Test | The Operator

27 mai 2025

Vous incarnez un opérateur affecté à un service d'investigation confidentiel. Votre boulot ? Examiner des affaires troubles, croiser des données, écouter des messages inquiétants, décortiquer des vidéos pixélisées, et décider de ce qui mérite d'être signalé. Les dossiers s'enchaînent, les suspects se multiplient, et votre confiance dans l'humanité fond comme une webcam sous surveillance. Petit à petit, le doute s'installe : les conspirations sont-elles réelles... ou bien êtes-vous simplement parano ? Une chose est sûre : même Mulder n'avait pas autant de paperasse.

The Operator repose sur une interface minimaliste mais redoutable : tout passe par votre écran. Recherche d'indices, écoutes, comparaisons, décisions. Le gameplay est d'une simplicité désarmante, mais il parvient à installer une pression constante. Il évoque, en version dépouillée, l'excellent eXperience112 – un jeu d'enquête en vue caméra, plus avancé techniquement, mais qui partage cette sensation grisante d'être l'ombre qui tire les ficelles depuis l'arrière-plan. Ici, vous ne courez pas, vous ne tirez pas. Vous pensez. Et vous doutez. Beaucoup.

Graphiquement, The Operator ne cherche pas à impressionner. Et c'est tant mieux. Interface d'exploitation froide, images floutées, bruitages minimalistes mais oppressants... Tout est pensé pour que chaque élément, aussi anodin soit-il, vous fasse tressaillir. Le jeu prend le contrepied total des productions actuelles hyper-léchées pour revenir à une tension brute, presque clinique. C'est comme si Papers, Please et Her Story avaient eu un bébé élevé par un technicien du FBI. Résultat : vous êtes constamment sur le qui-vive, à l'affût d'un indice, ou d'un appel de Mulder pour dire « T'as trouvé quelque chose ? ». Et de Scully pour ajouter : « Encore une fois, Fox, cette hypothèse extraterrestre est hautement improbable. »

Si vous avez aimé des titres comme Telling Lies, Her Story, ou encore eXperience112, alors The Operator est fait pour vous. On y retrouve le même plaisir à fouiller dans les données, à recouper les infos, à faire confiance à son intuition (souvent mauvaise, mais on s'améliore). Et surtout, on adore cette ambiance à la X-Files, où vous vous sentez comme un pion dans une machination plus grande, plus inquiétante... et possiblement fondée. En bref : c'est le jeu idéal pour tous ceux qui prennent des notes pendant Mindhunter.

En lançant le jeu, je m'attendais à une expérience calme et cérébrale. Résultat : je suis resté en apnée sur un fichier corrompu pendant 4 minutes. Il ne se passe rien, mais tout est inquiétant. Pas de jumpscare, pas d'extraterrestre, juste l'angoisse d'avoir raté une info cruciale. Et quand une alerte retentit dans un coin de l'écran, j'ai bondi. The Operator m'a offert cette sensation rare : la peur de me tromper... et d'avoir des comptes à rendre à une hiérarchie invisible. À ce moment-là, j'aurais vraiment aimé qu'un fax de Scully m'arrive disant : « Tout va bien, ce n'était qu'un problème de pare-feu. »