Test | Days Gone Remastered
06 mai 2025

Petite mutation mais grosse impression

Testé par sur
Days Gone Remastered

En 2019, Bend Studio débarquait de son Oregon natal avec un projet post-apo ambitieux destiné à devenir la dernière killer app de la PlayStation 4 : Days Gone. Si vous l'avez manqué à sa sortie, vous n'étiez pas seul car malgré ses 9 millions d'exemplaires écoulés, le jeu n'a pas été jugé assez "bankable" par Sony, qui a préféré annuler la suite. Cinq ans plus tard, ce remaster PS5 arrive comme une seconde chance. Un retour en selle qui, au-delà de la mise à jour graphique, pourrait bien rallumer la mèche... et l'espoir d'un Days Gone 2.

L'histoire

Cela fait bientôt deux ans qu'une bonne partie de la population mondiale a disparu. Ça, c'est bien pratique quand on veut être tranquille sur les routes. Seulement voilà, ceux qui n'ont pas été décimés par cette pandémie se sont transformés en mutants. Et pas le genre mollasson et décérébré, non. Plutôt le genre vif et animal. Et surtout nombreux. Très nombreux. Heureusement pour les survivants, débarque Deacon St. John, un biker sans foi ni loi (et accessoirement très amoureux) qui va malgré lui donner un coup de pied dans cette fourmilière meurtrière.


L'histoire de Days Gone suit la progression de Deacon dans cette aventure post-apocalyptique qui – inutile de préserver le suspense – n'est pas sans rappeler celle d'un certain Daryl Nixon. En effet, les similitudes avec ce personnage de la série The Walking Dead sont nombreuses. D'ailleurs, l'ambiance de Days Gone est très proche de celle de la série d'AMC : fermes isolées, camps de réfugiés, hordes de zombies mutants, personnages hauts en couleur à la psychologie travaillée, et humains bien plus dangereux que supposé.

Mais Days Gone sait aussi prendre ses distances par rapport à ce glorieux modèle. L'aspect scientifique est ainsi plus exploité grâce notamment au personnage de Sarah Witaker, la femme de Deacon. L'aspect gouvernemental est également ajouté avec l'intervention du chercheur O'Brian et les missions qui lui sont associées. Voilà qui donne un joli relief et vient régulièrement mettre en lumière les origines de tout ce... gros bordel !
Aussi puissant que The Walking Dead ?

L'ambiance

Vos balades en moto seront aussi bien épiques que romantiques.

Autre point commun avec The Walking Dead : une ambiance assez incroyable qui vous plonge successivement – et dans le désordre – dans un état mélancolique, contemplatif, voire même parfois romantique, en passant aussi par des moments de stress, de joie (« Yeah, j'ai liquidé ma première horde de mutants ! ») et de doutes... L'emballage sonore est remarquable autant du côté des musiques (composées par Nathan Whitehead) que des bruitages (les cris nocturnes). Et sur le plan visuel, votre immersion dans l'Oregon est plutôt bonne et mixe la plupart des paysages de la région : plaines fertiles, rivières et cascades, vallées encaissées, monts enneigés, et même le célèbre Crater Lake qui tiendra un rôle important dans la dernière partie du jeu.
Un Oregon qui ne manque pas d'épices

Le principe

Votre moto vous sauvera la vie plusieurs fois contre "quelques" bidons de gazole.

Attention : Days Gone est une illustration quasi parfaite de ce que doit être un monde ouvert scénarisé. Cet univers vous offre une liberté conséquente sans toutefois accentuer les temps morts et vous perdre dans une trop grande opulence. Côté jouabilité, vous voici face à un TPS à la Uncharted. La production de Bend Studio exploite d'ailleurs à merveille les caractéristiques d'infiltration chères à la série de Naughty Dog : rester discret est un choix on ne peut plus judicieux dans bon nombre de situations que vous allez rencontrer, notamment lorsque vous croiserez une horde de mutants. S'ils ont pour eux leur nombre (parfois plusieurs centaines), vous avez pour vous votre cerveau malicieux, capable d'élaborer tout un tas de stratégies d'approche. Et de carnages à grande échelle (vive les jerricanes explosifs).


Pour le reste, Days Gone base son gameplay sur juste ce qu'il faut de farming et crafting pour améliorer la force de frappe et les capacités de votre héros. Par exemple, soyez vigilant sur vos réserves aussi bien d'essence que de pièces mécaniques (sans doute les deux ressources les plus précieuses du jeu). Concernant les missions annexes, ne les mettez pas de côté car elles apportent vraiment leur lot de fraîcheur supplémentaire. Quant à la météo et au cycle jour/nuit, ils sont astucieusement utilisés pour modifier votre terrain de jeu et l'agressivité de vos adversaires. Un mutant nocturne est un mutant plus chafouin, sachez-le (un peu comme dans Dying Light).

Impossible de ne pas évoquer pour finir la moto de Deacon, à savoir une Yamaha XV 950 Racer. On ne sait si elle est plus rafistolée que customisée mais cette monture est indissociable de notre biker, comme peut l'être la Honda de Daryl dans The Walking Dead (tiens, un nouveau point commun). Et incontestablement, c'est le moyen de locomotion idéal pour parcourir les routes désolées et les bleds désertés du jeu. Il se révèle également parfait pour s'éloigner rapidement d'une horde lancée à vos trousses. Bref, cette moto est un véritable familier auquel il vous faudra prendre grand soin pour espérer mener cette aventure à son terme.
Un moto trek pour les finauds

Le remastering

Avec un tel charisme, difficile de ne pas (re)suivre ses pas.

À première vue, ce Days Gone Remastered ressemble à une simple piqûre de rappel pour celles et ceux qui seraient passés à côté du jeu à sa sortie. Mais en y regardant de plus près (idéalement sur une télé 4K et une PS5 Pro, sinon autant jouer avec des lunettes de soleil), on découvre une version techniquement boostée. L'éclairage est plus fin, les textures plus nettes, les animations légèrement retouchées, et surtout, le mode photo a été amélioré pour mettre en valeur vos plus beaux carnages champêtres.


Cette version remastérisée propose aussi un framerate plus stable et des temps de chargement bien réduits. Et ce n'est pas tout : la manette DualSense est prise en charge dans son intégralité. Entre les gâchettes adaptatives, les retours haptiques et les subtilités sonores directement dans la manette, l'immersion prend une nouvelle dimension (surtout quand vous sentez chaque vibration de votre moto ou le frisson d'une horde qui approche).

Enfin, quelques ajouts de contenu sont aussi de la partie, notamment un mode "Assaut de horde" pour tester vos nerfs face à ces nuées de mutants, et d'autres défis qui prolongent le plaisir. Un remaster qui, sans tout révolutionner, a au moins le mérite de chouchouter les joueurs sur PS5.
Une version techniquement boostée

Pour qui ?

La horde de joueurs nécessaire pour remettre une suite sur les rails...

Si vous n'avez jamais touché à Days Gone, ce remaster est clairement l'occasion rêvée pour découvrir une aventure post-apo solide, immersive, et plutôt généreuse. Les amoureux de jeux en monde ouvert qui aiment combiner infiltration, action, crafting et balades contemplatives devraient se sentir comme chez eux.

Mais pour les joueurs qui avaient déjà écumé les routes de l'Oregon en 2019, la question mérite d'être posée. Les améliorations sont là, mais elles restent techniques et discrètes si vous ne jouez pas sur du matériel haut de gamme. Quant au contenu, à part quelques ajouts de modes et le mode photo enrichi, le scénario, les quêtes et la progression restent identiques. En résumé : un achat recommandable pour les nouveaux venus, un retour optionnel – mais confort – pour les anciens.
L'occasion rêvée pour découvrir une aventure post-apo solide et généreuse

L'anecdote

Ce jeu est un hold-up : il m'a encore volé mon temps !

Je dois bien le confesser : j'ai eu un petit cas de conscience au moment de tester Days Gone Remastered. Comment juger un remaster d'un jeu déjà très bon... et pas si vieux que ça ? Est-ce qu'il faut se mettre dans la peau d'un joueur qui découvre le titre pour la première fois en 2025, l'œil frais et la DualSense en main ? Ou bien adopter un regard plus critique sur les ajouts, somme toute limités, par rapport à la version originale de 2019 ? D'autant plus que ce remaster coûte 50 €, là où la version PS4 tourne encore autour de 40. Bref, le genre de dilemme qui donne envie de se planquer derrière une benne avec un cocktail Molotov pour méditer, en attendant le passage d'une horde de mutants.

Mais voilà, au fil des heures, tous ces doutes se sont évaporés. L'aventure de Deacon a repris le dessus. Ce monde post-apo cohérent, cette narration qui tient la route, ce mélange d'action, d'émotion et de contemplation... J'ai ressenti exactement la même chose qu'à l'époque : l'envie de tout explorer, de comprendre chaque personnage, et de rouler, encore et encore, dans cet Oregon aussi beau que dangereux. La puissance du jeu a éclipsé mes hésitations, même au niveau de la note, et je me suis dit qu'après tout, ce remaster est peut-être plus qu'un simple rafraîchissement : c'est peut-être un signal, un petit moteur qui se remet à tourner dans l'ombre pour donner enfin le départ d'une suite que les fans attendent toujours avec ferveur.
Qu'importe le remaster pourvu qu'on est l'ivresse
Les Plus
  • Un scénario pas toujours très subtil mais qui tient la route
  • Un monde ouvert loin d'être mort-vivant
  • Une progression libre mais suffisamment guidée pour éviter les temps morts
  • Les balades en moto
  • Un cycle jour / nuit et une météo qui ont vraiment un impact sur le gameplay
  • Des hordes "jouissivement" terrifiantes
  • Un héros badasse juste ce qu'il faut
  • Des seconds rôles travaillés
  • Une ambiance mélancolique à souhait qui n'est pas sans rappeler The Walking Dead
  • Une durée de vie impressionnante pour un jeu scénarisé
  • Un mode photo enrichi pour les amateurs de captures immersives
  • De nouveaux modes comme l'Assaut de horde pour prolonger le plaisir
Les Moins
  • Les améliorations graphiques du remaster ne sont visibles que sur PS5 Pro avec TV 4K
  • Pas de nouveautés scénaristiques ni de contenu narratif inédit
  • Quelques ralentissements et bugs d'affichage mais rien de bien méchant
Résultat

C'est quasiment un sans-faute pour Days Gone. Il vous offre un monde ouvert accrocheur, cohérent, complexe mais pas trop, que vous avez plaisir à parcourir sur votre fidèle moto. C'est aussi un scénario qui tient la route, un héros auquel vous croyez, de nombreux ennemis que vous craignez mais que vous affrontez petit à petit avec de plus en plus de tactique, de bravoure et donc de plaisir. C'est également une histoire d'amour teintée de mélancolie à laquelle vous ne pourrez pas rester insensible (le jeu des deux protagonistes est parfait de justesse et très loin de la niaiserie habituelle). Ce remaster, sans être une révolution, peaufine l'expérience et la remet au goût du jour pour une nouvelle génération de joueurs. Enfin, malgré sa durée impressionnante pour le genre, Days Gone est un jeu que vous aurez envie de terminer à 100 %, afin d'abandonner en douceur cette communauté de survivants. C'est bien là le signe d'une belle réussite pour Bend Studio.

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