Test | Mario Kart World
16 juin 2025

Le tour du monde en 80 euros

Testé par sur
Mario Kart World
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Nintendo
  • Sortie initiale 5 juin 2025
  • Genre Course

Comment faire mieux que Mario Kart 8 Deluxe et ses 96 circuits ? Mario Kart World essaye de renouveler la formule en proposant un monde ouvert avec 24 concurrents. Et augmente le prix au passage, de 60 à 80 euros. Un pari un poil risqué.

L'histoire

Des karts, des personnages issus de l'univers Mario, des bonus d'attaque : la recette est connue, archi connue. Elle date quand même de 1992 et de la Super Nintendo. Le précédent opus, Mario Kart 8 Deluxe sur Wii U et Switch, a placé la barre très haut avec ses 70 millions d'exemplaires écoulés – le sixième jeu le plus vendu de tous les temps, un géant. Pourquoi un tel écart avec ses quelques rivaux ? Il suffit de prendre en main le petit dernier, Mario Kart World, pour comprendre : la maniabilité est parfaite, le rythme incroyable, l'ambiance survoltée et la difficulté parfaitement dosée. Le jeu est facile à prendre en main mais difficile à maîtriser. Surtout si vous voulez exploiter les petites nouveautés de cette version : le replay en solo qui permet de recommencer un saut raté (ou d'éviter une carapace bleue), quitte à perdre quelques précieuses secondes. Et surtout la course sur des rails (ou carrément sur les murs), clefs pour gagner un bref turbo.
Facile à prendre en main, difficile à maîtriser

Le principe

Il suffit de faire le tour de cette place pour débloquer tous les costumes, sans explorer davantage.

Pour espérer égaler sinon surpasser son prédécesseur, cette suite propose des modes de jeu plus variés. Les deux grosses nouveautés sont le monde ouvert et la Survie en multijoueur. Grosse surprise de cette version, les circuits sont désormais ancrés dans des environnements qui se touchent, à peine séparés par quelques routes tortueuses. Quand vous finissez une course, vous n'êtes plus téléporté à la prochaine : la suivante commence immédiatement par le trajet à faire jusqu'au prochain tracé, qui débute naturellement et sans coupure quand vous arrivez dessus. C'est génial, hyper fluide, sans aucun temps mort : la pression est permanente. Vous pouvez aussi explorer ce monde ouvert à tout moment. Y dénicher quelques bonus comme des paniers repas pour débloquer de nouvelles apparences. Ainsi que de courts défis chronométrés, très variés. Vous allez par exemple piloter un hélicoptère et passer à travers des arceaux, ou un camion chargé de tout détruire façon Burnout Paradise.


Tout est fluide, instantané. Comptez moins de cinq secondes pour vous téléporter, et à peine deux écrans pour changer de personnage et de véhicule : Nintendo a fait un travail incroyable sur les menus et les temps de chargement. Alors certes, ce monde ouvert n'est pas parfait. Certaines zones sont vides. Elles manquent de surprises ou de défis spontanés comme Forza Horizon 5 sait en proposer : pas de radars à flasher, d'expérience à gagner en multipliant les figures, de maisons à acheter, etc. Nintendo l'a saupoudré de défis en pensant que ça suffirait – et sans surprise, ça ne suffit pas toujours : vous pouvez rouler plusieurs dizaines de secondes sans avoir rien à faire d'intéressant. The Legend of Zelda : Breath of the Wild avait régénéré le monde ouvert, Mario Kart World ne réinvente pas la formule. Prenez plus ce mode comme une pause entre deux Grands Prix, par exemple pour repérer les raccourcis pépouze.
Le monde ouvert manque d'événements organiques, de choses à faire ; à part les défis, très variés

Le multi

La difficulté est vraiment épicée en ligne : la majorité des joueurs est déjà aguerrie !

L'autre nouveauté, ce sont les éliminations multijoueur du mode Survie : il faut rester dans le peloton de tête pour espérer finir sur le podium, sachant que le nombre de joueurs se réduit à chaque point de passage. C'est très, très stressant, surtout que les autres joueurs maîtrisent l'art du dérapage et des raccourcis ; sans oublier les attaques qui sont souvent fatales (surtout à l'approche de chaque checkpoint éliminatoire). Honnêtement, nous trouvions ce mode de jeu anecdotique sur le papier, à tort : il s'avère très réussi, ultra prenant. Bien plus que les éliminations du mode Bataille avec des ballons à crever ou des pièces à ramasser – la faute à des arènes très larges et avec peu de relief. Restent les courses plus classiques, une valeur sûre. Attention quand même, le niveau des autres joueurs est globalement très bon, une semaine seulement après la sortie. Ils n'hésitent pas à rouler sur les murs et à sauter dans le vide pour couper à travers les circuits, voire à viser précisément les adversaires situés à côté d'eux en orientant la caméra avant de tirer – une des nouveautés du gameplay. Si vous n'avez pas encore d'abonnement en ligne pour jouer en multijoueur, il va falloir y penser tant l'expérience contre 23 autres humains est, comment dire... différente !
YouTube et les réseaux sociaux regorgent de vidéos qui montrent les prouesses des joueurs en ligne

Pour qui ?

La Rainbow Road est magnifiquement mise en scène et s'avère éprouvante. Un marathon !

Mario Kart World résume parfaitement l'esprit de Nintendo : un jeu pour toute la famille, pour les enfants comme pour leurs parents nés par exemple avec la Super Nintendo. C'est une leçon de gameplay, à la fois hyper maniable, accessible et difficile à maîtriser – les sauts d'un rail ou d'un mur à l'autre demandent pas mal d'entraînement. Déjà exceptionnel en solo, avec un monde ouvert un peu vide qui renouvelle quand même la formule, Mario Kart World prend une toute autre dimension en multijoueur, quand tous les coups sont permis. L'IA a beau s'adapter, notamment en fonction de la durée de vos dérapages en jeu, elle ne sera jamais aussi surprenante (et vicieuse) qu'un autre joueur humain.
Un jeu intuitif, addictif, accessible et en même temps retors : Nintendo enterre la concurrence

L'anecdote

La webcam Piranha d'Hori est parfaite quand vous jouez en mode portable.

Le bouton "C" de la Switch 2, situé sous le bouton "Home" du Joy-Con droit, lance le "GameChat". Il permet de créer un groupe de communication avec vos amis (et seulement avec vos amis) en quelques étapes, très simplement ; voire de partager votre écran avec eux – dans une vignette pixelisée et très saccadée, une option tellement médiocre que je m'étonne que Nintendo l'ait gardée en l'état. Si vos amis n'ont pas l'abonnement en ligne, certaines fonctions dont le chat vocal sont disponibles malgré tout jusqu'au 31 mars 2026. Petit problème : l'activation du "GameChat" réduit drastiquement votre espace de jeu, les icônes de vos amis s'affichant en bas de l'écran sur fond noir. C'est tellement problématique en mode portable qu'il faut bidouiller les options. Cette interface n'est toutefois pas visible sur les screenshots que vous prenez (et il n'est plus possible d'en prendre du tout quand vous jouez en ligne avec le "GameChat" activé).


À noter que vous pouvez aussi montrer votre tête à vos amis en ligne. Outre la caméra officielle, qui coûte quand même 50 €, une petite plante Piranha adorable est vendue 40 € par Hori. Vous pouvez la brancher directement sur le port USB-C de votre console en mode portable, ou la fixer dans son pot et la relier à la console en mode docké. Fermer sa bouche permet d'obturer la caméra, quand vous voulez jouer sans risquer de l'activer. Attention, sa résolution n'est que de 640×480, ce qui risque d'être trop juste si vous êtes à plus d'un mètre (n'importe quelle autre webcam fonctionne aussi pour info). Pour voir à quoi tout ceci ressemble en jeu, je vous conseille cette vidéo.
Le partage d'écran est saccadé, le GameChat encombrant ; Nintendo peut mieux faire !
Les Plus
  • Le gameplay parfaitement équilibré
  • Le nouveau concept de circuits connectés qui marche très bien : pas de temps mort
  • Les nombreux modes de jeu en solo comme en multi
  • Le mode photo très sympa
  • Les temps de chargement ultra courts, 5 secondes à peine : ça change de la première Switch !
Les Moins
  • Le monde ouvert est souvent vide : il est surtout conçu pour (très bien) relier les courses entre elles en mode Grand Prix, moins pour l'exploration
  • Le mode Bataille avec ballons ou pièces, pas fifou avec ses arènes trop larges et son rythme mou
  • Le partage d'écran raté en GameChat, très saccadé et pixelisé
  • 80 € quand même : achetez-le en bundle avec la console
Résultat

Mario Kart World innove avec ses circuits brillamment reliés entre eux dans un monde cohérent. C'est un jeu incroyablement addictif avec son gameplay aux petits oignons. Une démonstration de savoir faire et d'équilibrage qui enterre définitivement la concurrence, qu'il s'agisse de Sonic Racing : CrossWorlds ou de Crash Team Racing Nitro-Fueled. S'il ne remplacera sans doute pas Mario Kart 8 Deluxe dans le cœur des joueurs à cause de son monde ouvert un peu vide et des problèmes techniques du "GameChat", cette suite propose une variation intéressante de la formule de base – notamment le mode Survie impitoyable avec ses 24 joueurs connectés. C'est un titre incontournable avec un abonnement en ligne, qui justifie à lui seul l'achat d'une Switch 2.

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