Test | McPixel 3
04 janv. 2023

Tous les chemins mènent au lol

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McPixel 3

Attention : ovni. Quelques heures passées avec McPixel 3, c'est l'assurance de sortir des sentiers battus de l'autoroute vidéoludique qui s'offre à nous. Un chemin de traverse, aux croisées de l'absurde, du génie et du méta. McPixel 3, c'est l'œuvre d'une seule et unique personne, Sos Sosowksi, sous perfusion de culture cartoon de notre jeunesse : South Park, Les Simpson, et bien sûr tous les jeux auxquels nous avons tous joué. À la manière d'un départ fulgurant d'attraction à sensations, vous avez beau attacher fermement votre harnais, je vous le garantis : vous n'êtes pas prêts.

L'histoire

McPixel, c'est un peu comme si MacGyver avait eu un enfant avec un Jackass. Grossier, trompe-la-mort, dont le QI oscille entre abruti fini et génie, il déboule dans une ville qui n'attend que lui pour résoudre une centaine de situations désespérées. Votre but en tant que McPixel : comprendre en quelques secondes l'objectif de la scène dans laquelle vous êtes en mauvaise posture, avec comme simple objectif : "sauver vos miches". En une poignée de secondes, McPixel doit par exemple s'échapper d'une cabane en feu, mais comment faire ? Une bonbonne d'eau trône dans le salon, vous le faites boire au maximum pour finalement soulager sa vessie sur les flammes. Bingo ! McPixel 3, c'est un enchaînement de séquences de ce type, toutes plus absurdes les unes que les autres, avec pour chaque ensemble une thématique majeure. Quand vous arrivez dans la salle d'arcade, la séquence proposée s'appuie sur l'histoire et l'évolution des jeux vidéo : Atari, Commodore, Neo-Geo... différents styles se succèdent dans les saynètes et créent une surcouche diablement maline dans McPixel 3.
Sauvez vos miches !

Le principe

Qui n'a jamais rêvé de pisser sur le feu pour l'éteindre dans un jeu ? QUI ?

Une scène, quelques secondes, McPixel et quelques actions réalisables : à vous de bouger cette plante, la jeter, attraper ce fil électrique, passer par cette fenêtre, ouvrir cette porte... Tout ce que vous pouvez imaginer est plus ou moins possible, dans ces environnements fermés et très incitatifs. En bougeant votre curseur, les éléments actionnables s'éclairent, ou si vous êtes flemmard une touche permet de tous les révéler d'un coup. Si l'objectif premier est de résoudre la situation de base en sortant de là vivant, le véritable intérêt est de découvrir tous les 'gags' que le niveau autorise. D'ailleurs, si vous mourez – et cela arrive un nombre incroyable de fois – vous passez à la scène suivante. Tant que les 5 ou 6 scènes qui composent la séquence ne sont pas résolues, vous les explorez en boucle, dans un rythme effréné soutenu par une musique bit-pop vous approchant de l'état de transe. McPixel 3, c'est le Wario Ware des adultes : humour débile, coups de pied dans les burnes, puzzles à base de crottes, situations dangereuses... mais sans jamais virer à l'absurde. Non, malgré les apparences, McPixel 3 est d'une finesse rare.
Agissez, réfléchissez ensuite

Pour qui ?

Steve est un mec totalement creepy.

Une finesse rare ? Alors qu'après avoir nagé dans les égouts, vous vous extirpez par des toilettes et vous vous retrouvez littéralement la tête dans les fesses d'un vieillard ? Oui, car McPixel 3 fait mouche à chaque fois. Chaque scène est inspirée d'éléments de pop culture qui feront écho à vos films, jeux et séries préférés. Mais toujours tournés en dérision. Jusqu'à ce Steve, personnage qui sert d'interlude ou de niveau caché, qui se révèle en fin de jeu être un dangereux pervers. McPixel 3 autorise l'humour auquel vous n'avez pas forcément eu droit dans des productions plus policées. Et surtout, il vous autorise de faire ce que vous pensez judicieux et que l'on a tous envie de faire, comme faire pisser notre héros sur les flammes pour éteindre un incendie. Parfois, il vous faudra plusieurs essais pour trouver l'issue d'un niveau, la voie la plus évidente n'étant pas toujours celle qui vous évitera la mort. Mais jamais vous ne vous retrouvez pantois face à une scène chaotique. McPixel 3 est si bien construit qu'il y a toujours un indice, une incitation, un contexte qui vous met le pied à l'étrier. Une véritable prouesse de game design, surtout quand on sait qu'il s'agit de l'œuvre d'une seule personne : Sos Sosowksi.
Le combo ultime de l'humour décadent et fin à la fois

L'anecdote

Oui, c'est moi qui ai dessiné "GA" pour "Gamatomic" dans ce niveau Windows 95.

Sos Sosowksi, ce héros polonais qui mériterait de voir érigée une statue en son honneur sur toutes les places de village. Comment un homme a-t-il pu réussir à créer ce jeu seul ? Le design, le sound design, le gameplay, le scénario : tout. Il fait partie des rares exceptions qui étaient autrefois la norme, faisant penser à des créateurs de génie comme Lucas Pope. Dans un style bien différent. Quand j'ai découvert McPixel 3, mon cœur s'est serré : Sos Sosowksi a réussi seul là où une équipe toute entière – dont je faisais partie – a échoué. Car oui, j'ai été game designer dans une équipe de 25 personnes, sur le jeu PSP HOT PIXEL en 2007. Le principe est proche : des saynètes qui s'enchaînent, inspirées de pop culture urbaine, avec des mécaniques de gameplay simples mais efficaces. Sos Sosowksi a fait bien mieux, il a su créer une cohérence entre ses 100 mini-jeux, un esprit de famille qui nous a manqué à l'époque sur HOT PIXEL. Bravo Sos.
Sos Sosowksi, c'est un mec comme vous et moi, sauf que c'est un génie
Les Plus
  • L'humour
  • Le principe de mini-scènes
  • Les références pop-culture
  • Les mécaniques malines
  • La musique
  • Steve
Les Moins
  • Il faut parfois marcher beaucoup pour trouver des niveaux
Résultat

Vous êtes à la recherche d'un jeu accessible, fun, stupide, drôle, fin, bourré de références pop et gaming, vulgaire mais de manière justifiée ? Ne cherchez plus, McPixel 3 est le titre qu'il faut absolument faire trôner dans sa ludothèque. Improbable jeu réalisé par la seule personne d'un designer fou, qui s'est laissé carte blanche pour le plus grand plaisir des joueurs, McPixel 3 ne doit pas vous arrêter à son style en pixels grossiers. Derrière ces attributs faussement maladroits se cachent un titre d'une finesse rare à tous les niveaux.

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