Lana aux pays des frissons
- Éditeur Maximum Games
- Développeur Little Sewing Machine
- Sortie initiale 9 oct. 2025
- Genres Aventure, Horreur
Vous pensiez que les lapins blancs et les jardins anglais étaient des symboles d'innocence ? Détrompez-vous. Bye Sweet Carole, le dernier né du studio Little Sewing Machine, tire son chapeau à Lewis Carroll... mais lui arrache au passage quelques plumes. Ici, point de merveilles : juste une orpheline, des lapins qui n'ont rien de mignon, et un conte qui vire doucement au cauchemar victorien. Un mélange entre Little Nightmares et un vieux court Disney des années 30 – sauf qu'à la fin, ce n'est pas Mickey qui gagne.
L'histoire
Le principe
M. Kyn n'a de cesse de vous envoyer ses lapins démoniaques, restez sur vos gardes !

Vous passerez donc une bonne partie de votre temps à vous cacher dans des armoires, à ramper sous des tables et à craquer des allumettes avec la main qui tremble. Mention spéciale à la séquence des lampes à pétrole : allumer la lumière pour repousser une créature photosensible n'a jamais été aussi terrifiant.

Le gameplay à double tranche (Lana peut se transformer en lapin pour effectuer certaines actions) n'est pas dénué de bonnes idées : la séquence de danse, par exemple, surprend par sa mise en scène. Et le personnage de M. Baesie, un compagnon aussi bavard qu'absurde, apporte un vrai grain de folie – surtout quand il se résume à une simple tête capable d'absorber le feu ou l'électricité pour résoudre des énigmes. Un concept bien trouvé, à la fois grotesque et réjouissant.

Mais tout n'est pas rose (ni lapin) : certaines énigmes frôlent l'illogique. On pense par exemple à cette scène de la douche avec un tabouret, qui ferait perdre patience même à un joueur de Monkey Island. Et les allers-retours redondants entre les mêmes pièces finissent par user votre curiosité. Vous tournez en rond avec cette impression d'avoir loupé quelque chose, mais impossible de savoir quoi. Vintage, vous disiez ?
L'emballage
M. Baesie va vous épauler et vous pouvez même les contrôler, lui et sa tête amovible.

La caméra fixe, elle, joue sur les nerfs. On aurait aimé pouvoir décaler le cadre de quelques mètres sur les côtés pour anticiper un danger, mais non : tout est figé. Résultat, chaque couloir devient un piège à tension, chaque porte une invitation à paniquer. Vous vouliez voir ce qui se cache à droite ? Tant pis. Laissez donc l'angoisse faire son travail.
Pour qui ?
Le jeu offre quelques confrontations de boss pas piquées des hannetons.
L'anecdote
Dans son format "tête", M. Baesie peut conduire des éléments comme le feu ou l'électricité.
- Une direction artistique vintage sublime, digne des premiers Disney
- Un univers sombre et poétique, riche en symboles
- Le personnage de M. Baesie, irrésistiblement absurde
- Des séquences de gameplay ingénieuses (lampes à pétrole, danse, etc.)
- Une tension constante, soutenue par la caméra fixe
- Des thématiques surprenantes : émancipation, deuil, patriarcat…
- Des allers-retours parfois laborieux
- Des actions peu intuitives (le fameux tabouret de la douche)
- Quelques jumpscares un peu prévisibles
- Le rythme qui s'essouffle par moments
Avec Bye Sweet Carole, Little Sewing Machine signe une œuvre singulière : un conte horrifique délicat, mélange improbable de féminisme, de poésie et de cauchemars. Tout n'est pas parfait – la progression tourne parfois en rond, et certaines mécaniques datent d'un autre temps –, mais l'ensemble fascine par sa cohérence visuelle, sa tension quasi permanente et son humour macabre. Un peu comme si Lewis Carroll avait troqué sa tasse de thé contre un shot d'adrénaline.