléfique vienne pervertir vos créations et transformer tout cela en cauchemar... Prêt à faire le grand saut ?

L'histoire

Alors que vous vous remettez à peine de l'enterrement de votre frère, à mi-chemin entre le déni et l'incompréhension, vous investiguez dans son appartement, persuadée qu'il n'est pas réellement décédé. Vous tombez sur une machine unique en son genre : un contrôleur de rêves. En fouillant un peu, vous découvrez que votre frangin a créé plusieurs univers pour s'échapper du quotidien et rêvasser de manière lucide. Problème : ses rêves sont devenus des cauchemars, pervertis par une force obscure... Votre frère ne serait-il pas coincé dans les limbes de ses créations ?


Le problème est que le monde des rêves est en fait un univers à part entière, régi par ses lois et parsemé de gardiens. L'un d'eux – Tutu – vous prend sous son aile (haha) et vous annonce la nouvelle : votre frère a tellement abusé que tout peut s'effondrer. En somme : si vous ne réparez pas les bêtises du frangin, il ne sera plus possible – pour personne – de fermer les yeux sans sombrer dans d'affreux cauchemars. Résultat, vous exploitez la machine pour explorer tout ça, et en profitez pour suivre la trace de votre frère, qui doit forcément être toujours vivant...
Rêve général

Le principe

Prends ça, sac d'os !

Plusieurs genres se mêlent dans Deep Sleep : Labyrinth of the Forsaken. C'est d'abord un jeu narratif extrêmement bien construit : les personnages sont affûtés. Amy, notre héroïne, a du répondant et dit tout haut ce que le joueur pense tout bas, brisant presque le troisième mur quand elle reproche par exemple à des personnages certaines facilités scénaristiques... Son épopée, épaulée de Tutu avec qui elle aime se prendre le bec de temps en temps, est parsemée de rencontres et détails qui vous embarquent un peu plus loin dans l'univers du jeu.


Mais le titre est aussi un excellent jeu d'aventure, teinté de touches de RPG. La machine à rêves vous permet d'acquérir des capacités, améliorant vos attaques et défenses, mais aussi de vous remémorer des objets que vous pouvez matérialiser en quantité limitée dans vos rêves. Faites les bons choix pour faire progresser Amy, et exploiter ainsi ses atouts lors des combats au tour par tour. Un coup de hache, certes coûteuse, touchera le pack ennemi lors du combat ; tandis qu'un coup d'os humain sera plus restreint mais cet artefact ne vous coûte presque rien à imaginer.


Votre progression s'appuie sur la réussite des rêves explorés, construits de manière générative à chaque lancement. Venez à bout du niveau et de son boss pour récolter des crédits permettant d'améliorer vos capacités dans la machine à rêves. Vous serez certainement amené à revivre ces rêves pour compléter vos crédits, ou si vous avez besoin de tout remettre à zéro pour redistribuer vos atouts faites un tour dans le frigo. Au cours de vos explorations, quelques petites énigmes sont à résoudre ; soit de l'assemblage d'objets, soit des questions de logique, où un minimum d'attention vous permettra d'y parvenir sans peine.
Imaginez ce qui vous plaît

L'ambiance

L'inventaire semble tout droit sorti du premier Resident Evil.

Ça ne vous aura pas échappé, Deep Sleep : Labyrinth of the Forsaken présente un style graphique particulier. Comme tout droit sorti du premier tiers des années 1990, avec sa vue en fausse 3D isométrique et ses quelques tentatives de 3D polygonale dans l'inventaire. Un mix que tout oppose sur le papier mais qui marche étonnamment bien dans le jeu, et qui retranscrit à la perfection cette époque si particulière qui se cherchait encore. D'ailleurs, l'action se passe en 1993 : certainement pas par hasard.


De plus, malgré la noirceur de son environnement et de son scénario, le titre jouit d'une certaine légèreté, Amy étant particulièrement portée sur le bon mot. Que ça soit pour vanner votre copine Tutu la femme-faucon, provoquer les démons ou encore faire une remarque sur le décor avec au passage une petite référence – voir la capture –, elle n'a pas sa langue dans sa poche. Et ça rend les dialogues nettement plus amusants.
Rêver les yeux ouverts

Pour qui ?

Vous avez le droit d'hésiter.

Énormément de titres et d'œuvres font partie du référentiel de Deep Sleep : Labyrinth of the Forsaken. Il y a fort à parier que son auteur, Matt ait été biberonné à la culture populaire des années 1990-2000. Outre quelques références à des œuvres classiques comme Shining ou Resident Evil disséminées dans les décors, titres de chapitres et dialogues, vous pourrez déceler des influences dans ExistenZ (le concept du rêve lucide, dont vous ne savez pas quand vous sortez) ou même dans Inception (la machine pour s'y plonger). Dans le style graphique et la mécanique, difficile de ne pas citer à nouveau Resident Evil pour l'inventaire, mais aussi les point & click LucasArts pour le style ou même Mario RPG (SNES) pour le grain. Si tout cela vous parle, vous savez quoi faire.
Marche ou rêve

L'anecdote

Une ambiance très Silent Hill...

J'étais intrigué, quand j'ai vu les premières images du jeu. Et une fois le titre lancé, impossible d'en ressortir. Comme un rêve que vous voulez prolonger, malgré l'alarme de batterie du Steam Deck qui sonne les 3 %. Vite, un chargeur pour continuer d'explorer cette forêt lugubre, puis ce casino déjanté, puis aller tenter de mettre une raclée au boss des mannequins... Il me faut cette tronçonneuse, je vais pour ça je vais améliorer mes statistiques de résistance au combat. Deep Sleep : Labyrinth of the Forsaken ne m'a pas lâché sur les deux semaines qu'on a passées ensemble. J'y pensais en me levant, j'y pensais sous la douche. Rarement un jeu m'a autant touché par son univers, un équilibre subtil entre naïveté et assurance, un faux-semblant de maladresse qui camoufle une maîtrise absolue des codes du genre. Un grand bravo à Matt, totalement solo sur le projet.
Je ne veux pas me réveiller !
Les Plus
  • La DA 1990s maîtrisée
  • La trame scénaristique
  • Le franc-parler de l'héroïne
  • La mécanique de progression
Les Moins
  • Pas de traduction FR pour le moment
  • Annoter la carte serait appréciable
Résultat

C'est du grand art. Ne vous fiez pas aux apparences, Deep Sleep vous embarquera à coup sûr dans son univers tortueux mais teinté d'espoir et d'humour. Les mécaniques fonctionnent sans accroc, la progression n'est pas si facile mais est bien dosée, la trame se déroule avec fluidité... Un titre qui vous laissera un sacré souvenir !

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