Test | Granblue Fantasy : Relink
04 mars 2024

Tout feu tout flamme

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Granblue Fantasy : Relink

Si Granblue Fantasy : Relink était un héros Marvel et pas un action-RPG, ce serait Captain America. Avec sa dentition parfaite (le gameplay), et même son boule parfait (la direction artistique). Un morceau de choix qui a le bon goût de ne pas s'éterniser des centaines d'heures, de ne pas diluer ce qui fait sa force.

L'histoire

C'est l'histoire d'un terrible malentendu. Quand vous commencez, vous incarnez Gran, un garçon au regard volontaire et au cœur gros comme un HLM. Il vient de perdre sa copine aux cheveux bleus, Lyria, kidnappée bêtement. Problème : leurs âmes sont liées, la mort de l'un entraînant la mort de l'autre. Il va donc falloir la sauver, en tapant sur quelques museaux au passage. Le malentendu, c'est que ni Gran, ni Lyria, ne sont les héros de cette folle aventure ; ni aucun de leurs 18 alliés jouables et recrutables au fil des 9 chapitres du jeu.

Le héros, c'est Bahamut. Un bon gros dragon invoqué par Lyria, perturbé par la magie de mystérieux antagonistes, et qui décide de se rebeller dès le prologue – lors d'un combat initiatique qui constituerait, dans beaucoup d'autres jeux, le combat final. Il faut le voir ravager le pont de votre vaisseau volant, arracher le bastingage et empoigner la poupe pour le croire. Granblue Fantasy : Relink est un jeu incroyablement généreux, qui balance tout ce qu'il a dès les 30 premières minutes, et qui maintient un rythme de fou tout au long de sa (courte) aventure. Est-ce un mal ? Pas vraiment. Le destin de Bahamut vous hantera longuement même une fois le jeu fini.
Bahamut : sa vie, son œuvre (spoiler alert : surtout des cendres)

Le principe

Un boss ? Eh non, c'est un ennemi lambda qui n'apparaît que dans un seul niveau. Pas de recyclage.

Si vous avez joué à l'excellent Tales of Arise, vous savez à quoi vous attendre. Le système de combat en temps réel est tout aussi dynamique, avec ses cooldowns classiques pour lancer des attaques magiques spectaculaires. Les combos sont bien sûr là eux aussi, tout comme les attaques combinées avec vos alliés (2 à choisir pour vous accompagner) – quand la bonne jauge est remplie, vous déclenchez une attaque commune façon Persona 5 : Royal. OK, parfois vous ne verrez plus trop ce qui se passe à l'écran, à cause du déluge d'effets et de chiffres (« 999 999 points de dégâts !!! ») – notre ami drip, fan de pixel art, en est revenu aveugle. Mais les attaques ennemies restent lisibles, avec une parade et une esquive à utiliser au bon moment. Au début, vous allez mitrailler le bouton d'esquive en serrant les fesses. Et puis après quelques heures, quand vous aurez pris la confiance, vous marcherez entre les cercles au sol annonçant des météorites redoutables, tout en gardant un œil sur vos cooldowns de sorts. Comme Mitterrand : la force tranquille.

Voilà pour la base, déjà ultra soignée et cinématographique. Ensuite, il y a les surprises. Nombreuses. De taille. Ce serait criminel de les lister mais chaque monde offre un challenge différent, un petit moment de gameplay à part qui rappelle tantôt Atlas Fallen, tantôt Shadow of the Colossus. Allez, un exemple : Naruto Ultimate Ninja Storm et ses courses le long des bras d'un boss. Et bien sûr Final Fantasy XVI et son DLC Echoes of the Fallen, à la fois pour ces attaques de zone gargantuesques qui demandent de se placer rapidement au poil près. Et.. pour Bahamut, la vraie star du jeu. Il faut le voir mettre des patates de forain aux autres, parfois manette en mains, ou virevolter en toile de fond pendant que vous massacrez un boss sur une musique orchestrale. Grandiose. Bluffant. Granblue Fantasy : Relink assure le spectacle et n'a pas à rougir face aux AAA concurrents.
Incarner Bahamut et baffer un autre dragon stellaire : quelle orgie Final Fantasyesque !

Le multi

Rejoignez des sessions coop en ville et personnalisez votre avatar avec les couleurs bonus end game.

Entre deux combats titanesques avec des dragons stellaires, vous pouvez aussi schtroumpfer une pause en multi. Des missions coop sont disponibles dans les deux grandes villes du jeu, un peu à la Monster Hunter Rise : vous vous accoudez au comptoir de quêtes, lancez la recherche selon vos critères, et tout de suite des dizaines de parties s'affichent. La connexion au serveur hôte prend une dizaine de secondes – c'est nettement plus rapide que beaucoup de jeux coop testés récemment (dans l'univers DC au hasard). La communication à base d'icônes ou de gestes marche très bien, et la complémentarité des joueurs en combat est innée : le système d'attaque en groupe est particulièrement efficace en multi. Après ce sont des arènes simplettes, pour farmer les quêtes secondaires des PNJ. C'est donc plus un apéritif entre deux morceaux de bravoure solo, l'occasion de tester une nouvelle build. Un nouveau personnage débloqué. Ou une nouvelle arme forgée. La progression de vos héros étant mutualisée en solo comme en coop, c'est aussi un bon moyen de leveler avant un boss retors. Le sans-faute, tout simplement.
Vous pouvez faire des combats de boss en coop. Et des petites quêtes FedEx

Pour qui ?

Il faut souvent s'abriter pour esquiver une attaque de zone particulièrement large.

Granblue Fantasy : Relink, c'est de la coke pour tout le monde. C'est la démocratisation de la schnouf. Tout le monde a une bonne raison de se faire un rail, « pour essayer » : les amoureux de J-RPG, les fans d'action-RPG, ceux qui se sont perdus mais qui aiment bien la direction artistique... Ceux qui ont joué aux jeux de combat, dont Granblue Fantasy Versus. Ceux qui connaissent l'anime. Ou le jeu sur mobile. Et ceux qui auraient bien aimé profiter des combats dantesques de Final Fantasy XVI mais qui ont été refroidis par les notes en demi-teinte. À tous ceux-là, une seule consigne : foncez, c'est de la bonne. Ce n'est pas pour rien qu'il a fait une entrée fracassante dans le top 50 des jeux Steam les plus vendus, et ce dès sa sortie.
Un gameplay addictif, des boss herculéens et des antagonistes attachants – la recette de la drogue

L'anecdote

Peu importe que le jeu soit court, cette séquence restera gravée dans ma mémoire.

Je me suis frotté les yeux plusieurs fois en relevant mon compteur Steam : 13 heures seulement pour finir le jeu, en traînant un peu (j'adore looter). J'avais l'impression d'avoir passé deux fois plus de temps dessus, au bas mot, tellement le jeu est gorgé de moments forts, d'antagonistes marquants et de séquences spectaculaires. À la réflexion, je n'ai pas retrouvé les moments creux, nombreux, de Final Fantasy XVI ; ces passages à vide à errer dans des couloirs identiques, à expédier des combats contre des ennemis vus et revus plus tôt déjà. Ici les environnements et les ennemis changent du tout au tout à chaque chapitre. Le bestiaire est l'un des plus variés jamais vus dans un action-RPG.

Granblue Fantasy : Relink a l'intelligence de mettre en valeur les moments forts, les combats de boss bien sûr mais aussi les retournements de cape, avec une accélération très nette lors des 2-3 derniers chapitres. Résultat : une fois l'aventure principale finie, je garde l'impression d'une montagne russe, courte et intense, sans temps mort. Vu le prix des jeux, ce sera peut-être un souci pour vous – personnellement, je préfère mille fois un jeu court mais intense à un jeu long que j'abandonne. Et je n'ai plus forcément le temps de m'attaquer à des jeux de cent heures et plus (hors Elden Ring).
Un monde tellement attachant qu'il est difficile de le quitter
Les Plus
  • La générosité de ce jeu, tout simplement
  • La direction artistique
  • Les systèmes de combat
  • Les 18 alliés jouables à recruter (voire même 19, chut !)
  • Les combats de boss, zinzins
  • La coop
  • L'histoire principale qui continue encore un peu, une fois le générique fini : quand y en a plus, y en a encore
Les Moins
  • 10-15 h à finir, c'est court (mais intense)
Résultat

Court, rythmé, spectaculaire et tellement généreux : si vous ne deviez acheter qu'un action-RPG cette année, ce serait celui-ci (OK, avec Final Fantasy VII Rebirth dans la catégorie Séphiroth). C'est rare de toucher la perfection, tant au niveau du gameplay, de la direction artistique, des systèmes de jeu... avec en plus de la coop, du contenu end game... et suffisamment de clins d'œil à d'autres jeux pour faire planter les bots de référencement Google. Granblue Fantasy : Relink est aussi parfait que le boule de Captain America, mais tellement plus accessible.

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