Test | Perception
06 juil. 2017

Percevoir une déception ?

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Perception

L'originalité de Perception a de quoi attirer l'œil : 95 % de l'écran est noir. L'héroïne, que vous incarnez, a la particularité d'être aveugle depuis toute petite. Perception vous laisse tout de même entr'apercevoir des éléments du décor, dans une maison qui se veut hantée par les générations passées. Vous explorez leurs histoires et leurs malédictions afin de faire la lumière sur ces mystères...

L'histoire

Ce test commence mal. Car l'histoire, en réalité, est le gros point d'interrogation de ce jeu. Elle est tout bonnement incompréhensible. Comme dans d'innombrables jeux issus d'une campagne Kickstarter, l'histoire se veut tordue et morcelée, pour ajouter du mystère là où il n'y en a pas. Mais c'est raté. Dans Perception, il est question d'une maison qui a été habitée par quatre familles différentes, à quatre époques successives correspondant chacune à un chapitre du jeu. Vous récoltez des lettres posées de-ci de-là, écoutez des enregistrements sonores des différents protagonistes... À vous de vous débrouiller pour 1) reconstituer l'arbre généalogique de chaque famille, 2) comprendre les problèmes de chacun, 3) remettre tout ça dans l'ordre. Et entre nous, c'est plus agaçant qu'autre chose.

Lire une lettre à l'écran n'a jamais procuré une quelconque sensation positive dans un jeu. Dites-vous que dans Perception, c'est la base du concept. Un jeu épistolaire, en somme. Toujours est-il que par un concours de circonstances, la maison est "hantée" par une présence qui influe sur ses occupants. Il n'aura pas fallu dix minutes de jeu pour comprendre cela mais c'est de manière poussive qu'il vous faudra malgré tout explorer chaque chapitre et les histoires de ses occupants dont vous ne parviendrez pas à vous sentir proche.
Un air de déjà-vu : la maison est hantée

Le principe

Le berceau a bougé tout seul. Flippant.

Vous démarrez au pied d'une immense villa abandonnée. Le vent souffle et dessine des traces dans l'air : vous êtes aveugle et les bruits qui raisonnent dans l'espace fonctionnent pour vous comme le sonar d'un dauphin, vous permettant de saisir les contours de votre environnement. Si l'idée de base est bonne, la réalisation pose question. En effet, le sens auditif, qui est un appui fort chez les personnes aveugles, est clairement sous-exploité dans Perception. Au mieux quelques claquements de portes lointains vous feront – parfois – tressaillir, mais jamais vous n'aurez le stress de la sensation d'une présence étrangère autour de vous. Alors que le potentiel est là.

En donnant un coup de canne sur le sol, vous apercevez pendant quelques secondes les meubles, les murs, les portes. La méthode classique consiste ensuite à longer les murs pour récolter les indices : les fameuses lettres, insupportables, déclenchent des actions scriptées qui débloquent des portes verrouillées. Vous explorez la même maison à quatre époques différentes avec des variantes dans l'aménagement des pièces mais le principe reste identique. Si vous tapotez trop fort (mais vraiment super fort, pour ne pas dire comme un sourd), la présence viendra vous croquer et vous recommencez peinard à quelques encablures de là. Visiblement il ne restait plus assez de sous dans la cagnotte Kickstarter pour ajouter une petite dose de stress.
Qui a vu verra. Vu ?

Pour qui ?

Des fois vous trouvez des cadavres. Mais ils ne sentent pas.

Perception aurait pu être un jeu qui fait peur mais une fois que vous avez compris que la pénombre est votre amie, vous ne risquez absolument rien. Perception aurait pu être une expérience intéressante sur l'absence de vision, mais l'effet sonar est bien trop facile et l'aspect sonore est quasi absent du titre. Perception aurait pu raconter une histoire captivante mais au lieu de cela le jeu vous laisse en plan avec des bribes d'informations pas très avenantes à lire et difficiles à raccrocher entre elles. Perception aurait pu être vous ... mais il est probable qu'à ce stade, vous avez déjà décidé de passer votre chemin.
Elle a les yeux de son père

L'anecdote

Cachez-vous si vous êtes un gros balourd qui fait trop de bruit

À la toute fin du jeu, on apprend que le directeur du jeu est le descendant d'une femme brûlée au XVIIe siècle pour sorcellerie. Et si j'ai bien compris, la "présence" dans la maison serait inspirée de cette femme. Ok. Tout ça pour ça. Clairement, vous avez affaire à un jeu qui a dû faire plaisir à sa famille, mais en tant que joueur complètement déconnecté de tout lien de parenté avec une sorcière (réelle ou fausse), vous aurez sincèrement du mal à adhérer à Perception. Même l'époque la plus réussie, celle d'un inventeur germanique Tesla-like qui bidouillait des automates semble survolée. Le jeu aurait pu se reposer uniquement sur cette période, de loin la plus intéressante et la plus riche en astuces de gameplay. J'ai commencé à trouver Perception amusant quand les automates ont décidé de me tirer dessus et que j'ai dû emprunter quelques passages secrets pour leur échapper. Mais malheureusement, cela arrive quasiment à la fin du jeu et ne dure pas.
Comme un rendez-vous manqué
Les Plus
  • Un jeu où la pénombre est votre amie
Les Moins
  • L'histoire est globalement inintéressante
  • Le son est sous-exploité
  • La présence ne sert strictement à rien
  • Une version française translated only à moitié
Résultat

Sur le papier, tout de Perception est alléchant : enfin un jeu où les graphismes ne sont pas la priorité, sur fond d'histoire vraie, le tout à la sauce indé. Mais justement. Ras-le-bol de l'excuse du jeu indé créé grâce à Kickstarter qui autorise toutes les facilités. Perception semble être à mille lieues de votre intérêt de joueur et se fait plaisir en solo. C'est clairement dommage, car il y avait bien quelque chose d'intéressant tant dans la démarche que l'approche visuelle. Mais non, clairement, il n'y a rien à voir.

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