Test | Werewolf : The Apocalypse
20 févr. 2021

Un lore pas suffisamment astiqué

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Werewolf : The Apocalypse

Après l'adaptation du jeu de rôle Cyberpunk 2020, c'est au tour de Loup-garou : L'Apocalypse de se faire pixéliser afin de vous permettre de parcourir le Monde des Ténèbres. Werewolf : The Apocalypse est pourtant bien loin des prétentions du titre de CD Projekt RED, Cyanide Studios proposant une vision AA de cet univers papier, avec évidemment beaucoup moins de moyens humains et financiers. Si ça vous démange les soirs de pleine lune, lisez ces quelques lignes.

L'histoire

Werewolf : The Apocalypse prend lieu et place dans une dystopie fantastique. À l'origine du monde, trois forces ont veillé à la création et l'équilibre de celui-ci. Le Wyld (la création chaotique), le Tisserand (qui agence la structure du monde) et le Wyrm (qui détruit le superflu) constituent un cercle d'avancement de la vie. Mais le Wyrm est touché par un mal destructeur et influence les hommes pour les forcer à détruire Gaia, la mère Nature.

La société Endron, dirigée par des Vampires, est une multinationale générant des profits en détruisant la planète et toute forme de vie. Vous incarnez Cahal, un loup-garou écoterroriste membre de l'une des treize tribus gardiennes se battant pour empêcher que la nature et son Caern ne soient détruits. Lors d'une mission qui sert de prologue pour le jeu, votre passage à l'acte se déroule très mal et votre tribu se fait amputer de nombreux membres par votre faute. Exilé volontaire afin de pourchasser le responsable et expier vos fautes, vous devez pourtant reprendre votre place dans votre tribu pour aider vos proches en danger et ainsi mener votre vengeance à sa conclusion. Le scénario est très classique, trop sans doute, et ne se sert finalement que très peu d'un univers pourtant riche de nombreux ouvrages. Il y a bien quelques références via divers documents à lire mais vous peinez à comprendre l'univers si vous ne faites pas un minimum de recherches. Les rebondissements sont prévisibles et une fois l'aventure écoulée, soit entre 9 et 12 heures, vous n'aurez guère envie d'y replonger. C'est dommage avec cette matière aussi riche et un univers si étendu.
De l'écoterrorisme limité

Le principe

Oups, I did it again.

La plus grande force du titre est pourtant une faiblesse. Werewolf : The Apocalypse propose d'incarner Cahal dans ses trois formes : hominidé, loup et loup-garou. Sur le papier, les trois transformations ont des buts distincts allant de l'infiltration à l'abatage par douzaines de soldats. Dans sa forme de loup ou lupus, Cahal est agile, rapide, silencieux, parfait pour l'infiltration. Mais ses papattes ne lui permettent pas d'ouvrir les portes ou de tirer à l'arbalète. Vous devez alors retrouver vos traits humains pour activer les mécanismes ou tirer sur une caméra. Cette forme est aussi utile pour échanger avec les autres personnages mais c'est aussi la forme qui souffre le plus d'animations rigides. Enfin, quand le besoin de secouer les puces des gardes se fait sentir, la brutalité de la transformation en Crinos, haut de ses trois mètres, n'a d'égale que la marre de sang à la fin du combat. Ce dernier possède d'ailleurs deux formes : une agile et une féroce. Alterner les deux postures permet souvent de terminer les combats plus rapidement et devient même nécessaire dans la difficulté élevée.

Finalement tout se termine sur le même schéma hormis une ou deux fois dans l'aventure. Vous vous servez du lupus pour décimer au maximum les rangs ennemis et pour désactiver les renforts, caméras et autres tourelles, sans pour autant jamais atteindre le niveau de Styx : Master of Shadows. Puis vous tapez les ennemis restants d'une façon très sanglante et très plaisante. Une frappe rapide, une frappe forte et une exécution constituent vos actions de base. La Frénésie vous permet de bénéficier pendant un court instant des deux avantages des postures. Plus de dégâts pour des combats encore plus sanglants, cette forme est un vrai régal même si la sensation d'impact est absente.

Enfin ça, c'est avant de vous rendre compte que cela ne changera pas grand-chose aux affrontements et que vous perdez plus de temps à fuir les étrangetés d'une IA sympathique au combat mais très problématique en infiltration. Tantôt aveugle vous laissant passer à coté d'elle sans broncher, permissive à l'exécution d'un garde qui discute avec un autre, elle possède parfois un œil de faucon et détecte à l'autre bout de la pièce. C'est bien ça qui gâche la promenade du lupus. Il n'est par exemple pas envisageable de visiter un bâtiment sans se battre, d'abord parce que certains ennemis ne peuvent être assassinés. Alors, dès que vous en voyez un, vous savez à quoi va ressembler la salle dans cinq minutes : une piscine rouge.

Comme d'autres jeux, Werewolf : The Apocalypse se dote d'une composante RPG en intégrant un arbre de compétences utile mais presque obligatoire. Vous pouvez y améliorer votre discrétion, vos dégâts, apprendre de nouvelles techniques. Mais à la fin du jeu vous aurez quasiment tout débloqué et les techniques supérieures de chaque forme apporte un tel avantage que s'en passer revient à jouer avec un autre mode de difficulté. Que ce soit l'augmentation considérable de votre santé ou l'enchaînement d'attaque du Crinos en forme agile, rien n'est plus pareil après l'acquisition. Cela donne lieu d'ailleurs souvent à la sensation d'avoir franchi un palier alors qu'il n'en est rien.
Du sabotage en prévision de combats violents

Pour qui ?

Les balades en loup restent ce qu'il y a de plus agréable dans le jeu.

Se situant un peu trop loin des standards actuels des jeux d'action, Werewolf : The Apocalypse trouvera difficilement son public. D'un côté, les fans de Loup-garou n'auront que peu d'éléments à se mettre sous la dent hormis le plaisir de retrouver cet univers connu. Il y a des manques, certes justifiables par le budget, mais des manques tout de même.

De l'autre, ceux qui découvrent cet univers par le jeu et qui auraient vu là une bonne façon de le parcourir ou juste d'incarner un loup seront déçus. Le gameplay est déjà vu, très dirigiste et se saborde à lui tout seul. L'histoire est courte et le scénario peu passionnant sauf dans ses derniers instants. Les options en jeu comme l'arbre de compétences sont terminées au premier passage, ce qui donne peu de rejouabilité. Ne pas s'ennuyer jusqu'au final paraît alors compliqué.
À force de crier au loup

L'anecdote

Les effets visuels, la caméra capricieuse et les ennemis volants donnent parfois le tournis.

Finalement la technique visuelle est vite excusable, car même si le jeu est loin d'être beau, l'ensemble fonctionne bien. Ce qui est le plus dommageable, ce sont les éléments très datés qui cassent toute l'acceptation qui avait été faite par le joueur. En premier lieu les visages (les cheveux sont hideux) et leurs animations, qui rappellent la PS3 et pas pour ce qui est de mieux. Mais surtout, c'est le manque de cohérence d'une pièce à l'autre. Vous pouvez saccager une pièce, déchiqueter tout le monde, casser le matériel présent et faire exploser des armures mobiles pour finalement passer dans la pièce d'à côté en sifflotant avec des gardes qui ne sont pas en alerte. Et quand vous la jouez discrète, le fait de sortir d'une pièce ramène automatiquement le niveau d'alerte à zéro, même s'il y a des corps par terre. Cela brise l'immersion de façon irrémédiable.
Des éléments datés qui gâchent l'expérience
Les Plus
  • Les balades sous forme de loup
  • La musique metal pendant les combats
  • L'alternance de la position agile ou lourde en forme Crinos
  • Les combats sanglants et les ralentis sur les exécutions
Les Moins
  • Techniquement daté
  • Le manque de sensation de puissance en loup-garou
  • Les éléments de décor qui se répètent perpétuellement
  • Les choses qui se passent dans une salle n'affectent pas la salle suivante...
  • Entre huit et neuf heures pour finir le jeu en normal à 80-90 %, le tout pour 50 € sans rejouabilité
  • Des problèmes de caméra
  • Pas de possibilité de dissimuler un corps
Résultat

Werewolf : The Apocalypse est à éviter, du moins pour le moment, tant que son prix affiché avoisine les 50 €. Techniquement pas au niveau, pour ne pas dire daté, le gameplay n'arrange pas les choses, se montrant trop souvent limité ou déjà vu. L'équipe de Cyanide avait pourtant auparavant proposé des choses plus poussées. Même si elle n'est pas mauvaise, l'aventure d'une petite dizaine d'heures peine à convaincre par des éléments convenus, que ce soit scénaristiquement parlant ou en terme de gameplay. Vous l'avez compris, à ce prix-là, mieux vaut patienter une lune ou deux.

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