Test | JDM : Japanese Drift Master
10 juin 2025

En chantier

Testé par sur
JDM

Vous espériez un nouvel Outrun au Japon ? Cheveux au vent, à déraper à 200 km/h avec votre blonde ? Continuez d'espérer. JDM : Japanese Drift Master est un jeu de course en accès anticipé inachevé, ce qui se ressent à chaque virage.

L'histoire

Vous incarnez un gaijin, un étranger venu conduire au Japon. Vous commencez en bas de l'échelle avec des livraisons de sushis – il faut le faire rapidement pour qu'ils gardent leur fraîcheur, tout en dérapant avec style pour améliorer votre score. Vous enchaînez avec des duels pénibles sur des routes sinueuses, trop étroites pour bien mettre votre voiture en travers, surtout quand la moindre collision vous oblige à recommencer l'épreuve à zéro. D'autres missions se débloquent ensuite comme des courses sur circuit qui mettent hélas en valeur l'intelligence artificielle désastreuse, vos concurrents jouant aux auto-tamponneuses. Le tout est raconté sous forme de manga en noir et blanc, sans aucun doublage.
Vous voulez vous faire une place au Japon, entre deux (trente) livraisons de sushis

Le principe

Les vues cockpits sont uniques, tuning compris : volant, boîte de vitesse et sièges achetés.

JDM souffre d'un énorme défaut de jeunesse : l'ambition. C'est un jeu de course en monde ouvert, comme Forza Horizon 5. C'est aussi un jeu narratif avec une quarantaine de missions où des filles sexy s'émerveillent de vos prouesses au volant ou des coups de poing que vous balancez à vos rivaux. C'est aussi un jeu de tuning poussé où vous pouvez bien sûr changer l'apparence de votre bolide sous licence (Mazda, Nissan, Subaru, etc.) mais aussi de ses pièces mécaniques. Et c'est peut-être trop pour une équipe de développement qui a beaucoup de peine à finaliser ce qu'elle entreprend – au risque de se prendre les pieds dans le tapis du gameplay. Ou d'oublier des fonctions hyper basiques comme les sauvegardes en ligne sur Steam...
La grenouille JDM veut se faire aussi grosse que le bœuf Forza Horizon

Le gameplay

Les livraisons de sushis comme les duels sont pénibles et répétitifs.

Malgré son énorme capital sympathie, JDM est pour l'instant très difficile à recommander. Le moteur physique, capital pour un jeu de course, est encore immature. Les collisions sont ubuesques : rentrer dans un concurrent le soulève littéralement, certains panneaux vous arrêtent net même à 200 km/h (alors que d'autres non) – la liste est longue. Les dérapages sont difficiles à contrôler ; vous faites des tête-à-queue en première, votre voiture se met en travers trop facilement (ce qui annule au passage tout gain de points).

Les routes sont très étroites, souvent à peine plus larges que votre voiture, ce qui rend les drifts difficiles et les dépassements pénibles. Le moteur graphique est très mal optimisé avec du pop-in du décor et même d'éclairages incessants, y compris en Ultra ; tandis que les algorithmes de rendu type DLSS ajoutent énormément de grain à la route, même en mode Qualité, alors qu'il la faudrait nette pour bien anticiper les virages. Et le fun est absent, tout simplement, souvent à cause d'une difficulté frustrante et de sensations de vitesse aux abonnés absents, la très grande majorité des dérapages se faisant à moins de 80 km/h pour ne pas percuter le décor. La promesse arcade d'un Outrun au Japon est loin, très loin.
Avec cette early access précoce, la frustration l'emporte sur le fun

Pour qui ?

À chaque lancement, vous verrez ce que les développeurs veulent ajouter au jeu.

À ce stade du développement, le jeu étant en accès anticipé, ce n'est pas le contenu qui manque. C'est la base : la maniabilité, le moteur physique et le moteur graphique. Considérez ce jeu comme une version bêta dont les fondations ne sont pas encore posées afin d'éviter toute déconvenue. Plus raisonnablement, il vaut mieux attendre encore un an ou deux que le châssis soit posé. Trop défectueux dans l'immédiat, JDM est fortement déconseillé ; à moins d'être habitué aux jeux en cours de développement et de vouloir faire partie de l'aventure, aux côtés de développeurs à l'écoute.
Le contenu est déjà là, reste à régler les bases même du gameplay...

L'anecdote

Beaucoup d'achats sont bloqués par votre score de réputation qui augmente en conduisant.

Même si les épreuves sont répétitives et frustrantes, JDM arrive à surprendre là où je ne l'attends pas. La sensation de progression est bien retranscrite, à la fois grâce à l'achat de nouveaux véhicules (que vous pouvez tester avant, excellente idée) mais aussi à leur personnalisation. Tout l'argent durement gagné en livrant des sushis façon Crazy Taxi 3 permet d'améliorer les suspensions, le moteur ou encore la nitro – et les différences se sentent réellement manette en mains. Tout comme le score de maîtrise du véhicule, qui augmente au fur et à mesure que vous jouez avec le même bolide... et qui vous donne accès à de nouvelles améliorations. Un cercle vertueux qui fonctionne déjà bien et qui accentue en creux le développement chaotique du jeu : c'est normalement ce que les développeurs règlent en dernier, une fois le moteur physique et la maniabilité étalonnés...
L'envie de progresser et d'améliorer son bolide est bien là
Les Plus
  • Le cadre japonais, très original
  • Une sensation de progression déjà réussie
  • Les cockpits très soignés
Les Moins
  • Le moteur physique très imparfait, avec notamment des collisions arbitraires et lunaires
  • L'intelligence artificielle catastrophique, surtout sur circuit
  • Les sensations de vitesse absentes, avec des dérapages essentiellement en première ou en seconde
  • La difficulté mal réglée : il faut faire des courses parfaites pour espérer gagner, même en Facile
  • Le moteur graphique qui affiche du pop-up même en Ultra et de gros artefacts de compression avec DLSS & Co.
  • Un jeu actuellement plus frustrant qu'amusant
Résultat

Pour l'instant, passez votre chemin. JDM sera peut-être un bon jeu dans quelques années, quand les développeurs auront un vrai moteur physique et graphique. Quand ils auront réglé les collisions et l'intelligence artificielle. Le gameplay. La variété des missions. Leur difficulté. Le fun. Le chantier est herculéen, au point que la frustration l'emporte pour l'instant sur le plaisir de jeu manette en mains. Un titre ambitieux, trop peut-être pour cette équipe de développeurs passionnés et attentionnés.

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