Preview | Fatherhood
20 août 2025

Papa sous les bombes

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Fatherhood

Dans un paysage vidéoludique saturé de jeux de guerre, rares sont ceux qui osent adopter le regard des survivants. C'est justement la promesse de Fatherhood, un titre encore en développement et qui prépare sa campagne Kickstarter. Nous avons pu découvrir une première version du jeu, et il nous tardait de partager avec vous nos impressions sur cette expérience déjà marquante, où la survie se joue autant dans les ruines que dans le lien fragile entre un père et sa fille.

Un père, une fille, une guerre

Fatherhood vous met dans la peau d'un père, un survivant au choix aussi bouleversant qu'audacieux : protéger sa fille... devenue aveugle à cause de la guerre. Contrairement à la plupart des jeux de guerre, ici vous n'êtes pas un soldat, mais un parent combatif confronté à la guerre dans ses ramifications les plus personnelles. Dans cette aventure side-scrolling 2.5D, en toile de fond très sobre, chaque décision se transforme en un dilemme interactif : sauver un civil – soigner un soldat qui deviendra votre guide, ou extraire un enfant d'un amas de décombres – avec un seul outil sous la main : votre empathie. Le temps est compté, les objets nécessaires (médicaments, outils) sont disséminés en toute logique près de la scène, et l'infiltration s'appuie sur la furtivité – lever un obstacle en silence, progresser dans l'ombre.


L'ambiance minimaliste, qui rappelle Inside ou surtout Soldats Inconnus et This War Of Mine, est mise au service d'un récit profondément humain, alors que la musique très discrète laisse d'abord parler les tirs et les secousses explosives. Le lien entre le père et sa petite fille, qu'il doit guider entre champs de mines ou couloirs en ruine, crée immédiatement une angoisse douce et addictive.

Sombre et stylisé

Tuer n'est jamais anodin. Pour preuve l'indication très visible en haut à droite de l'écran.

Ce qui frappe au premier regard, c'est cette direction artistique minimaliste à forte charge narrative. Les arrière-plans sobres, alliés à une interface très visuelle où les instructions apparaissent comme intégrées – mots stylisés dans les décors – contribuent à l'immersion. Lorsque le danger s'efface, tout devient simple et presque doux avec les rayons du soleil ; en revanche, à l'approche d'une menace, les graphismes s'épurent, ne laissant que les contours et teintes sanguines, comme si le monde se réduisait à la survie pure.


Quelques interactions exigent une pose précise du personnage, ce qui témoigne du soin apporté au level design – même si le jeu est encore en phase de prototype (et mérite sans doute d'être peaufiné pour fluidifier ces moments délicats). L'expérience s'ancre aussi dans l'inédit : peu de jeux osent raconter la guerre du point de vue des survivants sans prendre parti armé ni glorifier la violence. Fatherhood fait ce pari narratif, en augmentant son impact à travers ces moments d'empathie éclairés et chargés d'humanité.

Ce qu’on en pense

La fillette nécessite d'être régulièrement enlacée pour la rassurer.

Fatherhood apparaît déjà comme une expérience forte, juste et terriblement nécessaire. C'est rare de se retrouver submergé par un jeu dès son introduction, juste avec la force du récit, du minimalisme visuel et d'une mécanique de soin, de course et d'observation. On sent que beaucoup de peaufinage reste à faire (précision des interactions, fluidité, équilibre narratif), mais le potentiel est puissant. La perspective d'un univers aussi intime, porté par le personnage d'un père ordinaire, nous a déjà conquis. On en sort remué, peut-être même sensibilisé – et impatient de voir comment l'histoire, la tension et les choix émotionnels pourront s'étoffer. En attendant, nous vous encourageons à garder un œil sur cette pépite en devenir. Pourquoi pas en surveillant le lancement prochain de la campagne Kickstarter qui permettra de soutenir le projet ?

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Tribune libre