Test | Gloomy Eyes
22 oct. 2025

Délicieusement macabre

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Gloomy Eyes

Si on vous dit "Halloween" par exemple vous pensez probablement "effroi", "épouvante" et "horreur". Mais le spectre du fantastique est large, et le macabre peut aussi être doux, poétique et touchant. C'est le cas avec Gloomy Eyes, un puzzle-game en self-coop doté d'une narration exceptionnelle et d'une direction artistique digne d'un grand film d'animation fantastique.

L'histoire

Dans un monde où règne une nuit éternelle, Nena, une jeune fille humaine, et Gloomy, un jeune garçon zombie, vont devoir s'allier pour retrouver le Soleil. Alors que tout les oppose dans cet univers macabre où les zombies sont sortis de terre il y a des années, leur sensibilité commune et leur complicité immédiate vont les unir instantanément. Nena est la nièce et pupille d'un leader anti-zombies, auto-proclamé le Prêtre, ayant rassemblé autour de lui un nombre important de fidèles assouvis à sa cause délirante : capturer tous les zombies afin de faire des expériences sur eux, voire pire. Mais ce n'est pas tout. Le Prêtre a eu vent de l'existence d'un petit garçon zombie, différent de ses congénères car doué de conscience et doté d'une paire d'yeux jaunes luminescents, tels deux phares éclairant l'obscurantisme et l'intolérance humaine.


Depuis qu'il est au courant de son existence, le Prêtre n'a de cesse d'échafauder des plans afin de lui mettre la main dessus et servir de sombres desseins... En plus de ramener la lumière du soleil dans ce monde ténébreux, Nena et Gloomy doivent coopérer pour déjouer les plans machiavéliques de l'oncle. Ensemble, ils doivent braver la haine afin de faire rejaillir l'espoir.
Une étincelle d'espoir dans une nuit sans fin

Le principe

Le jeu est empreint d'une profonde poésie.

Gloomy Eyes est un jeu en self-coop, pouvant se jouer seul ou bien à deux en alterné. Chaque chapitre se déroule sur une carte unique (une foraine, une mine, une plage avec un phare, etc.) qu'il vous faut explorer de fond en comble afin de résoudre de nombreuses énigmes. Sans cela, impossible de passer au chapitre suivant. Jouant la carte du conte narratif à fond, Gloomy Eyes donne l'impression que les maps de chaque chapitre sont des mondes à part entière, reliés entre eux uniquement par l'imagination d'un enfant.


Avant de vous lancer dans l'exploration d'un chapitre, vous avez la possibilité de prendre une vue d'ensemble de la carte, en la faisant pivoter à 360° et en zoomant, vous permettant de repérer rapidement les différentes zones à explorer et les points d'intérêt qui vous seront essentiels pour la progression. Concernant les énigmes ou problèmes à résoudre, Gloomy et Nena forment un duo parfaitement complémentaire. Par sa nature zombiesque, Gloomy est doté d'une force à toute épreuve et est très utile pour lancer des objets, en pousser ou en porter d'autres. Nena, quant à elle, est le cerveau (non mangé) du duo : elle manipule les objets technologiques et peut surtout, contrairement à Gloomy, marcher dans la lumière artificielle sans crainte de mourir.


Il est donc fréquemment nécessaire d'alterner entre les deux protagonistes afin de pouvoir avancer dans un niveau en déplaçant des cercueils pour boucher des trous, ou bien en pivotant des projecteurs sur des zombies pour rendre la voie libre. Côté gameplay, rien de plus simple : le joystick pour avancer et une seule touche pour ramasser/jeter/manipuler. Les développeurs de Fishing Cactus ont choisi la simplicité pour renforcer la sensation d'être dans un conte vidéoludique.
Un jeu à quatre mains

Pour qui ?

Des petits aux grands futés.

Gloomy Eyes est un jeu extrêmement touchant, cinématographique et brillamment écrit. Si l'histoire ou même le gameplay sont assez simples, ils n'en demeurent pas moins parfaitement efficaces pour servir le but du jeu : vivre une expérience délicieusement macabre à la Tim Burton et Henry Selick, en solo, en couple ou en famille. L'atmosphère est soignée et est parfaite pour le mois d'octobre avec l'arrivée imminente d'Halloween. Si vous cherchez un jeu gentiment macabre, de bonne facture et inspiré, n'allez pas plus loin. Idem si vous cherchez un jeu de réflexion utilisant habilement les ficelles du self-coop, Gloomy Eyes a tout pour vous plaire : des niveaux à la difficulté allant crescendo et empreints d'une magnifique direction artistique. Néanmoins, gardez en tête que les énigmes restent fondamentalement assez simples car le jeu se veut accessible dès 7 ans. Certains joueurs, plus chevronnés de ce type de jeux, pourront donc être un peu frustrés de la facilité générale du soft.
De 6 à 666 ans

L'anecdote

On aimerait pouvoir plonger dans ces décors.

Pour ce test, j'ai joué à Gloomy Eyes en coop avec ma femme, en nous passant la manette dès qu'il fallait changer entre Nena et Gloomy. Tous deux fans d'horreur et de fantastique, nous avons pour tradition chaque chaque année de faire un « Spooktober », soit une programmation de films fantastiques et d'horreur sur tout le mois d'octobre. Cela va du spooky bien vénère au spooky fun et comique. Gloomy Eyes s'est avéré une friandise parfaite entre deux films : une petite pause interactive digne de l'univers de grands noms du cinéma fantastique. De plus, la voix off du narrateur, le Fossoyeur, est jouée avec grand talent et renforce l'impression de jouer littéralement à un film fantastique. Dommage que nous ne pouvons pas le noter sur Letterboxd.
Douce est la voix du Fossoyeur
Les Plus
  • Une direction artistique magnifique
  • Une histoire simple mais touchante
  • Nena et Gloomy, meilleure équipe
  • Le narrateur
  • Facile et accessible à un très large public
Les Moins
  • Des énigmes pouvant être trop faciles pour certains joueurs
  • Un poil court
Résultat

Au-delà de son aspect puzzle-game, Gloomy Eyes est une aventure narrative extrêmement bien ficelée et forte d'une direction artistique parfaite. Nena et Gloomy forment un duo détonnant et attachant. Si la difficulté n'est pas renversante, leur histoire, leur périple et leur amitié le sont. Seule réelle frustration : la durée de vie. À peine 4-5 heures sont suffisantes pour tourner la dernière page de ce conte joliment macabre. Comme tout enfant à qui l'on lit une histoire avant de dormir, nous nous retrouvons à espérer que le moment dure plus longtemps et nous fait même demander : encore une ?

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