Test | Spirit of the North 2
26 mai 2025

Chacun cherche son renard

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Spirit of the North 2

Après un premier volet plutôt contemplatif, Spirit of the North 2 tente de muscler sa formule : un monde plus ouvert, des combats contre des boss géants, une boutique tenue par un raton laveur... Oui, ça devient sérieux. Mais derrière ces nouveautés, le jeu garde-t-il son âme poétique ? Allez, suivons la queue touffue du renard, et voyons où ça nous mène.

L'histoire

Un mal ancien gangrène à nouveau les terres du Grand Nord. Notre renard rouge, vaillant mais visiblement abonné aux quêtes silencieuses, reprend du service pour retrouver les gardiens spirituels disparus. Cette suite démarre là où le premier jeu s'était arrêté, dans un monde toujours aussi mystérieux, mais plus vaste, plus vivant, et toujours muet (sauf si vous comptez les couinements du renard et les croassements du corbeau). Peu d'explications, mais une ambiance prenante qui suggère un folklore nordique aux accents mystiques, dans lequel on se projette volontiers, même sans GPS narratif.
Quand la nature reprend le micro…

Le principe

Avec ce raton laveur très mercantile, le capitalisme forestier est en marche.

Pas de doute, cette suite ambitionne de faire évoluer la formule. Vous incarnez toujours le renard, seul être poilu assez agile pour arpenter les plateaux enneigés. Le corbeau, votre nouveau compagnon, ne se contrôle pas directement mais vous suit à la trace et vous file un coup de bec salvateur en cas de chute libre mal maîtrisée. Le gameplay conserve l'exploration contemplative du premier volet, mais ajoute une couche RPG timide : collecte d'orbes pour améliorer ses pouvoirs, inventaire d'objets mystérieux, et même une cabane tenue par un raton laveur qui fait office de boutique – probablement le commerçant le plus blasé de tout le royaume animal.


Les puzzles restent accessibles et les combats ont gagné en intensité avec des boss impressionnants un peu à la Shadow of the Colossus, reposant surtout sur votre timing et votre adresse. Cela dit, certaines mécaniques n'ont pas pris le train de la précision : plateformes capricieuses dirigées par un curseur parfois imprécis, angles de caméra frustrants, et collisions hasardeuses où les pattes du renard s'enfoncent dans le décor. Un peu de poésie visuelle, certes, mais aussi quelques bugs de fourrure.
Du poil, des plumes, et quelques glissades de patte

L'emballage

Visuellement, le jeu offre de belles choses.

Visuellement, Spirit of the North 2 fait plaisir à voir. L'univers est plus riche, les zones sont variées, et l'ensemble respire une ambition sincère. La direction artistique sublime les paysages nordiques et donne parfois l'impression de se promener dans une carte postale animée. Mention spéciale à la musique, toujours aussi envoûtante : nappes de cordes, respirations électroniques discrètes, et moments suspendus qui épousent parfaitement l'exploration. Le tout est servi par une DA inspirée, mais parfois trahie par une technique pas toujours au point : textures qui poppent, éclairages soudains, animations rigides. Rien de dramatique, mais assez pour briser parfois l'illusion.
L'absence de ramage ne gâte en rien le plumage

Pour qui ?

Vous activez des trucs un peu partout pour mieux repartir ailleurs.

Ceux qui ont apprécié le premier épisode y retrouveront leur bonheur, en un peu plus fourni et mieux rythmé. Si vous avez aimé les jeux contemplatifs comme Journey, Rime ou The Last Campfire, Spirit of the North 2 se situe dans cette même veine : pas de texte, pas de dialogue, mais une narration environnementale qui se vit plutôt qu'elle ne se lit. À éviter en revanche si vous cherchez des mécaniques de gameplay complexes ou une histoire bavarde. Ici, tout se joue dans le silence, la nature... et les bonds approximatifs.
Pour les renards qui préfèrent marcher seuls

L'anecdote

La musique joue également un rôle important dans votre épopée.

Spirit of the North 2 n'est que le deuxième jeu du studio Infuse, une petite équipe indépendante de Caroline du Nord qui ne compte pas beaucoup plus de membres que de pattes sur un renard. Et pourtant, ils ne manquent pas d'ambition. Là où d'autres auraient simplement recyclé les assets du premier volet, Infuse a tenté de faire évoluer sa formule avec de nouvelles mécaniques, un monde plus riche et un compagnon ailé. Ce n'est pas toujours parfaitement huilé, mais il faut reconnaître l'envie de bien faire, et la sincérité du projet. Dans le monde du jeu vidéo, ça vaut de l'orbe.
Un studio encore jeune, mais déjà audacieux
Les Plus
  • Une ambiance sonore et visuelle envoûtante
  • L'univers, plus vaste et mystérieux qu'auparavant
  • Le corbeau, discret mais utile
  • L'ajout d'une boutique et d'éléments RPG
  • Une vraie envie d'évolution de la part du studio
Les Moins
  • Plateformes et collisions toujours bancales
  • Une technique parfois en retard sur l'ambition
  • Une caméra mal placée dans les moments-clés
  • Des combats un peu simplistes malgré leur mise en scène
Résultat

Spirit of the North 2 n'est pas un grand jeu, mais c'est un jeu grandement attachant. Il trébuche encore sur des détails techniques et des choix de gameplay discutables, mais il propose une vraie parenthèse, presque méditative, dans un monde qui mérite d'être exploré. Et rien que pour ça, on y revient volontiers, surtout si vous avez une tendresse particulière pour les animaux totems et les énigmes au pied des cascades.

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