Test | Warhammer 40,000 : Boltgun
23 mai 2023

Arrache-toi le cœur ! Répands ton sang !

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Warhammer 40,000 : Boltgun

La religion c'est bon, mangez-en. Avec une tronçonneuse dans les dents par exemple. Le corps léché par le lance-flammes affectueux d'un Space Marine purificateur. Au son râpeux de punchlines dignes d'un Duke Nukem. Warhammer 40,000 : Boltgun est de sortie et attention, ce boomer shooter va faire saigner vos yeux avec ses graphismes à l'ancienne, quand Internet se pratiquait en 56k (max) sur du US Robotics.

L'histoire

Vous incarnez Malum Caedo, un Space Marine. Voilà, on pourrait s'arrêter là : si vous avez joué à Doom (1993), vous savez à quoi vous en tenir. Vous êtes un Space Marine et vous aller botter le cul des démons dans votre super armure, avec tout un arsenal qui s'étoffe au fil des 24 niveaux du jeu. Alors évidemment, Warhammer 40,000 oblige, il y a un vocabulaire dédié. Vous êtes envoyé par l'Inquisition sur la planète Graia, il y a des Techpriests, des Cultistes et un crâne flottant – le Servo Skull, aussi bavard qu'inutile. Mais bon, peu importe : retenez que vous allez botter des culs bleus, verts, marrons, etc., le tout dans un style hyper pixélisé qui sent bon le Yop, le walkman et les jeux sur disquettes.
Vous connaissez les Memberberries ? Boltgun a été développé par elles

Le principe

Incroyable, le jeu commence par une longue cinématique. Rassurez-vous, il n'y en a plus après.

Ce qui est bien avec les jeux comme le fantastique Prodeus ou ce solide Boltgun, c'est qu'ils sont faciles à expliquer. Vous tuez des monstres pour récupérer des clefs qui permettent d'ouvrir des portes pour tuer plus de monstres. La dernière porte vous fait quitter le niveau en affichant le temps passé à le parcourir, le nombre de monstres tués et de secrets trouvés. Simple comme une décharge de chevrotine dans le buffet. Alors évidemment c'est un peu réducteur. Il faudrait parler de l'arsenal, mais ce serait spoiler – un des grands plaisirs du jeu, c'est justement d'acquérir de nouvelles armes et de les tester sur tous les types d'ennemis, pour trouver les combinaisons les plus efficaces. Tiens, et si j'essayais le lance-flammes sur ce Champion Elu capable de ressusciter... ?
Cultistes clefs portes : c'est simple de faire un bon jeu

La tronçonneuse

Mieux qu'Oral B pour les problèmes de dents.

Il y a deux armes emblématiques dans les Doom : le fusil à pompe et la tronçonneuse (oui bon, et les bidons explosifs). Si le premier est raté (temps de recharge un poil trop long, dégâts sur les gros ennemis trop faibles), la deuxième est une masterclass. Les développeurs ont eu deux idées de génie : il faut marteler le bouton pour tronçonner un ennemi au corps à corps, donnant l'impression de taillader soi-même dans les chairs corrompues. Et surtout on se téléporte sur l'ennemi, pour peu qu'on en soit assez proche. Le principal défaut de cette arme, à savoir sa portée, est contrebalancé par cette espèce de sprint automatique, accompagné d'un léger ralenti avant... pour un rendu ultra cinématique et hyper satisfaisant.
La pas lourd, la tronçonneuse brandie : en quelques secondes, Boltgun vous a conquis

Pour qui ?

Les munitions sont très limitées pour les armes les plus puissantes – classique.

Tout n'est pas rouge sang pour autant. Le Servo Skull flottant qui vous accompagne en permanence fait des bruits étranges auxquels on ne s'habitue toujours pas après plusieurs heures de jeu. Comme il se téléporte à côté de vous parfois, il fait régulièrement sursauter pour rien. Mais bon ça encore, ça se pardonne. Non le vrai souci, c'est l'autre pilier du genre après les armes et le bestiaire : le level design.

Si vous avez touché à un éditeur de niveaux, l'excellent Build de Duke Nukem 3D par exemple, ou taquiné des fichiers WAD (ça ne nous rajeunit pas), vous avez déjà quelques notions. Exemple : bloquer les perspectives au maximum pour que le joueur entende les ennemis sans les voir, mais puisse aussi esquiver leurs projectiles une fois repérés. Bon, Boltgun se rate régulièrement dessus. Une des premières grandes arènes bourrée d'ennemis vous fait démarrer en haut d'un escalier, avec tous les ennemis en contrebas. Il est possible de sniper une bonne partie des Cultistes et autres Incendiaires démons avant que quelques Horreurs Bleues ne décident de venir vous faire la bise.

Pire encore : les niveaux enchaînent les grandes salles dupliquées dont on ne sort que par un petit passage dérobé, ou une porte avec interrupteur difficilement visible (seules les portes verrouillées par une clef sont colorées pour attirer l'œil). Résultat : beaucoup d'allers-retours dans des niveaux vidés de tout Cultiste à purifier, en cherchant vainement l'interrupteur bicolore oublié ou le passage dérobé. Barbant.
Il faut avoir le sens de l'orientation (et du pif pour les interrupteurs planqués)

L'anecdote

J'ai passé jusqu'à 30 minutes sur certains niveaux. Et la moitié à revenir sur mes pas (backtrack).

Les boomer shooters font parfois des choix étranges. Tenez, la difficulté par exemple. Prodeus sauvegardait tous les cent mètres et vous faisait revenir légèrement en arrière en cas de décès, avec tous les ennemis tués qui restaient morts – bref, un parcours de santé, comme dans Dead Island 2. Sauf si vous n'aviez plus de munitions. Et à l'exception du boss final, à finir avec une seule vie (étrange). Boltgun est plus classique avec ses sauvegardes rapides disponibles à tout moment. Mais en allant dans les options, j'ai trouvé deux bizarreries.

D'abord la possibilité de débloquer tous les niveaux en cliquant sur un taquet – bon, pourquoi pas, même si ça ruine quand même le plaisir de la découverte de nouveaux environnements. Et surtout une option encore plus étrange : la possibilité de devenir invincible. Un peu comme si la commande iddqd ancestrale était activable directement dans les options. Sacrilège ! Quel crachat au visage de l'Imperium de l'Humanité ! Sérieusement, n'y touchez pas : il faut slalomer la peur au ventre entre les Crapauds de la Peste Mineurs et les Terminators du Chaos, en cherchant munitions et soins, notamment dans les arènes fermées. Tout en rafalant leurs gros pixels dès que possible évidemment.
L'invincibilité dans les options : une hérésie
Les Plus
  • La tronçonneuse
  • Les sensations d'impact, les armes, le bestiaire
  • Les arènes fermées avec leur déluge de Cultistes énervés
Les Moins
  • Le Servo Skull qui blablate non-stop et vous fait sursauter
  • Le level design avec son backtrack lassant
  • Et le multi ???
Résultat

Warhammer 40,000 : Boltgun est un boomer shooter efficace, solide sur ses appuis. Les sensations sont là, avec des grosses pétoires qui font gicler le sang pixélisé d'ennemis décérébrés. Le tout entrecoupé de provocations comme « Il ne restera plus rien de toi ! ». Ou encore « Tu ne peux pas échapper à l'ampleur de ma haine ! » – débile et indispensable. Dommage que le Servo Skull collant pollue la progression avec ses commentaires dignes du Clippy d'Office 97. Et surtout que le level design soit moins inspiré que celui du chef-d'œuvre Prodeus. Il manque peut-être un peu de coop, du multi ou un éditeur de niveau, pour faire la fine bouche. Du bon produit malgré tout.

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