Test | Little Nightmares II
24 févr. 2021

Un doublé pour Six

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Little Nightmares II

La peur et l'angoisse sont deux sentiments puissants qu'on a parfois bien du mal à contrôler, surtout quand on est un enfant exposé aux mystères de l'obscurité et aux bruits suspects. En 2017, le concept avait été exploité avec talent sur Little Nightmares par Tarsier. Auréolée d'un accueil chaleureux et justifié, l'équipe suédoise remet le couvert avec une suite qui n'en est peut-être pas tout à fait une...

L'histoire

Bonjour, je m'appelle Mono. Je ne sais pas où je suis. Je crois que je suis perdu dans cette forêt. Il y a un téléviseur à côté de moi. Qu'est-ce qu'il fait ici ? Il n'est pas branché, il ne peut même pas servir ! Je ferais mieux d'avancer pour sortir de cet endroit lugubre. Tiens, il y a une cabane un peu plus loin. Il y a peut-être quelqu'un à l'intérieur. Peut-être même qu'on pourra m'aider à retrouver mon chemin...

À l'image de son prédécesseur, Little Nightmares II déroule son scénario à la vitesse d'un compte-gouttes encrassé. Toutes ces zones d'ombre permettent de mettre en place une ambiance de premier choix, évidemment propice à l'angoisse. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est très efficace. À mesure de votre progression dans le jeu, vos questions s'accumulent et le sentiment que vous n'obtiendrez finalement aucune vraie réponse devient prépondérant. Qu'à cela ne tienne, cette histoire aussi énigmatique soit-elle parvient assez facilement à vous maintenir en haleine jusqu'à sa conclusion.
Un Mono sans colonie

Le principe

Rester dans l'ombre est souvent la meilleure des tactiques.

Comme Six dans Little Nightmares, vous dirigez Mono dans des environnements en 2.5 D essentiellement en le déplaçant à l'horizontale. Ça tombe bien car, également comme Six à l'époque, Mono a un peu de mal avec les déplacements en profondeur. Il arrive parfois qu'il doive s'enfoncer dans les décors. Le voir alors butter contre un obstacle dissimulé par l'obscurité ou même chuter d'une passerelle positionnée en diagonale pourrait ne pas être rare. Méfiez-vous, surtout dans les séquences de fuite.

Question fuite justement, vous en aurez pour votre argent avec des moments particulièrement flippants vous forçant à un timing précis. Le jeu n'hésite pas à se rapprocher alors du die and retry pour la plus grande déconvenue des joueurs les moins patients. Cela dit, rien d'insurmontable, rassurez-vous. Mono est un petit être chétif trépassant sous les mains ou dents des monstruosités environnantes dès qu'il est repéré. La plupart du temps, il doit donc rester dans l'ombre pour se soustraire des yeux ennemis. Heureusement pour lui (et c'est là une nouveauté par rapport à l'épisode précédent), il a la possibilité d'utiliser des objets pour se défendre, voire même définitivement écarter certaines menaces.

Le gameplay de Little Nightmares II s'élargit très vite avec la coopération d'un second personnage (non jouable) bien connu des fans de la première heure puisqu'il s'agit de Six. Eh oui, l'héroïne du volet initial est de retour. Elle peut faciliter la tâche de Mono en lui faisant la courte échelle, le rattrapant après un saut ou bien encore en interagissant avec divers éléments des décors. Les deux enfants peuvent même s'appeler et se tenir par la main, renforçant votre empathie à leur égard.
Et on se prend la main

L'emballage

Voilà probablement ce qui arrive quand on abuse des émissions d'NRJ12.

Little Nightmares II est un vrai jeu d'ambiance. Il prend ainsi un malin plaisir à jouer avec l'obscurité, les angles morts, les bruits suspects et les musiques qui font monter le rythme cardiaque en un quart de seconde. Les endroits à visiter sont au diapason : cabane dans les bois, vieille école au plancher qui craque, hôpital désaffecté... Quant aux personnages, le mot bestiaire est on ne peut plus approprié. S'ils gardent une apparence vaguement humaine, les occupants des lieux ont plus à voir du monstre que du passant amical. L'ensemble est lugubre à souhait, d'une précision impeccable et surtout d'une beauté glaçante.
Un jeu qui vous ambiance

Pour qui ?

Quand vous ne les éclairez pas, ces mannequins foncent droit sur vous...

Les adeptes de la mystérieuse Six et son imperméable jaune seront à la fête puisque Little Nightmares II reprend le même principe. Vous retrouverez ici les qualités esthétiques et ludiques du premier volet, assaisonnées avec quelques nouveautés bien vues et donc bienvenues. Une fois encore, cette drôle d'ambiance fait mouche, même si elle tire finalement des ficelles assez classiques question peurs de l'enfance. Cette ambiance un peu glauque (mais jamais gore) et le scénario toujours aussi obscure peuvent tout à fait interpeller les nouveaux venus, car rien ne vient réellement répondre aux questions engendrées par l'intrigue initiale. Tant mieux, les jeux d'ambiance accessibles et bien fichus ne sont pas si fréquents.
Petites peurs mais grandes conséquences

L'anecdote

Quel est l'objet qui capte le plus notre attention au quotidien ?

Dans Little Nightmares II, vous allez rencontrer de nombreux téléviseurs, parfois allumés, parfois éteins, mais toujours avec un pouvoir d'attraction impressionnant sur les humains à proximité. Ils sont happés, comme hypnotisés par l'écran lumineux. Et seule une coupure de courant pourra les détourner de cette emprise. Lorsqu'ils en sortent enfin, on ne peut pas dire qu'ils soient de très bonne humeur, mieux vaut ne pas rester dans leurs pattes. Le parallèle avec notre société actuelle, envahie d'écrans (tous formats confondus) et la consommation assez hallucinante que nous en faisons chaque jour est flagrant. Reste à espérer que notre avenir ne sera pas à l'image de celui décrit dans le jeu.
Utilisons plus souvent le bouton OFF
Les Plus
  • L'ambiance si spéciale est toujours là
  • Des environnements lugubres à la beauté glaçante
  • Les séquences de fuites ultra efficaces
  • L'interaction entre les deux héros
  • L'utilisation des sources lumineuses
  • Les montées régulières d'adrénaline assurent l'intérêt
  • Des énigmes simples mais qui valent le détour
Les Moins
  • Un DLC étonnement "caché" pourtant argument commercial de l'édition collector
  • Des approximations pour les déplacements en profondeur
  • Une intrigue plutôt obscure
Résultat

De part ses qualités ludiques et esthétiques, Little Nightmares méritait bien une suite. Les héros sans défense, à la merci de l'obscurité et des dangers qui peuvent s'y cacher, ça ne court pas tant que ça les rues. L'utilisation de ficelles universelles que l'on a tous connues enfant (peur du noir, de l'abandon, de l'autorité aussi), ficelles que l'on n'a pas forcément toutes abandonnées devenu adulte, ajoute à votre niveau d'implication. Prendre soin de ces deux protagonistes si chétifs devient votre priorité jusqu'à cette conclusion étonnante. L'ambiance est là, le mystère aussi et l'efficacité évidente. Ce Little Nightmares II ne vous captera pas très longtemps mais l'expérience aura été de choix.

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