Test | Diablo IV
12 juin 2023

Les enfants du Paradis

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Diablo IV

Vous aimez taper ? Vous aimez looter ? Tant mieux : le daron Diablo IV est là pour faire les deux. Entre deux scènes de ménage avec la démone Lilith et l'ange déchu Inarius, vous allez décimer des légions et vous équiper sur leurs dépouilles fumantes. Enfin, jusqu'à ce que quelques défauts comme les retours Windows et l'auto-leveling des ennemis ne vous rappellent que l'enfer est pavé de bons bugs.

L'histoire

Quelques jours se sont écoulés depuis que Rathma a défié son père, l'ange déchu Inarius. Tandis que sa mère Lilith essaye de le retrouver, lui est hanté par ses rêves et par la peur de perdre la clef des Enfers. Dans sa quête de rédemption, Inarius est bien trop fier pour accepter que son fils ne se mette en travers de son chemin. C'est là que leurs destins entrent en collision et que Lilith découvre le sort épouvantable qu'Inarius a réservé à leur fils... Sa haine mettra Sanctuaire à feu et à sang, jusqu'à ce qu'un héros, vous... décide d'ignorer la quête principale pour looter d'obscurs donjons secondaires en coop.
Inarius, Rathma et Lilith sont dans un bateau. Rathma tombe à l'eau...

Le principe

Optimiser son loot est moins efficace que de refaire souvent sa build avec le crowd control en tête.

La boucle de gameplay de Diablo IV est extrêmement simple : vous allez au point indiqué sur la carte, vous rasez tout en chemin, vous ramassez une tonne de loot dont 99 % de déchet, vous gagnez un niveau et vous revenez en ville pour améliorer ce qui peut l'être. Enfin, presque. Cette suite a fait un choix curieux, l'auto-leveling des ennemis : dès que vous passez un niveau, tous les ennemis du monde ouvert en passent un aussi. Résultat, vous ne sentez pas cette sensation de puissance qui accompagne d'habitude la progression dans n'importe quel hack'n slash – le plaisir simple de fracasser un démon puissant d'un seul coup de gourdin, après avoir un petit peu grindé. Contrairement au GOTY Elden Ring, inutile de grinder si vous butez sur un boss ou un groupe d'ennemis. Même si vous revenez plus fort, ils auront eux aussi pris des levels.
L'auto-leveling flingue le plaisir de la montée en puissance

Le multi

En coop, vous pouvez ranimer un compagnon (il revient avec toutes ses potions).

La solution ? Jouer en coop pour mutualiser pouvoirs, grinder plus vite et obtenir un loot de meilleure qualité. Même si Diablo IV n'est pas disponible sur Mac au lancement, il reste crossplay. Vous verrez d'autres joueurs attaquer des ennemis en vous baladant dans le monde ouvert, bien que les donjons soient instanciés – à moins de faire un groupe dédié, chacun y entrera seul. C'est un peu perturbant au début, surtout en ville. Vous avez des villageois qui se plaignent de crever de faim à cause des hordes démoniques pendant que Totordu93 ouvre un portail à côté de vous ou grimpe sur un cheval – déblocable uniquement à l'avant dernier-acte, la haine. L'ambiance dark fantasy en prend un coup.

Comme Diablo IV se joue uniquement connecté à Internet, il est impossible de parcourir Sanctuaire en solo. Vous serez toujours interrompu par d'autres joueurs qui vivent leur vie et ignorent généralement vos appels à l'aide ou aux regroupements lors de passages un peu chauds. Chacun fait ses affaires dans son coin et les alliances (automatiques quand vous êtes proches) se font et se défont sans un mot. C'est un peu comme prendre le métro avec des inconnus le temps de quelques stations, mais avec des démons et du loot.
Il faut impérativement jouer en coop pour éviter de galérer

Pour qui ?

Presque 10 € la skin de cheval et 25 € la tenue, c'est plus agressif que les Assassin's Creed.

Si ce côté yolo ne vous gêne pas, Diablo IV est obsédant. Sa boucle de gameplay ultra simple vous enferme pour des centaines d'heures à cliquer bêtement sur des démons jusqu'à ce qu'ils explosent. Et que votre cerveau reçoive son shot de dopamine... Enfin, le temps de vous rendre compte que ce gant en or ne vaut rien par rapport à celui que vous avez déjà. Ou que cette hache vendue 100 000 pièces d'or chez le marchand est moins bien que les quatre aléatoires ramassées en route – le modèle économique du jeu étant complètement à revoir.

Si vous êtes fan des vieux épisodes en revanche, le ramage de Diablo IV ne suffira pas à vous faire oublier un arbre de compétences rachitique. Débloquer le dernier cercle ne prend que quelques dizaines d'heures. Ensuite, itérer en refaisant sa build (moyennant finance) devient un jeu dans le jeu, notamment pour gérer boss et foules au plus vite. Petite pensée pour les joueurs équipés de cartes graphiques Nvidia, victimes de retours Windows plus fréquents, et pour les problèmes de serveurs parfois, heureusement bien moins nombreux qu'au lancement de Diablo III. Les joueurs console ont l'air plus chanceux que les joueurs PC.
Pour les joueurs casu qui peuvent y jouer en coop avec des amis

L'anecdote

Baissez quand même la difficulté si vous jouez sur le WiFi de la SNCF.

À Gamatomic, on teste les jeux sous toutes les coutures – on vérifie bien l'étiquette Made in China et les surpiqûres. Vu qu'il est impossible de jouer à Diablo IV offline, j'ai tenté l'impossible : grinder de Paris à Marseille, dans le train, sur mon PC portable ASUS ROG Zephyrus G14 – un bijou de portabilité et de puissance que je vous recommande chaudement. Le tout sur, accrochez-vous bien : le réseau WiFi de la SNCF. Eh bien ça marche. Là où mes amis galéraient avec les déconnexions sur leur PC de bourgeois, je farmais en filant à 320 km/h. Alors évidemment il y a du lag, surtout en ville où tous les joueurs pop comme des bulles dans le Coca. Et oubliez la coop, même avec des inconnus croisés sur la map : ça devient injouable, les freezes succédant aux passages où votre personnage est brutalement téléporté en arrière en plein combat. Mais en jouant en solo, dans les donjons instanciés ou sans autre joueur humain dans les parages, ça fonctionne. Impressionnant (même si on aurait préféré pouvoir y jouer offline, y compris chez soi).

"SNCF, c'est possible !"
Les Plus
  • La direction artistique
  • Inarius, Lilith et Rathma
  • La coop
  • Plutôt stable au lancement, même dans le TGV
Les Moins
  • Connexion Internet obligatoire
  • L'auto-leveling qui flingue le loot et la montée en puissance
  • Le cheval à l'Acte IV, et les allers-retours à pied en attendant
  • L'arbre de compétences réduit
  • Jusqu'à 25€ la skin en DLC, vraiment... ?
Résultat

Si vous êtes fan des deux premiers opus et de Path of Exile, ou que vous n'avez pas d'amis, enlevez un point à la note. Diablo IV est un jeu casu où les ennemis prennent des levels en même temps que vous, dans un monde ouvert qu'il faut parcourir en coop avec ses potes pour farmer un poil plus vite. Avec de temps en temps un gros mur de difficulté qui vous poussera à refaire votre build (et à insulter vos amis incapables de vous ranimer). Cette suite tourne clairement le dos aux aventuriers solo qui aiment les jeux réglés à la main, au profit d'algorithmes de difficulté et de loot encore bancals une semaine après la sortie du jeu. Diablo IV est un jeu somptueux avec une direction artistique, des musiques et une ambiance folles, mais avec des mécaniques qui devront encore faire l'objet de plusieurs mois de réglages et d'ajustements. Comme Diablo III en son temps. Le ramage est sublime, l'ossature encore cabossée.

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