Test | Outriders
08 mai 2021

Pour quelques mois trop tôt...

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Outriders

En ce début d'année 2021, les grosses licences se font discrètes et il faut avouer que les joueurs ont peu de AAA à se mettre sous la dent. Square Enix et People Can Fly s'offrent une belle fenêtre de sortie pour Outriders, proposant le premier looter-shooter de la génération actuelle. Mais le créneau est périlleux et de gros noms se sont déjà cassés les dents. Suivez le guide pour découvrir la jolie planète Enoch.

L'histoire

La Terre, douce et belle planète que l'humanité a pillé et où la nature veut reprendre ses droits, se meurt. Deux vaisseaux sont construits pour coloniser une nouvelle planète et essayer de sauver ce qui peut être sauvé. Enoch devait être le nouveau paradis pour l'Homme, mais dès le départ tout part de travers. Seul le SM Flores quitte la Terre et, après les 83 années nécessaires au voyage, les Outriders, vétérans de guerre et premiers colons, tombent sur une Anomalie qui tue à peu près tout ce qu'elle touche. L'ECA, qui dirige la colonisation, réfute l'avis de ces derniers et lance la procédure d'atterrissage malgré tout. Et pour clore ce triste moment, votre personnage, rare survivant à l'Anomalie, est cryogénisé en attendant de pouvoir être sauvé. Ce n'est que trente ans plus tard que vous revenez à la vie, alors que les choses ne se sont pas franchement bien déroulées.

Le scénario est assez classique, proposant un point de vue très négatif sur l'humanité et ses travers. Dans les looter-shooters, le lore est toujours un peu annexe mais a le mérite d'exister, et Outriders ne se dévoile comme souvent que par le biais de documents à lire. Les personnages ne sont guère attachants ou remarquables, ce qui est vraiment regrettable pour l'avancée de l'intrigue et plus particulièrement votre envie de la suivre. Ce n'est clairement pas le point fort du jeu mais est-ce vraiment si grave ?
La loi de Murphy en application

Le principe

Le bestiaire est varié mais limité.

Quand People Can Fly se met aux commandes d'un jeu de tir à la troisième personne, tout de suite vous vous imaginez dans un héritier des Gears of War. À ce titre, Outriders est effectivement un héritier, mais un de ceux qui veulent s'éloigner de leurs parents. Vous retrouvez bien évidement les ingrédients de base avec une mise à couvert sur divers objets solides ou destructibles ainsi qu'une série de franchissements dynamiques. Mais pour le reste, n'imaginez pas jouer à un ersatz de Gears of War car le principe de base est que pour regagner de la santé, vous devez faire des dégâts aux ennemis. Il n'est donc pas question de rester planqué ou d'avancer d'obstacle en obstacle. Il va falloir tuer, taper et tuer. Et c'est en partie grâce à cela que le jeu réussit à capter l'attention.

Après avoir choisi une classe parmi les quatre disponibles (le pyromage, le technomage, le telluriste et l'illusionniste), vous agrémentez les gunfights d'une bonne dose de magie pour un résultat pyrotechnique très satisfaisant, le tout avec une sensation de marche en avant forcée qui fonctionne. La mise a couvert ne sert qu'à recharger et il est alors nécessaire de passer par les menus pour améliorer votre façon de jouer et votre personnage. Chaque classe possède un arbre de compétences qui vous permet d'acquérir différents talents pour ensuite maximiser vos dégâts ou vos points de vie. Il y a cependant déjà un petit bémol sur le telluriste, le tank, puisque le principe de tank est contraire à la nécessité de faire des dégâts. Et l'équipement ne va pas améliorer cela.

Vous avez la possibilité d'enfiler le costume du parfait petit tyran d'Enoch. Outre les trois armes, vous vous équipez de casque, gilet, gants, pantalon et bottes. Chaque équipement dispose d'un niveau, d'une rareté mais aussi de statistiques bonus comme l'augmentation des dégâts, des dégats longue portée, des PV ou des pouvoir d'altérer. Avec un niveau de rareté élevé, vous obtenez même des bonus supplémentaires ainsi que des compétences qui améliorent vos pouvoirs. Vous pouvez alors imaginer tout en tas de "builds" (ensemble d'équipements qui permettent de maximiser un point clé comme les dégâts par exemple). Mais le jeu fait ici plusieurs petites erreurs : pas de possibilité d'enregistrer plusieurs builds, pas de possibilité de verrouiller un équipement. Mais c'est surtout dans le endgame que cela se ressent.
Un TPS nerveux comme rarement vu

Le endgame et le multi

Vous allez passer beaucoup de temps à chercher les bonnes stats.

Qui parle de looter-shooter s'attend évidemment à du contenu après la fin de l'histoire. Et ici, les développeurs ont choisi de ne pas s'orienter vers le jeu service, mais pour un jeu terminé à 100 % dès la sortie (sauf si le jeu fonctionne très bien... enfin bref). Vous avez donc quinze incursions, des missions de plus en plus ardues à réaliser avec des chronos impartis pour obtenir du meilleur loot. L'optimisation est alors au cœur du jeu et l'équilibrage entre les différents niveaux de difficulté, qui représentent donc un risque, et le gain associé est un modèle du genre. C'est un véritable plaisir de recommencer sans pour autant avoir des missions quotidiennes, etc. Le petit bémol vient sans doute du manque de scénarisation de ses incursions, et donc le manque de liens avec l'histoire.

Mais pour être tout à fait honnête, c'est le multi d'Outriders qui génère la plus grande partie des problèmes voire des frustrations. En fonction de l'heure, simplement trouver une équipe est impossible. Quand le jeu arrive a rassembler un petit groupe, il y a souvent des problèmes de téléportation, de freezes (qui n'en sont pas). Souvent vous mourrez mais vous ne savez pas pourquoi et, cinq secondes plus tard, vous voyez un groupe d'ennemis sur vous. Les déconnexions en pleine partie sont nombreuses, et si vous aviez rejoint un groupe au hasard, aucune chance de retourner finir avec eux. Ce n'est pas tout le temps comme ça, mais c'est trop régulier pour ne pas gâcher l'expérience.
Des incursions, de l'optimisation et des problèmes

Pour qui ?

Tous les biomes ne se valent pas mais certains sont très beaux.

Outriders est un TPS nerveux qui s'adresse principalement aux joueurs actifs qui n'ont pas peur d'user de leurs talents pour looter plus. Si le jeu est accessible à presque tous, les récompenses ne sont elles pas réellement équitables et donc l'intérêt en pâtit. S'il ne s'agit pas d'une révolution sur le fond, le gameplay permet d'entrapercevoir autre chose pour l'avenir du TPS, et en cette période assez calme, c'est toujours bon à prendre.
Les tireurs qui ont du talent

L'anecdote

Réfléchissez bien avant de choisir, cela a un réel impact sur votre personnage.

Quelques petites choses m'ont gêné pour parfaitement me plonger dans l'univers proposé par People Can Fly. Les premières sont à classer dans les incohérences car dès la première minutes de cinématique il y a de quoi faire tiquer. En effet, il est dit que la planète Terre a été vidée de ses ressources, que les humains ont vécu une période assez longue de restrictions et de misère, mais à peine débarqué sur la nouvelle planète, vous sortez les gros véhicules, écrasez les arbres et imaginez manger la faune locale. Un autre problème de cohérence, par exemple : les altérés sont réputés immortels et les cinématiques vous laissent encaisser moult balles, alors qu'en jeu, dans la minute qui suit, vous prendre deux balles dans la jambe vous met dans le rouge directement. Il y aussi ces petites cinématiques qui visent à dynamiser l'action mais dont on se passerait volontiers, comme celle où l'on voit son personnage descendre dans un lieu, puis à la fin du combat, remonter sur un rythme des plus monotones. Les temps de chargement ne sont pas si graves finalement.
Des incohérences et des lourdeurs
Les Plus
  • Un gameplay dynamique et fun
  • Un jeu solo qui possède une bonne difficulté mais qui peut s'adapter
  • Le multi qui s'adapte assez bien aux différents niveaux du groupe
  • Des décors variés et certains biomes réussis
  • Quatre classes qui amènent quatre façons de jouer
  • Les taux de loot tout à fait corrects pour ne pas frustrer
  • Le drôle de choix de ne pas être un jeu de service
Les Moins
  • Les problèmes de connexion serveurs/joueurs
  • Les incohérences, notamment entre certains build/classes/gameplay
Résultat

Plus d'un mois après la sortie du jeu, Outriders n'est toujours pas parfaitement fini. Malgré un gros patch au 30/04, l'aspect technique, notamment sur le multijoueur, est toujours en dessous de ce que l'on peut attendre d'un jeu en ligne en coopération en 2021. Pourtant, le gameplay dynamique, la gestion de la difficulté et le dosage du loot ont de quoi ravir dans les heures qui composent le temps de jeu. Même le endgame en profite, proposant un grand intérêt aux parties à plusieurs avec un bon équilibrage. Il vous faudra certes encore un peu de patience pour profiter pleinement de l'expérience mais il y a du bon dans cet Outriders.

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