Test | Assassin's Creed : The Ezio Collection
01 avr. 2022

La Renaissance d'Ezio sur Switch

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Assassin’s Creed : The Ezio Collection
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Ubisoft
  • Sortie initiale 17 nov. 2016
  • Genres Action, Aventure, Infiltration

Plus de dix ans après la sortie de la trilogie originale, Assassin's Creed : The Ezio Collection propose sur Switch trois des meilleurs titres de la saga — et c'est même Ubisoft qui le dit sur la boîte. Alors que la série poursuit son chemin sur les supports next gen, ce retour dans le passé vaut-il le déplacement jusqu'à la Renaissance italienne du XVe siècle ? Replongeons dans cet univers aussi riche qu'impressionnant que représente la vie d'Ezio Auditore da Firenze, aka le Batman de la Renaissance.

L'histoire

Ezio, Bruce Wayne, même combat ? Fils de bourgeois, beau gosse et sans inquiétude quant à son avenir, Ezio / Bruce voit subitement une partie de sa famille se faire tuer sous ses yeux : c'est le début d'Assassin's Creed 2. Tandis qu'un lointain parent le prend sous son aile (oncle Mario / Alfred), Ezio découvre sous le palais ancestral une incroyable cave dédiée à l'histoire familiale : son père faisait partie de l'ordre des Assassins. Cette confrérie secrète a pour objectif de contrecarrer les plans maléfiques de purification des Templiers (comme avec Ra's al Ghul). Ezio, nourri par la vengeance, court sur les toits, a la ceinture gorgée de gadgets fournis par son copain geek (Leonardo Da Vinci en personne, aka Lucius Fox) : lame rétractable, bombes fumigènes, couteaux de lancer voire même des engins volants improbables. Il remonte peu à peu le complot des Templiers jusqu'au Vatican. Plus tard, aidé d'autres assassins dans Brotherhood, comme Batman et ses fidèles acolytes, Ezio fera proliférer l'ordre des Assassins, pour contrer des Templiers toujours plus nombreux et féroces. À la fin de sa carrière, dans Revelations, c'est un Ezio fatigué que nous retrouvons. Bruce Wayne n'a plus vingt ans, ses cheveux gris trahissent une certaine lassitude : il est temps pour lui de passer la main et prendre une retraite bien méritée... Sauf qu'il n'a pas assez cotisé.
Robin déboires

Le principe

Payer des courtisanes pour divertir les gardes et voler leur trésor : la base du jeu.

Pour qui n'a jamais mis la main sur un Assassin's Creed, considérez le jeu comme une formidable aventure mêlant complots, assassinats, discrétion, gadgets, et... parkour. Oui, car à la manière des Yamakasi de Luc Besson, votre héros est un véritable cabri en puissance, sautant de toit en toit, grimpant avec une aisance déconcertante sur tout bâtiment muni de pierres apparentes ou de volets, profitant de la vue depuis les corniches tel un aigle à la recherche de sa prochaine proie, vous faufilant dans des endroits inaccessibles autrement. Fort de ces compétences, notre héros Ezio n'en suit pas moins des missions et objectifs multiples : espionner tel personnage politique, assassiner ce templier, explorer et s'enfuir d'une crypte abandonnée, sauver des voleurs de leur geôle... Vous vivez ce que Batman vivrait du temps de la Renaissance, avec une liberté savamment dosée.

Dans ce monde semi-ouvert, les zones de jeu s'étendent et se déplacent au fil de l'histoire, sans jamais vous perdre ou vous assommer de quêtes annexes ; c'est là un des gros points forts de cette série d'Assassin's Creed. Le dosage entre l'ouverture progressive et la difficulté croissante est particulièrement réussi. Au final, peu de répit vous sera proposé : le scénario avance de rebondissement en rebondissement, ce qui ne vous empêchera pas de faire croître vos affaires en parallèle : acheter des œuvres d'art, lancer des assassins sur des cibles ou améliorer votre armure contribuent à engendrer davantage de revenus dans vos caisses, si bien que, à la moitié de chacun de ces jeux, jeter de la menue monnaie aux badauds devient un divertissement parmi tant d'autres.
S'il vous parle une main sur le cœur, c'est que l'autre est dans votre poche 🎵

Le portage Switch

Le résultat est au-dessus des espérances.

Assassin's Creed : The Ezio Collection rassemble donc trois titres de la série, à commencer par Assassin's Creed 2, suivi de Assassin's Creed : Brotherhood et Assassin's Creed Revelations. Vous pourrez vous référer aux fiches de jeu pour en lire des tests détaillés, ce qui nous permet d'aborder le portage opéré sur Switch. Votre serviteur ayant réalisé un comparatif avec la version originale sur PS3, le verdict est sans appel : cette collection rehaussée est visuellement de meilleure facture. Sans atteindre le niveau des productions contemporaines, vous aurez tout de même l'opportunité d'évoluer dans Florence, Venise ou encore Rome richement reproduites, regorgeant de badauds, marchands, prostituées, voleurs, avec de nombreux bâtiments historiques réalisés à l'identique. L'ambiance qui se dégage de cette Italie de la Renaissance vaut le voyage à part entière, et ce même en mode portable sur votre Switch.

Pour le reste, aucun élément n'a été modifié. Les quelques erreurs de jeunesse d'Assassin's Creed 2 en termes de maniabilité persistent mais sont loin d'être bloquantes. Les scènes jouables avec Desmond présentent toujours aussi peu d'intérêt (c'est fou comme un héros de jeu peut être à ce point dénué de charisme). Mais c'est surtout un terrible manque qui empêchera de juger cette collection de complète : le mode multijoueur, introduit avec Brotherhood, ne fait pas partie de cet ensemble, et c'est fort dommage.
Plus fin que la version d'origine

Pour qui ?

Ezio est du genre à faire dans la dentelle.

Cette compilation répond à un objectif clair : délivrer près de 60 heures de jeu, au bas mot, à toute personne désirant se faire un shoot aux petits oignons du meilleur passage de la série Assassin's Creed. Chacun des trois titres est une réussite en la matière et profite d'une richesse de contenu assez déconcertante. S'enfiler les trois d'un coup, c'est souffrir de boulimie de la Renaissance. Mais pour tout joueur ayant déjà côtoyé Ezio, les réflexes reviennent vite, vous êtes en terrain connu. Le rehaussement des graphismes est pour une fois profitable à la Switch, qui bénéficie de fait d'un ajout non négligeable à son catalogue de jeux, avec ce mastodonte au poil brillant. Soyez donc rassuré : se promener dans Florence ou Venise procurera le même plaisir qu'une balade nostalgique dans la ville que vous arpentiez adolescent. Un doux souvenir de jeunesse, dans lequel il est réconfortant de se plonger.
Votre Switch prend la poussière ? Ezio va la faire charbonner !

L'anecdote

Mon BFF Leonardo m'avait manqué.

Assis sur un banc, regardant la foule passer, je patiente en voyant la jauge de présence augmenter. Un médecin ? Non. Ce noble qui bavarde ? Non plus. La jauge s'illumine et pile à ce moment-là, une courtisane tourne le coin de la rue. Elle est dans un groupe, dissimulée, mais je devine à son attitude que quelqu'un la dirige. En effet, alors que le groupe bifurque à droite, celle-ci s'en désolidarise d'un pas hésitant. Aucun PNJ ne quitte le groupe. Elle vient vers moi, qui suis idéalement placé sur un chemin menant à une place animée. Elle marche lentement. Elle est à portée de lame mais je patiente encore : plus j'attends, plus le score sera élevé. Encore quelques instants et elle sera à la limite de ma portée... mais oui, c'est bon : ma jauge est au maximum. D'une pression, je me lève et sans qu'elle ne s'en rende compte, la voilà empoisonnée. Elle mourra quinze mètres plus loin, tournant dans tous les sens, s'attaquant à des personnages non joueurs, perdant des points tandis que j'approche le score parfait.

Le mode multijoueur apparu avec Brotherhood en 2010 puis magnifié un an plus tard dans Revelations a eu l'effet d'un pavé dans la marre. À l'opposé du frag facile et à la chaîne, ce mode reposait sur le jeu du killer, où l'art et la manière de tuer le plus discrètement possible une seule cible déterminée en cascade entre les joueurs rapportait un maximum de points. Et si on devait comparer mon temps passé sur tous les jeux en ligne auxquels j'ai pu jouer, celui d'Assassin's Creed l'emporte haut la main. J'étais tellement fan que j'ai participé à la bêta précédant la sortie de Brotherhood, j'ai eu l'immense privilège d'interviewer Damien Kieken, alors Game Director Multijoueur, mais aussi de me frotter à l'équipe du jeu lors d'un événement presse (pour finir sur le podium !). Alors forcément, constatant que cette édition ne comportait pas le mode multijoueur, ce qui est logique après tout, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est tout un morceau qui a fait la gloire de la franchise qui manque à l'appel. Le meilleur mode multijoueur auquel je n'ai jamais joué.
Mais où est passé le multi ?
Les Plus
  • Trois jeux excellents à leur sortie...
  • ... dont les marques du temps sont acceptables
  • Un accompagnement des joueurs novices
  • Une montée en puissance dans les titres
  • Des univers riches, détaillées, vivants
Les Moins
  • L'absence regrettée de l'épique mode multijoueur
  • Aucun contrôle vidéo sur les deux courts métrages
Résultat

Trois jeux et toute la vie d'Ezio sont enfermés dans ces quelques gigaoctets de données. Assassin's Creed : The Ezio Collection, c'est l'assemblage du meilleur de la saga, avec une approche ludique des plus soignées. Replonger dans ces titres de presque 15 ans fait prendre conscience de leur aura et solidité à travers le temps. Florence n'a pas pris une ride, Venise est toujours aussi belle, Rome reste majestueuse. Ce sont des dizaines d'heures de jeu de qualité qui attendent de se retrouver entre vos mains, rien de censé ne doit vous faire hésiter face à cette trilogie qui, comme un bon vin italien, se bonifie au fil des épisodes.

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