Test | Fire Emblem Engage
05 févr. 2023

Parle-leur de batailles, de rois... et de drague

Testé par sur
Fire Emblem Engage
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Intelligent Systems Co., Ltd. (IntSys)
  • Sortie initiale 20 janv. 2023
  • Genre Rôle

N'en déplaise à Mathias Enard, Fire Emblem Engage est un jeu aussi bavard qu'agressif. On y parle d'amitiés en s'étripant avec grâce, on s'inquiète de la santé de sa mère en piétinant un archer ou on se fait des cadeaux avant de cramer un malandrin. Un équilibre délicat qui donne toute sa saveur à ce jeu de stratégie au tour par tour (et de dating sim).

L'histoire

Faire la fête et se réveiller avec la gueule de bois, vous connaissez sûrement. Mais faire la fête au point de cuver 1000 ans et de se réveiller complètement amnésique comme Alear, c'est y aller un peu fort. Alors oui, un Dragon déchu sème le boxon, il y a 12 Anneaux d'Emblème à trouver pour ramener la paix dans le monde et sur Twitter, mais tout ça est bien anecdotique : l'essentiel est que vous invoquez les héros des épisodes précédents dont Roy, Leif, Ike ou encore Marth, pour n'en citer que quelques-uns. Si vous êtes un grand fan de la série, cet épisode aura une saveur particulière.
Quel plaisir d'invoquer les héros des précédents Fire Emblem

Le principe

Offrez des repas et des cadeaux pour remplir des jauges et gratter de maigres bonus en combat.

La formule n'a pas changé. Vous avez un hub central qui se remplit de nouvelles boutiques, d'alliés et même d'animaux au fil des missions. Une multitude de systèmes imbriqués pour gagner quelques avantages en combat, comme des Anneaux à collectionner pour bénéficier de héros légendaires. Et une carte du monde qui donne accès aux missions principales comme secondaires. Avant, pendant et après chaque combat, des dialogues cucul la praline font progresser l'histoire de ce grand dadais aux cheveux rouges et bleus qui manque tellement de charisme, surtout comparé à Marth ou Ike. Le jeu vous laisse heureusement la possibilité d'accélérer les dialogues et même, hérésie suprême, les combats.
Certains héros sont en pâmoison devant vous et c'est limite gênant

La bagarre

Les archers sont très fragiles mais font d'énormes dégâts aux unités aériennes.

Inutile de dire que si jamais vous activez l'option de résolution automatique des combats, vous irez directement en enfer. La série repose en effet sur ses combats au tour par tour soignés qui rappellent les grandes heures des pionniers du tour par tour sur Megadrive ou Super Nintendo (Tactics Ogre : Reborn au hasard). Ou Advance Wars : Dual Strike. Vous déplacez vos alliés sur un damier, vérifiez l'équipement de vos ennemis et évaluez au mieux les avantages donnés par une hache ou par la magie, sachant que chaque arme est très efficace contre une autre... et vulnérable à une tierce.

Un chevalier ailé sera par exemple facilement abattu par un archer, une des unités les plus vulnérables du jeu. Avec les portes ou les murailles à détruire, les ponts coupés qui forcent les unités terrestres à faire des détours, les buissons pour profiter d'un bonus d'esquive, etc., il y a de quoi faire. Plus figés que dans The DioField Chronicle, les champs de bataille sont suffisamment bien pensés pour favoriser attaques à revers et goulots d'étranglement. C'est le cœur du jeu et sans surprise, il est incroyablement réussi.
Les combats reposent sur un principe simple : pierre, papier, ciseau

Pour qui ?

Comme dans Persona, vous incarnez une bande de potes. Leurs personnalités les rendent attachants.

La réalisation est somptueuse. Le character design est remarquable – chaque protagoniste est très différent des autres, ce qui était le talon d'Achille des protagonistes clonés de The DioField Chronicle. Les combats sont stressants et éminemment stratégiques. La téléportation instantanée rend la navigation dans le hub étonnamment agréable, là où l'académie de Fire Emblem : Three Houses en avait laissé plus d'un sur le carreau.

Bref, cet épisode est le meilleur sur Switch, surtout si vous êtes fan de la série et que vous souhaitez rejouer avec ses anciens héros. Est-il parfait pour autant ? Pas vraiment. Le scénario bateau avec son personnage amnésique et sans relief met du temps à décoller – il faut attendre le Chapitre 10 pour enfin voir le grand méchant du jeu. Et surtout les dialogues gnangnan plombent l'ambiance. Il faut persévérer une dizaine d'heures. Les retournements de situation confirment alors que cet opus est dans la lignée de ses illustres prédécesseurs auxquels il rend tellement hommage.
Le meilleur épisode sur Switch, et de loin

L'anecdote

Certaines attaques dévastatrices empêchent l'ennemi de riposter.

Vous pouvez rester sur le champ de bataille après chaque combat et papoter avec vos alliés, voire avec quelques paysans ou soldats. Si les dialogues se résument à un unique paragraphe, ils créent une petite pause bienvenue entre deux missions et trois cinématiques. C'est aussi l'occasion de récolter quelques ressources sur le terrain, voire de voler poules et moutons pour les ramener au hub. C'est surtout un bon prétexte pour se balader librement dans les décors utilisés lors des phases de combat... et d'admirer la qualité de la direction artistique. Dommage que le pop-up soit ultra présent sur les personnages non joueurs, alors que la profondeur d'affichage est remarquable pour les arbres et autres objets du décor.
Papotez avec les héros et les gueux entre deux batailles
Les Plus
  • La direction artistique
  • Le level design qui rend les combats bien stressants
  • La réalisation
  • L'accessibilité
Les Moins
  • Les dialogues
  • Le héros Alear fadasse
Résultat

À part ses dialogues et son héros amnésique trop lisse, Fire Emblem Engage réalise un sans-faute. La réalisation est superbe, la direction artistique magnifique, le character et le level design bien supérieurs à la concurrence – désolé The DioField Chronicle. La profondeur tactique des combats place également la barre très haut. Et avec tout ça, c'est sûrement l'épisode le plus accessible de la saga avec la possibilité de baisser la difficulté drastiquement, de revenir en arrière en plein combat en cas d'erreur, de sauvegarder à n'importe quel moment et même de résoudre les combats en mode automatique. Si vous êtes fan de la série, vous devez l'acheter, ne serait-ce que pour ses Emblèmes nostalgiques. Mais si vous êtes nouveau, c'est aussi le meilleur de la série pour commencer. Une réussite totale, tout simplement.

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