Test | Avec Dead Space 3 la survie prend des anabolisants
27 févr. 2013

Testé par sur
Aussi disponible sur
Dead Space 3

Après deux épisodes marquants, le renouveau du survival horror : Dead Space 3 se devait de réussir aussi bien que ses grands-frères. A la recherche de nouvelles expériences de jeu, Visceral games acouche d'un troisième cru bourrin et musclé. Trop peut-être, et cela ne va pas plaire à tout le monde.

Manque de volontaires ?

Revoilà Isaac, le plus célèbre des plombiers de l'espace, confronté aux terribles adorateurs de monolithes noirs, rouges, ou bleus à pois verts. Chacun le sait, la renommée de la série repose bien plus sur son ambiance que sur son scénario. Malheureusement, le prologue franchit allègrement la limite des clichés autorisés dans un jeu vidéo. Si commencer par une vidéo récapitulative paraît la bienvenue, la première phase de jeu fait mauvaise impression : ultra scripté, pétaradante, elle ne montre pas le gameplay du titre sous son meilleur jour. Elle débute par un flashback qui vous amène sur la planète Tau Volontis dans la peau d'un soldat de la colonie. Deux cents ans plus tard, vous retrouvez ce cher Isaac dans une forme olympique en proie avec des humains. Oui, des humains. Les membres unitologue de la secte veulent rétablir le réseau des monolithes afin d'étendre les pouvoirs de ces dangereux artefacts. Seules les informations présentes sur la planète glacière Tau Volontis pourraient permettre de sauver l'univers. Vous voilà embarqués dans un classique sauvetage interplanétaire, mâtiné d'une intrigue amoureuse digne du pire des teen movies. Si le prologue s'avère catastrophique, la première partie du jeu (ré)utilise les décors, les ambiances oppressantes des vaisseaux infestés de monstres en tout genre auxquels la série nous a habitués. Les fans que vous êtes ne seront donc pas perdus, et vous prendrez sûrement plaisir à parcourir les couloirs glauques de ces ruines spatiales, même si l'opus peine à se renouveler en terme d'expérience de jeu. La seconde partie sur Tau Volontis, fait prendre au jeu une tournure différente, efficace mais bien trop versée sur l'action.

Etabli étau, spatio-bricolo !

Comme à l'accoutumée vous pouvez améliorer vos combinaisons, selon le même principe que la modification des armes.

En termes de gameplay, on retrouve tout ce qui fait la patte Dead Space. La maniabilité a peu évolué et les quelques ajouts supplémentaires ne la dessert pas. En effet, votre personnage peut maintenant effectuer des roulades et se mettre à couvert. Les roulades sont peu utiles, à part en terrain dégagé afin de s'écarter de ses ennemis. Quant au système de couverture, il vous mettra dans les pires situations car il ne fonctionne qu'une fois sur deux. On regrettera l'impossibilité de se retourner rapidement à l'instar de Resident Evil 4, déjà vieux de 8 ans. Ces deux possibilités se révèlent inutiles au vu des décors étriqués de la première partie: on se retrouve souvent acculé, dans un coin, à vider ses chargeurs anormalement abondants pour le genre. La véritable nouveauté provient du système d'établi qui remplace le magasin, vous permet de créer vos propres armes et objets. A partir de la récolte de métaux et de pièces détachées, vous façonnez votre arsenal à votre image. Sur ce point, cet opus vous permet de ne porter que deux armes. Sur le papier, l'idée parait novatrice ; en pratique, vous mettrez un certain temps à monter les pétoires qui vous siéent le mieux, allant parfois jusqu'à en regretter l'efficacité légendaire du cutter plasma des précédents opus. Ce temps passé dans les menus, vous le perdrez en immersion et, de fait, la perte du côté survival horror se ressent également. Cette impression est renforcée par la gestion de l'inventaire rendu inutile, puisque munitions et kits de soins émergent à grands flots des nombreux corps de vos ennemis. Rapidement, on constate que l'action, soutenue au demeurant, prend le pas sur l'ambiance morbide, auparavant reine de la série. Le prologue exhibe avec verve cet aspect du jeu, puis il revient dans un retour de flamme à l'arrivée sur Tau volontis, où les ennemies vous poussent au bourrinisme sans vergogne. De même, la localisation des dégâts apparaît bien moins précise, et tirer dans le tas vous octroie un succès assuré. Quid de la découpe chirurgicale?

Une nouvelle ère (glacière)

A la fois Désolée et magnifique, voici Tau Volontis.

Au demeurant, Dead Space 3 arbore un aspect graphique léché. Les environnements spatiaux sont toujours efficaces ; les éclairages, primordiaux, et Tau volontis s'avère de toute beauté : un mélange entre The Thing et la chaîne des Alpes. Mais la conception des niveaux à base de couloirs s'affiche sans finesse, vous obligeant par ailleurs à de nombreux allers retours. De plus, les scripts d'apparition des monstres se révèlent trop prévisibles et ne vous surprennent qu'en de(ux) rares occasions. Le brouillard permanent de la seconde moitié du jeu n'est même pas exploité pour dissimuler le bestiaire ; le froid, quant à lui, n'affecte que très peu votre progression. Que reste-t-il à se mettre sous la dent ? Les missions secondaires apportent de la difficulté et aèrent la campagne trop linéaire. En revanche, les férus d'action à outrance ne seront pas déçus, trouvant là un jeu de tir à la troisième personne agréable. La mise en scène "Gears of Waresque" appuie cette affirmation, la présence d'un mode coopération également. Sur ce point, ce troisième opus ne déçoit pas, surprend même. La campagne jouable à deux en ligne propose une expérience sensiblement différente qui s'avère moins frustrante que la partie solo. A bien y regarder le titre semble calibré pour ce mode multi joueur dans lequel les nouveautés du gameplay prennent toute leur importance. Vous pouvez ainsi créer et partager armes et munitions, protéger votre allié et le ranimer. Dead Space 3 oublie quelque peu ses origines, le survival horror, mais se présente sous l'aspect d'un produit maîtrisé et veut ainsi concurrencer les ténors d'un genre dans lequel il ne s'inscrit pas à la base : le tps hollywoodien.
Les Plus
  • Graphiquement à la hauteur
  • Les missions secondaires rafraichissantes
  • Action soutenue
  • La coopération, bienvenue...
Les Moins
  • L'établi , une fausse bonne idée
  • Même pas peur !
  • Des énigmes basées uniquement sur la stase et l'étabi
  • ... Mais uniquement en ligne
  • Les micro-transactions liées à l'établi, une véritable honte
Résultat

Dead Space 3 n'est pas un survival horror. L'amalgame, qui veut que jeu à la troisième personne sous-tend un bourrinisme à base de testostérone, touche de plein fouet la licence. En ces temps de crise il faut bien que nos amis les développeurs survivent ! Mais pour un bon philosophe, ou plutôt pour un fan de la première heure, Dead Space 3 n'a plus l'aura effrayante de ses prédécesseurs. Reste un jeu plaisant, assimilable au plus délectable des spectacles hollywoodiens. A conseiller aux amateurs de pop-corn donc, ou de Gears of War et autres Resident Evil 6. Les autres, faites la première partie : elle vous rappellera tout de même de bon souvenir.

Partagez ce test
Tribune libre