Test | Mordheim : City of the damned
18 janv. 2016

Un passage réussi du plateau au jeu vidéo

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Mordheim

Mordheim : City of the Damned se présente comme le jeu vidéo tiré du jeu de plateau éponyme sous licence Game Workshop. Le défi pour les développeurs, faire profiter aux fans d'un rendu fidèle, tout en attirant les amateurs de stratégie au tour par tour. Pari réussi ?

L'histoire

Après une vidéo introductive sombre, mais magnifique, vous comprenez rapidement l'enjeu de Mordheim : City of the Damned. Dans l'univers de Warhammer, les guerres sont nombreuses. Trois factions se battent pour prendre la tête de l'Empire. Une ville autrefois prospère est en proie à des escarmouches où des bandes rivales s'affrontent pour récupérer les fragments d'une comète à deux queues, une pierre magique. Le projectile provoque la convoitise des Scaven, des rats géants, les mercenaires de l'empire, les Sœurs de Sigma, et le Culte des possédés. À vous de choisir votre camp et de faire prospérer votre escouade au service d'un de ces ordres.

Ce pitch tient en grande partie le scénario. Tout comme le jeu de plateau, il pose les bases de la chose à laquelle vous allez participer. Quelques missions viendront faire progresser la trame scénaristique, sans plus. En revanche, l'ambiance est travaillée, fidèle à son modèle. Les différentes bandes et leurs protagonistes sont visuellement réussis et évoluent dans des décors sombres et à l'architecture travaillé, quoique répétitif. La bande-son du titre calque parfaitement avec l'ambiance. Le thème principal se retient bien. Pourquoi alors le mettre en boucle dans la plupart des missions ?
Des rats, des bonnes soeurs, et des mercenaires

Le principe

Vous avez le choix de la faction dès le début du jeu.

Le titre se divise en deux phases distinctes : la gestion dans le repaire de votre bande et les combats dans les rues infâmes de la ville. Dans votre base, vous gérez la formation de votre escouade. Il vous faut engager un chef, une unité spéciale et des soldats. Chacune de ces unités possède ses particularités. Certains sont experts au corps-à-corps, d'autres à distance ou en magie. Vous pouvez engager des soldats spéciaux, comme un berserker capable d'infliger de lourds dégâts à vos adversaires. Lors de vos missions et dans la boutique, vous achetez de l'équipement, des armes et des vêtements afin d'augmenter les statistiques de vos recrues. Depuis cet hub, il vous faudra répondre aux demandes de vos maîtres qui n'hésiteront pas à vous envoyer au casse-pipe pour quelques fragments de la comète.

Sur le champ de bataille, c'est une autre affaire. Les ennemis retors seront là pour vous mettre des bâtons dans les roues, notamment celle de votre chariot (ce véhicule à l'arrêt supporte votre totem bonus à l'intérieur). Des pièges, des embuscades, vous attendent à tous les coins de rue. Il faudra utiliser vos points d'initiatives judicieusement. Car oui, à l'instar du jeu de plateau, les actions sont déterminées par ces précieux points. Ils déterminent le gain ou non d'un combat se déroulant au tour par tour. Si l'adversaire a plus d'initiative que vous, ces attaques seront plus nombreuses. C'est-à-dire que son tour peut venir plus rapidement si votre attaque échoue. Heureusement, vous pouvez choisir de vous mettre en position d'esquive, de parade, de repli ou carrément fuir. Enfin, cette dernière option sera souvent synonyme d'estafilade douloureuse. Les combats tactiques au possible se termineront sur la mise en déroute de la bande adverse ou de la vôtre. Tous les événements sont pris en compte, vos combattants pourront mourir définitivement ou subir de graves blessures irrémédiables.

Premier défi pour vous, maîtriser l'interface chargée présente dans les deux phases du jeu. Le tutoriel est là pour ça. Il alterne entre mises en pratique et diaporamas d'images. Ce n'est pas toujours évident mais quelques heures de pratiques vous aideront à utiliser toutes les possibilités qui vous sont offertes. Petit à petit, tendre une embuscade, récupérer les denrées, protéger vos unités importantes deviendra une habitude dans ce jeu un peu répétitif. Les différentes missions s'enchaîneront avec des objectifs plus ou moins similaires mais dont le but final reste identique : mettre la bande adverse en déroute. Une chose qui ne sera pas aisée, même avec de l'entraînement. L'IA se montre en effet particulièrement retors et profite souvent d'une plus grande initiative que vous. Il n'est pas rare de perdre après avoir tué les trois quarts des membres d'une bande de se faire rétamer par un personnage surpuissant qui, en deux coups de marteaux, décimera vos effectifs restants. Si l'ambiance rappelle Dark Souls, c'est bien la difficulté du titre qui vous enseignera la dure loi instaurée par l'action RPG japonais.
Du tour par tour à la Dark Souls

Le multi

Les unités spéciales font de très gros dégâts.

Deux modes sont disponibles en multijoueur. Le mode escarmouche, dans lequel vous affrontez des joueurs sans les conséquences parfois mortelles, mais aussi sans butin à récupérer. L'autre, appelé opposition, profite des mêmes règles que le solo. Les parties sont forcément plus intéressantes car l'IA montre rapidement ses faiblesses après quelques heures de jeu, malgré le fait que "les dés" soient de son côté. Pour certain, le multijoueur deviendra une terre d'accueil naturelle, puisque Mordheim : City of the Damned est avant tout l'adaptation d'un jeu de plateau, synonyme de partage et de franche camaraderie (ou des coups bas en douce, c'est à vous de voir).
Home sweet home

Pour qui ?

La caméra est assez libre dans les combats.

Clairement Mordheim : City of the Damned s'adresse aux fans de la première heure. Pour preuve le rendu des unités, rendu avec le plus grand soin. D'ailleurs les fans auront certainement passé quelques heures sur l'accès anticipé. Les amateurs de XCOM : Enemy Unknown pourront également trouver leur bonheur, s'ils sont prêts à défier une difficulté plutôt relevée. Pour les autres, vous devrez faire avec l'IA bête, mais avantagée, la finition un peu légère sur le plan graphique et les menus qui débordent d'informations. Avec de la détermination vous trouverez un titre sympathique capable de vous combler des heures durant.
Stratèges rolistes

L'anecdote

Si les graphismes ne sont pas folichon, l'ambiance est vraiment réussie.

Quand on ne connait pas bien la licence Warhammer, difficile de comprendre la character design. Une des premières missions m'a fait affronter les Sœurs de Sigmas alors que je jouais les Skaven. Ça fait toujours bizarre de se faire botter le cul par des religieuses, même quand on est un rat. Il faut dire que les femmes de dieux manient à la perfection la massue. Ça fout un coup à l'image d'Épinal de la grand-mère tout de noir vêtu sortant de sa deux chevaux !
Oui, des bonnes sœurs contre des rats
Les Plus
  • Une ambiance réussie
  • Une durée de vie exemplaire
  • De la stratégie pure et dure
Les Moins
  • Il manque un vrai filtre anti-aliasing, les temps de chargement longuet
  • Une interface qui déborde
  • Une IA bancale
Résultat

Sans prétention, Mordheim : City of the Damned respecte à la lettre le cahier des charges instauré par Warhammer. Les développeurs de Rogue Factory, des vieux briscards de l'industrie réunis dans cette nouvelle formation, accouche d'un titre solide et difficile. L'ambiance travaillée, mâtinée de voix british éraillées, rappellera de bons souvenirs aux fans du jeu de plateau. Malgré quelques défauts, cette première adaptation plaira, à condition de s'accrocher au début. Une autre bonne fournée estampillée Warhammer, avec Warhammer : The End Times.

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