Test | Blue Estate
03 sept. 2014

Twist and shout

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Blue Estate

Il faut le savoir, ou du moins être prévenu : Blue Estate est tiré d'une BD éponyme, qui mêle gros flingues, mafia, strip-teaseuses et détective privé. Le tout dans un grand mélange de n'importe quoi fidèlement retranscrit dans le jeu. Attrapez votre manette de PS4 : voilà, vous tenez entre les mains votre gros calibre, vous êtes prêt à tirer sur plusieurs centaines d'ennemis. Et à recalibrer tous les 10 tirs.

L'histoire

Si vous ne connaissez pas la bande dessinée, un narrateur vous précise qui est qui et qui fait quoi. Dans les grandes lignes, vous incarnez deux personnages : d'abord Tony Luciano, fils d'un patron de la mafia qui le considère comme la pire de ses déceptions mais qui lui confie tout de même une mission. Mais comme Tony échoue, vous incarnez ensuite un ex NAVY Seal reconvertit aux services de la cosa nostre. La trame tourne autour du vol d'un cheval de course et vous mènera successivement dans un club pour hommes, un cimetière, une réception de mariage, des égouts, une usine de viande pour fastfood (OKFC), pour terminer en Jamaïque. Un piètre détective privé vous raconte l'histoire sans manquer de digression, interrompues par le jeu qui chambre le personnage à tout bout de champ. Vous avez pris vos acides ? Parce que le délire est total.
Tu douilles ?

Le principe

Observez le combo

Dans ce railshooter, vous êtes bien installé comme dans une attraction et vous avancez progressivement dans le décor, faisant face à des hordes d'ennemis qui mettent beaucoup de temps à ajuster leur tir. Soyons honnêtes, si les ennemis étaient bons vous seriez en très mauvaise posture. Car la particularité de Blue Estate sur PlayStation 4 est de ne se jouer sans l'accessoire caméra de tracking : c'est le gyroscope de la manette qui fait tout le boulot. Bonne idée sur le papier : tout le monde peut profiter du jeu. En réalité, le gyroscope n'est clairement pas l'idéal pour ce type de jeux qui nécessitent de la nervosité. Toutes les dix secondes, vous appuyez sur le bouton de remise à plat du calibrage, faute de quoi votre viseur partira invariablement dans les coins. C'est un coup à prendre, qui devient presque un réflexe : chargeur vide, recharge, centrage du réticule, et c'est reparti. Cela augmente donc la difficulté du jeu, balancée par des ennemis plus abordables, d'autant que vous êtes la plupart du temps à découvert. Quelques rares passages autorisent une couverture derrière un bureau, une caisse ou un baril, mais cela ne se révèle que d'une utilité limitée. Car pendant ce temps, vos ennemis sont en place près à vous arroser de balles. Une icône indique sur chacun d'eux leur précision, et donc leur dangerosité. Plus vous tardez à abattre un ennemi, plus il aura le temps de viser juste, et de vous faire mal. Pour faire davantage de dégâts qu'avec votre pistolet par défaut – qui a l'avantage des munitions illimitées –, vous trouverez en chemin une arme plus dévastatrice, tel qu'un fusil à pompe ou un fusil mitrailleur. Rien de fou, Blue Estate reste extrêmement sage. Lorsqu'un ennemi vous envoie une grenade, un glissade du doigt sur le pavé tactile de la manette déclenche un retour à l'envoyeur. Il en va de même pour contrer les rigolos qui vous foncent dessus un sabre à la main. Et de temps en temps, une petite action du type "tap taupe" se déclenche, vous imposant de tirer dans le bon ordre sur les ennemis pour déclencher un bonus.
Fallait pas chercher don Luciano !

Le multi

Sans les mains !

Un deuxième joueur peut vous rejoindre, mais pas en cours de partie. Le scénario solo et multi sont identiques mais le déblocage des niveaux se fait seul ou à deux. Si vous avez terminé l'aventure en solo, vous devrez la reprendre de zéro avec un camarade à côté de vous. Blue Estate devient un peu plus intéressant avec un coéquipier : vous vous répartissez les ennemis, vous vous couvrez pendant qu'un des joueurs a besoin de recharger, et les stratégies pour battre les boss peuvent se combiner. Ces derniers requièrent en effet de passer par différents stades avant d'être vulnérables, une attaque croisée facilite les choses.
Je m'occupe du gros !

Pour qui ?

Le genre de scène banale

Blue Estate s'adresse aussi bien aux fan de la BD qu'à ceux qui découvrent cet univers. Ca n'est absolument pas une problématique d'être novice, même si vous ressortez de l'aventure avec une vague impression de grand n'importe quoi, certes assumé mais un peu déroutant. Les niveaux offrant une difficulté croissante, vous serez rapidement tenté d'affiner votre dextérité en enchaînant les combos, multipliant ainsi votre score. Le jeu fonctionnant sur le même principe tout du long, le défi du highscore deviendra vite ce qui vous poussera à faire mieux. Et si vous avez le courage, à recommencer les niveaux, qui constituent tout de même environ 20 bonnes minutes de shoot chacun.
Les énervés de la gachette

L'anecdote

Il ne va pas tarder à avoir du plomb dans l'aile

Difficile de n'en citer qu'une, le jeu est truffé de détails stupides. Vous croiserez souvent des chiwawas qui, attirés par un élixir, tenteront de vous grimper la jambe. Une petite glissade sur le pavé tactile et hop ! le petit chien vole vers votre ennemi. Cela reste un jeu, je rassure les personnes qui pourraient être choquées. Le pavé tactile a d'ailleurs d'autres utilités, outre de renvoyer les grenades. L'anti-héros qu'est Tony Luciano se trouve très beau avec sa mèche de cheveux. Le souci est qu'elle lui tombe régulièrement devant les yeux, vous empêchant de voir sur qui tirer. Une glissade sur le pad et vous voilà recoiffé.
Bonus de tir dans les parties...
Les Plus
  • C'est fun
  • Des niveaux longs et riches en ennemis
  • Les dialogues
Les Moins
  • Le recalibrage permanent
  • Attendez une promo
Résultat

Les rail shooters ne sont pas légions et sont souvent l'occasion de tirer dans des zombies. Celui-ci fait le pari de l'originalité par un univers complètement loufoque, que certains joueurs apprécient déjà en version imprimée. Malheureusement, pour les étrangers à l'univers Blue Estate, ça n'est pas simple d'y plonger sans avoir l'impression d'être l'intrus parmi des retrouvailles de vieux amis. Outre cet aspect, la prise en main pose un vrai souci. L'idée est bonne de profiter des capacités de la PS4 pour ouvrir le jeu à tous ; mais au prix d'une certaine pénibilité, certes surmontable. Avec une durée de vie correcte et des niveaux qui se refont au moins une fois, vous passerez tout de même un bon moment.

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