Test | Mad Rat Dead

21 nov. 2020

Au fin fond d'une obscure cage de laboratoire, votre existence de rat se termine dans la plus grande indifférence de tous. Mais ce qui suit ne ressemble pas à un long tunnel au bout duquel se trouverait la lumière attractive du salut. Dans un décor paradisiaque de fromage fondu, une fée vous interpelle et vous propose, vous, modeste rat, de revivre votre dernière journée pour tenter de bien finir votre vie. Par quelques choix dans les dialogues, vous pouvez exprimer vos regrets ou votre haine envers ce laborantin qui a mis court à votre existence, puis fomenter un plan de vengeance à son égard. Vous voilà donc renvoyé 24 heures plus tôt, dans votre cage, avec comme objectif de faire mieux que Michael Scofield. Cerise sur le cheddar, il se trouve que votre cœur en profite pour devenir un être conscient à part entière et devenir votre compagnon de cavale. Car à présent, pour pouvoir vous mouvoir dans des mouvements erratiques tel un cadavre traversé par des décharges électriques, il vous faudra suivre en rythme le tempo endiablé des battements de votre cœur. Branchez votre casque, montez le volume, la musique et la haine vous habitent à présent.

Présenté comme un mix entre jeu musical et jeu de plateforme, Mad Rat Dead emprunte en effet aux deux genres pour créer un ensemble ne parvenant pas réellement à trancher dans l'une ou l'autre direction. Chaque niveau repose sur le même principe : parvenir à atteindre l'arrivée dans un temps donné, en évitant les pièges. Pour ce faire : appuyez en rythme sur les touches de déplacement ou d'action, pour arriver à transformer votre rat lourdeau en véritable rat d'opéra. Une pulsation continue vous indique le rythme à suivre, en bas de l'écran, malheureusement loin d'être très lisible pendant l'action. Il faudra rapidement détourner les yeux de cet indicateur et plutôt vous fier à votre oreille : le rythme de la musique vous donnera le la. Réussite du jeu, la playlist est composée de titres jazzy, entraînants et variés, et sera votre moteur tout au long de l'aventure. Le beat de chaque morceau est appuyé par vos actions : un son pour les sauts, un autre pour vos pas, un dernier pour les ennemis écrasés sous votre passage, et cela donne une mélodie qui ne se brisera qu'au son de vos échecs de tempo. Si le combo s'interrompt, pas de panique, c'est juste un faux-pas.

Si par contre votre rat se heurte à un étrange ennemi fluo, plus proche du virus qu'autre chose, votre compagnon cardiaque vous propose de revenir quelques secondes en arrière, à la frame de votre choix pour retenter le coup. Cette aide salvatrice vous sera utile de très, pour ne pas dire trop, nombreuses fois. Les passages de pure plateforme sont étonnamment retors, avec des ennemis prenant plaisir à apparaître spontanément ou vous bloquant le passage, obligeant malheureusement à mourir, encore et encore, jusqu'à terminer un niveau avec un sentiment d'amertume face à cette difficulté abusivement relevée. Tout cela étant certainement dans un objectif de rejouabilité mais qui, probablement, ne vous emballera pas plus que ça.

Là où Mad Rat Dead aurait pu sortir du lot en proposant un jeu de rythme orienté action à la manière d'un Crypt of the NecroDancer, le titre reste avant tout focalisé sur sa base de jeu de plateforme, avec un tempérament certes rythmé mais décourageant par sa difficulté. Le jeu se révèle peu accessible et semble destiné aux joueurs hargneux, recherchant le combo parfait pour s'extirper de situations où le rythme prédomine sur l'amusement. Certains passages ne laissent aucune place à l'erreur et décourageront les moins téméraires. Fort heureusement, la playlist de haut niveau vous fera tenir un peu plus longtemps, l'ambiance jazz/big band étant des plus agréable. En totale contradiction avec l'attitude beauf et négative de notre rat, habité tel un Anakin Skywalker par une violence et une rancune sans limites.

J'avoue avoir montré une certaine persévérance, pouvant s'apparenter à de l'acharnement, pour avancer dans certains passages peuplés d'ennemis. Il est possible de bondir dessus, si vous activez une touche d'action au bon moment. Mais à la différence d'un Mario qui se contenterait de prendre son élan pour aplatir son ennemi, le rat doit d'abord effectuer un focus (automatique) sur l'ennemi pour pouvoir ensuite lui rebondir sur la tête. Sans ce focus, l'ennemi vous tue d'un simple contact. Certains passages, donc, nécessitent de sauter d'ennemi en ennemi pour rejoindre la plateforme suivante. Sans trouver le bon rythme, j'enchaînais les échecs et enrageais à chaque nouvel essai infructueux. Jusqu'à réussir d'un coup le passage mortel, et me dire que finalement ça n'était pas compliqué. Malgré mon avancée dans le jeu, je n'ai toujours pas compris comment ce focus se déclenche. Tuer un ennemi reste pour moi un savant mélange de hasard et de chance : j'ai définitivement abandonné l'idée de maîtriser l'art du combat de rat.