Test | Octopath Traveler 2
08 mars 2023

Les routes du Sang

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Octopath Traveler 2

Un guerrier, une danseuse, un marchand, un érudit, un prêtre, une voleuse, une chasseuse et une apothicaire : Octopath Traveler 2 vous fait voyager en charmante compagnie. Des compagnons de route qui deviendront votre chair, votre sang, tant leurs personnalités sont parfaitement ciselées... et tant leurs arcs narratifs arrivent à vous émouvoir.

L'histoire

Deuxième prince du royaume de Koù, Hikari rêve de paix sur les champs de bataille. Son père veut le faire roi. Mais son frère ne l'entend pas de cette oreille...

Throné Anguis est une voleuse trahie par les siens. Après un casse qui tourne mal, elle cherche à se venger du coupable. Sauf que le traître qu'on lui désigne n'est pas le bon...

Temenos Mistral est un prêtre qui aime les combats et les blagues. Son sens de l'humour en prend un coup quand le pontife est massacré par une bête. Un accident qui se révèle être un crime...

Octopath Traveler 2 regorge d'histoires comme celles-ci. Vous commencez par un des huit personnages jouables et après une brève introduction où vous découvrez leurs talents (capture d'animaux, récolte d'objets, séduction...), vous êtes lâché dans la nature – comme dans le premier jeu. Libre à vous de partir dans la direction voulue et d'utiliser vos talents à bon escient...
Amitiés, trahisons, séductions et meurtres : Octopath Traveler 2 aborde des thèmes adultes

Le principe

Quel plaisir d'invoquer ce boss en plein combat après l'avoir capturé comme un vulgaire Pokémon !

Il faut parcourir quelques unes de ces histoires pour se rendre compte à quel point Octopath Traveler 2 est bien écrit. Les enjeux sont définis en quelques lignes. Les personnalités ciselées en quelques dialogues. Les drames se nouent en quelques scènes. À peine le temps de prendre ses marques et l'aventure s'emballe en vous laissant une liberté folle – un peu comme dans les Fallout, vous pouvez partir dans n'importe quelle direction et tomber quand même sur quelque chose d'intéressant. Il peut s'agir de quêtes secondaires, de zones beaucoup trop dures pour votre niveau actuel (comme ces monstres marins qui vous tuent en un coup – le jeu vous prévient si vous entrez dans une zone trop dangereuse et sauvegarde avant) ; ou de simples coffres renfermant consommables et équipements. Alors qu'Octopath Traveler 2 reprend tous les codes d'un Final Fantasy VI Pixel Remaster, notamment les innombrables et épuisants combats aléatoires, il casse leur level design linéaire. Le résultat est miraculeux.

À force de se balader librement dans le monde fascinant de Solistia, un continent marqué par l'ouverture de routes maritimes et l'industrialisation des machines à vapeur, votre personnage de départ va finir par rencontrer les autres protagonistes que vous pouviez incarner dès le début du jeu. Vous aviez choisi la voleuse Throné ? Partez au nord et vous trouvez le prêtre Temenos Mistral. Au sud ? Vous croisez la chasseuse Ochette. À chaque fois, vous vivez leur origin story, le prologue que vous auriez fait en les choisissant d'emblée. Ils rejoignent ensuite votre groupe, et leur quête devient la vôtre. Un concept génial qui rend hommage aux meilleurs jeux de rôle, Final Fantasy VI Pixel Remaster et sa galerie de personnages en tête.
Tous les chemins mènent aux personnages que vous aviez choisi de ne pas incarner...

Les combats

Vos enquêtes sont jonchées de cadavres.

Le tableau serait idyllique sans un vilain défaut déjà présent dans le précédent jeu : les combats aléatoires. Ils sont nombreux, très nombreux, et ils sont longs, très longs. Si les combats contre les boss sont durs et à raison, vous obligeant à surveiller votre barre de vie et à vous soigner très régulièrement, ce sont les combats "classiques" qui deviennent vite une corvée. Les ennemis lambda font mal, sont dotés de beaucoup de points de vie. En affronter plus de deux devient vite une plaie – mieux vaut fuir pour économiser remèdes et points de magie en attendant le prochain grimoire, la prochaine sauvegarde.

Le rythme devient haché. Contrairement à un Bravely Default qui permettait dès le premier tour de jeu d'attaquer de manière très agressive, quitte à encaisser plus de dégâts ensuite si vos attaques ne décimaient pas immédiatement les rangs ennemis, il faut ici mériter ce droit après quelques tours. Trouver les points faibles des ennemis est critique : tel type d'attaque, tel sort les met KO un moment. Mais les développeurs ont eu la main un peu lourde sur les points de vie et les résistances des ennemis classiques. Il faut donc accepter le grind, un héritage encombrant dont les joueurs modernes se seraient sûrement bien passés.
Mieux vaut fuir certains combats aléatoires, vu leur répétitivité

Pour qui ?

Contrairement aux Bravely Default, il faut accumuler les tours pour enfin enchaîner des attaques.

Avec ses histoires captivantes et sa réalisation somptueuse, Octopath Traveler 2 est un grand jeu de rôle. Il convoque les meilleurs Final Fantasy et fait vivre des moments poignants grâce à ses personnages aux rêves candides plongés dans des situations kafkaïennes. Il n'a pas peur d'aborder des thèmes très durs comme le deuil et l'esclavage, parfois avec une pointe d'humour. Et il y ajoute une liberté de déplacement incroyable puisque quel que soit votre personnage de départ, vous pouvez aller dans n'importe quelle direction sitôt un court prologue bouclé. Dommage que les combats aléatoires soient longs et répétitifs, reliquat d'un passé 16 bits où ces interruptions incessantes ne nous choquaient pas.
Ces huit inconnus deviennent petit à petit une extension de votre famille – le Sang !

L'anecdote

Humiliée, battue, trahie, Throné, ici à genoux, est le personnage qui m'a le plus marqué.

Temenos, Ochette, Agnéa, Osvald... Ces noms ne vous disent rien mais je peux vous assurer qu'après quelques heures en leur compagnie, ce sont des amis, des frères. Octopath Traveler 2 est arrivé à me faire vivre leurs rêves et leurs désillusions avec une force que je n'aurais pas soupçonnée de la part d'un jeu vidéo. À l'heure de refermer le livre de leurs relations tumultueuses, je retiens surtout le destin de la voleuse Throné. Battue, insultée, draguée lourdement, trahie, cette battante a forcé mon respect en humiliant son rival au terme d'un duel épique, que j'ai failli perdre à quelques points de vie près. Le plus fou ? Il ne s'agissait que de son origin story, un prologue de trente minutes...

En 30 minutes montre en main, le jeu grave le nom de Throné la voleuse dans votre cœur
Les Plus
  • Les histoires incroyables d'Hikari, Agnéa, Partitio, Osvald, Temenos, Thorné, Ochette et Castti
  • La réalisation 2D/3D magique, avec quelques mouvements de caméra subtils
  • Les musiques envoûtantes
  • La liberté d'exploration
  • Les boss bien stressants
Les Moins
  • Les combats aléatoires trop fréquents et trop lents
  • La difficulté parfois brutale
Résultat

Jouez à Octopath Traveler 2. Certes il faut encaisser les combats aléatoires trop nombreux et trop longs, mais quel minuscule sacrifice comparé à la richesse de ces personnages hauts en couleur, en rêves et en souffrances. Rarement un jeu vidéo aura aussi bien réussi à décrire les passions humaines comme dans une tragédie grecque, l'humour et les graphismes mignons 2D/3D en plus. Si vous voulez savoir si le guerrier Hikari deviendra roi ou si le prêtre Temenos retrouvera l'assassin de son mentor, pas le choix : il faut acheter ce bijou de jeu de rôle.

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