Test | Test Express Metal Gear Solid
21 déc. 2000

Testé par sur
Metal Gear Solid
  • Éditeur Microsoft
  • Développeur Konami
  • Sortie initiale 23 nov. 2000
  • Genre Action

Il aura fallu près de deux ans pour que Metal Gear Solid, le jeu culte de la PlayStation, débarque enfin sur PC. Si l'effervescence autour de cette superproduction n'a, à l'époque, pas dépassé le monde des consoles, cette adaptation PC tente d'élargir le cercle des accros à Solid Snake. Mais sur cette plate-forme, une technique bien étudiée et un scénario accrocheur sont indispensables pour créer un hit. Test express d'un portage en retard.

Départ en trombes

L'idée de départ était plutôt bonne : dissimuler une base nucléaire sous la neige permanente de l'Alaska. C'est loin, froid et sec, bref un endroit où l'on n'a pas vraiment envie d'aller passer des vacances. Sauf lorsqu'on est un terroriste, un peu dérangé, et que l'on ne rêve que d'une chose : devenir le maître du monde. Mais de l'autre côté du miroir, il y a Snake. Solid Snake, un agent très spécial, surentraîné, kamikaze parce que sans véritables attaches et surtout prêt à tout pour sauver la planète, ce monde qui n'a décidément pas son pareil pour se mettre dans des situations à première vue inextricables…

Mauvaises influences

Vous l'aurez compris : le scénario de MGS n'est pas ce qu'on pourrait appeler un chef-d'œuvre d'originalité. Konami ne s'en cache d'ailleurs pas (ils ne pourraient pas) et mettent surtout en avant le traitement cinématographique d'une histoire somme toute assez banale. C'est pourquoi, ils ont repris à leur compte la quasi-totalité des énormes ficelles rencontrées dans les bons vieux films d'actions hollywoodiens et asiatiques : rebondissements rocambolesques, musiques pseudo-symphoniques pour SURligner les scènes émouvantes, dialogues indigestes et bien sûr, traumas des personnages principaux pour excuser leurs actes ou leurs faiblesses. Et le tout sans aucun second degré (ou si peu).

Prises de vue

La plupart du temps, l'action vous est présentée vue de dessus. Mais vous avez la possibilité de jeter un coup d'œil aux environs grâce à une vue interne fixe (un peu à la manière d'un Tomb Raider) et d'autres gadgets bien utiles (caméra, lunettes infrarouges, jumelles, etc.). Ces différentes vues ne sont pas toujours très adaptées (surtout la vue principale) pour repérer les ennemis, mais elles sont épaulées par un radar qui vous signalera leur présence. Snake peut aussi se plaquer contre un mur, à une intersection. La caméra se positionne alors devant lui afin de vous offrir un champ de vision sur ce qui se passe dans le coin opposé, sans avoir besoin de vous mettre à découvert.

Discrétion contre intelligence artificielle

Car vous mettre à découvert dans ce jeu, c'est un peu signer votre arrêt de mort. Pour vous assurer une progression sans trop d'encombres dans les couloirs et hangars de cette base nucléaire, votre priorité reste la discrétion. Les gardes ne sont pas très résistants et vous en viendriez facilement à bout s'ils n'avaient pas cette fâcheuse tendance à toujours appeler du renfort… Et en se retrouvant seul face à une dizaine de gardes bien armés, on arrête rapidement de faire le malin. L'intelligence artificielle est bien étudiée : les ennemis sont vigilants, prennent des initiatives et réagissent à la vue bien sûr, mais aussi au bruit. De toutes façons, vos munitions sont bien trop précieuses pour les utiliser uniquement pour faire du raffut.

Un portage honteux

C'est sans doute le gros défaut de ce jeu, un point noir qui malheureusement nous laisse insensible devant les qualités de ce produit : une adaptation on ne peut plus basique. Alors qu'il y avait matière à faire un très grand jeu, Microsoft n'a pas pris le temps d'exploiter les capacités offertes par le PC et par cette histoire au background très fouillé. La numérisation des personnages en est l'exemple le plus flagrant : leurs visages sont flous au possible et leurs animations chaotiques (Snake se paye même le luxe du fameux syndrome Lara Croft : perdre des parties de son corps dans les murs…). Si sur console, MGS pouvait nettement se détacher du lot, il ne tient ici plus la route dès qu'on le compare à des jeux comme Deus Ex, par exemple.

Missions bonus

En cherchant bien, on peut tout de même trouver quelques avantages intéressants à cette adaptation : des sauvegardes multiples, une meilleure résolution graphique, mais surtout de nombreuses missions tactiques supplémentaires (sur console, elles avaient été vendues séparément). Sans rapport direct avec l'intrigue du jeu principal, ces missions sont l'occasion pour vous de tester votre sens tactique et votre capacité d'adaptation à diverses situations. Elles se déroulent dans un environnement graphique très épuré pour ne mettre en avant que l'essentiel : progresser discrètement, et rapidement, pour remplir des objectifs très variés. C'est un bon moyen de rallonger la duré de vie du jeu qui, seul, se terminera en quelques heures.
Les Plus
  • L'aspect grand-spectacle
  • Le rythme soutenu
  • Le background
  • L'intelligence artificielle
  • Les persos secondaires
  • Les missions tactiques
Les Moins
  • L'adaptation basique
  • Les dialogues
  • Le Codec
  • La durée de vie ridicule
  • Le doublage catastrophique
  • Un scénario trop sérieux
  • Des retours en arrière laborieux
Résultat

Au premier abord, on pourrait faire un constat très moyen sur cette adaptation. Mais ça serait sans compter sur l'expérience de Konami en matière de jeu vidéo. Car s'ils nous montrent clairement leurs limites concernant le 7ème art, ils rassurent et démontrent, une fois encore, leurs talents vidéo-ludiques… sur console. Obtenir un portage PC aussi basique au bout de deux années de développement, c'est nettement trop juste. Surtout sur une plate-forme où la concurrence est très active. Malgré des belles qualités (rythme soutenu de la progression, bonne intelligence artificielle, nombre important de missions tactiques, personnages secondaires hauts en couleurs, etc.), MGS reste un jeu techniquement trop âgé pour obtenir un accueil aussi phénoménal que celui réservé par le public consoles. Ses nombreux défauts ne sont plus adoucis par le support et, au contraire, deviennent presque rébarbatifs. Sa suite, prévue pour fin 2001, aura sans doute les moyens de corriger le tir même si, d'ici là, les jeux PC vont, eux aussi, avoir le temps de faire du chemin.

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