Test | Blackguards
22 mars 2014

L'audace a du bon

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Blackguards

Après de très bons point & click dans des mondes riches en couleurs ou en poésie, Daedalic profite de l'univers de The Dark Eye pour remettre au goût du jour un genre disparu ou presque : le jeu de rôle stratégique au tour par tour avec des cases. Blackguards rappellera des bons souvenirs aux anciens que nous sommes mais a t-il pour autant de quoi attirer un nouveau public ?

L'histoire

Blackguards bénéficie d'un univers sombre bien loin de l'habitude des développeurs. En effet, si ordinairement "héros" rime avec "personnage propre sur lui", commencer sa partie dans une prison entourée d'aventuriers dans la même posture pour divers crimes met tout de suite dans l'ambiance. Votre amie a été tuée par un loup devant vos yeux sans que vous ne puissiez intervenir et les experts locaux ne trouvent pas de trace de la bête. Vous êtes donc logiquement accusé de ce meurtre. Et comme il est difficile de s'innocenter en prison, condamné à une mort certaine, il vous faut prendre la poudre d'escampette. Avec l'aide de Naurim, un nain, et Zordan, un mage peu fréquentable, bientôt rejoint par d'autres compagnons, vous allez partir sur les traces du vrai meurtrier. Les premières heures du scénario font office de didacticiel et l'étendu des possibilités s'offre à vous très vite. Entre rebondissements, rencontres surprenantes et lieux toujours plus sombres, l'univers de Blackguards se révèle prenant sur le moyen et long terme. Les quêtes impactent souvent les relations que vous entretenez avec vos compagnons et donc votre stratégie de combat. Du très bon surtout quand il faut compter environ 30 heures pour venir à bout des cinq chapitres du scénario.
Pas de long fleuve tranquille

Le principe

La prison sera peut-être l'endroit le plus sûr pour vous.

Après la création de votre personnage, soit en choisissant un héros prédéfini, à savoir guerrier, rôdeur ou mage, mais préférable pour une première partie, soit en personnalisant les caractéristiques vous même, pour arriver au résultat qui vous correspond. Le second choix vous laisse alors beaucoup de possibilités sur les attributs mais les erreurs peuvent être nombreuses et surtout peuvent rapidement vous coûter votre partie. Après ce choix, et quelques combats, vous arrivez au cœur de tout bon jeu de rôle, le système de distribution de point. Ici, vous retrouvez tout ce qui fait la richesse des jeux sur table dans la fiche de personnage. Possibilité de manier un type d'arme, magie, caractéristiques ou compétences, autant de choix qu'il vous faudra mesurer pour venir à bout de ce jeu. Dans Blackguards, ne comptez pas remplir tous les points de talents et toutes les magies. Il vous faut souvent choisir une à deux caractéristiques que vous pousserez dans leurs maximum si vous voulez espérer voir la fin de ce jeu qui donne des sueurs froides.

Dans les combats, Blackguards met en avant la stratégie et la ruse à défaut de coup d'épée épique ou légendaire. Si pour certains, Crom rira d'eux, ce choix vous force à appliquer une logique puis une stratégie de combat bien rodées. A l'aide de la touche V de votre clavier, vous faites apparaître les éléments avec lesquels l'interaction est possible. Mais il vous faut mesurer l'utilisation de cette interaction avant de vous lancer. Faire tomber un plafonnier sur les ennemis est une très bonne idée mais il faut les attirer en dessous, et par quel mesure l'appât ne risque t-il pas lui aussi sa peau par la chute du plafonnier ? Bref, bien souvent, il vous faut réfléchir à chaque combat, voire mesurer l'impact d'un choix sur plusieurs combats. La partie stratégie est un pur régal et devient rapidement très prenante surtout quand on sait que l'on ne peut réapprovisionner en cours de combat et que les seules armes disponibles sont celles que vous avez paramétrées sur vos trois sets.
La stratégie avant tout

Pour qui ?

Entre héros prédéfini et entièrement personnalisable, le choix sera difficille.

Blackguards semble se réserver une part belle de la population des joueurs PC. Le jeu n'étant pas vraiment gourmand ni en mémoire, ni en capacité graphique, les restrictions sont alors plus d'ordre de la jouabilité et de la réticence au genre. En effet, les non initiés pourront trouver laborieux certains combats mais le plaisir est là et au bout de quelques combats, tout un chacun pourra se réjouir de sa réussite. Plutôt réservé donc aux stratèges en herbes et aux amateurs du genre.
Stratège Enders

L'anecdote

Les colonnes sont utiles pour se protéger des flèches et des sorts.

Il faut le savoir, Blackguards s'avère difficile voire très difficile. Le système d'évolution est simple aux premiers abords mais les retombés de vos choix ne tardent pas à se faire sentir. Ainsi, dès les premières heures dans ma partie en tant que Rogue, j'avais opté pour des capacités variées. Bien mal m'en a pris puisque après seulement trois heures de jeu, je me retrouvais bloqué dans mes combats. La seule solution a été de reprendre ma seconde sauvegarde, située non loin des geôles, pour repartir sur de meilleures bases. Ainsi, je vous conseille fortement de sauvegarder dans les villes avant de dépenser vos sous et vos points, pour pouvoir recommencer si nécessaire vos attributions.
Sauvegardes multiples
Les Plus
  • La stratégie au cœur des combats
  • Le scénario plaisant et accrocheur
  • La prise de risque sur le genre de jeu
  • Des arbres de compétences et talents très complets
  • La diversité des décors de combats
  • Le loot ne fait pas tout
Les Moins
  • La difficulté à obtenir des points de compétences avec une progression lente
  • Des problèmes de caméra lors de certains combats
  • Un doublage à revoir
Résultat

A n'en pas douter, Blackguards dispose de vraies armes pour séduire une large tranche de joueurs en mal de gameplay bien ficelé. Dans son choix de mettre en avant les combats, Daedalic pourra dégouter certains mais aussi faire brûler les neurones d'un plus grand nombre. Certes les statistiques de coups réussis ne sont pas forcément correctes et les quatre premières heures apparaissent un peu laborieuses, mais le plaisir est là que ce soit dans la difficulté des combats ou dans le bonheur de réussir les actions contextuelles qui faciliteront votre progression. Pour un premier du genre, le studio Daedalic s'en tire beaucoup mieux qu'avec les honneurs. Un très bon investissement !

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