Test | Shinobi : Art of Vengeance
25 août 2025

Dur dur d'être un ninja

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Shinobi : Art of Vengeance
  • Éditeur SEGA
  • Développeur Lizardcube
  • Sortie initiale 29 août 2025
  • Genres Action, Plateformes

Qu'est-ce qui fait une bonne suite... 15 ans après ? Shinobi : Art of Vengeance a sa réponse : ce jeu d'action plate-forme passionnant et difficile rend un superbe hommage aux épisodes Megadrive. Tout en faisant quelques concessions aux habitudes modernes.

L'histoire

Joe Musashi, maître ninja, est un homme heureux. Une femme Naoko amoureuse, un chiot Yamato adorable (coucou Shadow Dancer), des élèves motivés. Le ciel est bleu, les collines vertes, les explosions roug... les quoi ?! Un instant, il y a comme un problème. Qui sont ces ninjas qui attaquent ? Ce géant démoniaque Tenval tout droit sorti d'un épisode d'Evangelion ? Le village de Joe est en cendres, ses élèves pétrifiés, les monstres partout. Le responsable ? Le Seigneur Ruse, un malabar peroxydé qui a volé la faux de la Mort et met le dawa avec. À Joe de faire équipe avec des alliés de circonstance pour casser des bouches. Et au vu de certains murs de difficulté, quelques manettes.
La Mort a perdu sa faux et vous brise les noisettes pour la récupérer

Le principe

Chaque niveau propose des combats optionnels ultra violents. Pour les meilleurs.

Les développeurs de Streets of Rage 4 ont fait fort : ressusciter un autre grand classique des années 90 qui n'avait plus donné signe de vie depuis la 3DS. Autant dire que l'attente était forte. La saga Shinobi, c'est une recette compliquée : il faut un personnage charismatique, aux animations soignées. De l'action avec des combats au corps-à-corps, à distance (merci les kunaïs) et de la magie (Ninpo, Ninjutsu). De la plate-forme exigeante avec des passages obligés, comme l'ascenseur attaqué ou la chute d'eau à remonter en sautant sur des blocs qui tombent. Et si possible, un peu de variété – des phases à cheval ou en surf (si si), comme dans Shinobi III sur Megadrive. Shinobi : Art of Vengeance coche toutes ces cases à la perfection. Avec une petite nuance : il est difficile oui, mais pas aussi punitif que ses prédécesseurs.


Ce nouvel épisode place la barre très haut, notamment avec des séquences de plate-forme qui se jouent parfois à la demi-seconde près (la base sous-marine, le désert, l'intérieur du Kaiju, etc). Mais avec suffisamment de points de sauvegarde pour vous donner envie de recommencer immédiatement en cas de trépanation. Ici, vous ne repartez plus depuis le début si vous perdez une vie (et heureusement) : les points de sauvegarde sont très bien placés, avant un obstacle particulièrement périlleux ou un boss. Les vies sont en plus illimitées. Le jeu triche aussi de façon très subtile, comme Dead Cells qui vous accordait un saut même si vous l'aviez déclenché un poil trop tard. Si vous alliez rater une plate-forme dans Art of Vengeance, vous ne tombez pas bêtement dans le vide comme sur Game Gear ou Megadrive. Votre ninja se téléporte dessus, du moins tant qu'une partie de son corps la traverse. L'effet est discret mais notable, et va vous sauver bien des fois quand vous ratez votre double saut par exemple.
Art of Vengeance rend hommage aux épisodes cultes de la Megadrive, en arrondissant les angles

La difficulté

Les plate-formes jaunes tombent, les flammes tournoyantes tuent direct : éprouvant.

Autre concession moderne : les roulades et les dashs aériens offrent des invincible frames généreuses. Vous êtes invulnérable suffisamment longtemps pour traverser quasiment tout impunément : adversaires, projectiles, attaques (sauf les mauves). Les ennemis eux sont exagérément lents. Ils décollent au moindre coup fort pour des combos aériens façon Devil May Cry (ou Super Smash Bros. Ultimate si vous avez le malheur de jouer contre notre rédacteur Angku). Vous pouvez traverser les ennemis sans risque, enchaîner les coups faibles. Les retraverser dans l'autre sens. Et recommencer en boucle sans qu'ils arrivent à vous toucher. Par contre ils font mal, très mal, si vous vous ratez.


En meute, ils font penser à Ninja Gaiden : Ragebound : à vous de prioriser vos cibles, comme les drones ou les soldats Sentry de base qui tirent des projectiles agaçants. Si l'un d'eux a le malheur de vous atteindre en fin de galipette, vous pouvez être sûr que le gros balaise que vous étiez en train d'humilier avec vos roulades ou vos dashs de gitan va vous enfoncer sa masse dans les dents (et dans la barre de vie). Le rapport risque/récompense est parfaitement dosé : vous prenez la confiance, enchaînez les coups avec l'élégance d'un torero... avant de faire une erreur bête qui vous arrache un quart de vie. C'est toute l'intelligence des développeurs : vous donner l'impression que vous jouez extrêmement bien aux Shinobi légendaires des années 90, virevoltant d'un ennemi à l'autre comme dans vos souvenirs, esquivant avec grâce. Le tout grâce à la maniabilité permissive des jeux modernes, qui n'a plus rien à voir.
Un conseil : ne soyez pas trop gourmand sur les combos forts mais lents

Pour qui ?

Ça fait toujours super mal, le petit orteil.

Si vous avez joué aux Shinobi Megadrive ou à Ninja Gaiden : Ragebound récemment, vous serez en terrain connu. Ce Art of Vengeance rend un hommage appuyé aux classiques des années 90, renvoyant l'image que vous aviez gardée d'eux : un maître ninja énervé découpe des tonnes d'ennemis, alternant attaques au corps-à-corps dévastatrices, kunaïs à distance et Ninjutsu dévastateur. Jusqu'aux phases de plate-forme qu'il faut enchaîner avec des timings parfois ultra serrés. La mort est instantanée en cas d'échec – pas seulement dans les stages bonus de la Mort, à la difficulté logique, mais bien dans les missions principales elles-mêmes. Pas d'itinéraire bis, pas de plan B : il faut parfois recommencer quinze fois un même saut (ou un même boss) avant de réussir. Si vous n'êtes pas du genre persévérant, passez votre chemin...
Certains pics de difficulté vont tester votre persévérance

L'anecdote

Dash, double saut, grappin : Joe Musashi est est tellement plus maniable maintenant.

Je me suis amusé à refaire Shinobi III : Return of the Ninja Master sur Megadrive avant d'attaquer ce test. Je voulais me remettre dans le bain, j'avais gardé le souvenir d'un jeu relativement facile. L'erreur. Pour le dire poliment, j'en ai ch*** des briques. La maniabilité est raide, avec un double saut très difficile à maîtriser : comme dans le vénéré mais vénérable The Revenge of Shinobi (1989 quand même), il faut avoir atteint (mais pas dépassé !) l'amplitude maximale de votre saut pour déclencher la doublette, souvent in-dis-pen-sable pour passer un obstacle mortel. Bonjour la crise de nerf. Certains passages sont quasiment impossibles sans le Ninjutsu d'invincibilité : piques, électricité, ennemis qui déboulent non-stop (et dont les projectiles vous font tomber dans le vide, super). C'est l'enfer. La moindre mort vous renvoyant impitoyablement au tout début du niveau, même si vous étiez à la toute fin.


En comparaison, Art of Vengeance est difficile mais pas frustrant. Le double saut, la maniabilité hyper précise même en l'air, les petits arrangements avec la physique pour vous accorder un saut raté, ou encore l'invincibilité pendant les longues roulades et les dashs facilitent grandement la progression. Il est aussi possible (recommandé !) de refaire les niveaux précédents, les points de sauvegarde servant de téléportation. Armé de griffes pour grimper à certains murs, d'un grappin ou d'attaques qui brisent des portes spectrales, vous débloquez plus de vie, des magies, des amulettes, des tenues, voire des combos dans les boutiques. Et revenez ainsi plus beau, plus fort. Avec tout ça, vous avez l'impression de (re)devenir un pro de la manette, comme dans les années 90. Alors que bon, entre nous... non !
Branchez une Megadrive Mini pour comprendre ce que "difficulté punitive" veut vraiment dire...
Les Plus
  • Hyper maniable : double saut, dash, roulade
  • Des combats nerveux, très réussis
  • La direction artistique, les musiques de Tee Lopes (Sonic Mania) et de Yuzo Koshiro (Streets of Rage, The Revenge of Shinobi)
  • Bonne rejouabilité : niveaux à refaire une fois des pouvoirs débloqués, modes time attack & boss rush
  • Difficile oui mais pas punitif : nombreux points de sauvegarde, vies illimitées
  • Beaucoup de clins d'œil aux anciens épisodes, pour les fans (oh ! Mandara !)
  • 30 € seulement, c'est cadeau
Les Moins
  • Quelques phases de plate-forme obligatoires à s'arracher les cheveux, s'il vous en reste
  • Impossible d'annoter la carte comme dans Prince of Persia : The Lost Crown : il faut se souvenir où retourner avec un nouveau pouvoir
Résultat

Shinobi : Art of Vengeance est un superbe hommage aux meilleurs jeux de la série. Vif, violent, difficile, il procure la sensation de maîtrise que vous aviez dans les années 90 – grâce à quelques concessions modernes à la maniabilité, à la physique et aux sauvegardes. Ce serait le sans-faute si certains niveaux n'étaient pas un peu trop labyrinthiques (la base sous-marine, le labo ENE Corp), façon Metroid Dread (où aller ?!). Et surtout si quelques séquences de plate-forme obligatoires au timing diabolique ne sanctionnaient pas les joueurs par une mort immédiate ; un manque de consistance avec les autres arrangements qui rendent le jeu plus accessible. Et un autre hommage aux jeux Megadrive souvent mal équilibrés dont les vieux joueurs, aux réflexes un peu émoussés, se seraient bien passés.

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Tribune libre