Test | Ghost Recon 2, le roi de la jungle
18 déc. 2004

Testé par sur
Aussi disponible sur
Tom Clancy's Ghost Recon 2
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Red Storm
  • Sortie initiale 25 nov. 2004
  • Genre First Person Shooter

Dans la vie d'un joueur, il y a les grandes étapes qui marquent incontestablement la vie ludique, des souvenirs forts qui endurcissent. Le premier jeu en vue subjective, le premier jeu de course, le premier jeu d'aventure et la première grande humiliation, quand on se fait sniper par un buisson pour avoir gambadé joyeusement à découvert. Si vous n'avez pas encore vécu ça, lisez ce qui suit, vous allez vite comprendre.

Speedy Gonzales au pays des snipers

Ceux qui ont joué au premier Ghost Recon se souviennent sûrement qu'on rampait pendant quinze minutes avant de se faire tuer en trois secondes. Ghost Recon 2 est un petit malin, il n'a pas reproduit la même erreur : désormais, les déplacements sont tellement rapides qu'ils permettent de courir efficacement d'une position à l'autre, même sous le feu ennemi. C'est tellement agréable que ça change la façon de jouer et que ça donne presque envie de ramper. En plus, les plans abscons ont été abandonnés : les ordres se donnent désormais en direct, de façon contextuelle. Pointez un hélico et vos hommes se chargent de l'abattre, indiquez une mitrailleuse et ils se précipitent dessus. Laissez appuyé et vous pourrez leur donner l'ordre de prendre par le flanc gauche ou droit, de se regrouper, voire de déclencher un feu de couverture. Simple et efficace. Ne rêvez pas cependant, ce jeu d'action tactique reste très élitiste : quelques rafales suffisent à tuer un homme, ce qui rend les premières parties très courtes.

Reconnaissance, sécurisation, extraction

La première mission, l'aéroport, va vous donner des sueurs froides. Entre les nids de mitrailleuse à nettoyer à la grenade, les hélicoptères ennemis à déloger au lance-missile et les snipers à contourner, c'est un vrai festival qui ouvre brillamment le jeu. Les autres missions sont plus classiques mais réservent quelques moments d'anthologie, comme la récupération d'une ogive nucléaire sous le feu ennemi ou la défense d'une base avec tranchées et tanks coquins qui s'amusent à les escalader. Certains passages sont répétitifs, notamment les missions de défense d'une position fixe, vu qu'elles s'éternisent. Mais la satisfaction d'avoir survécu à un véritable carnage compense la lassitude de ces quelques missions.

Game Over. Game Over. Game Over.

Ca faisait longtemps qu'un jeu n'avait pas procuré ce type de sensation. Dans Ghost Recon 2, il faut survivre. Pas foncer en beuglant ou jouer les héros, juste survivre. Donc courir accroupi, sauter de rocher en tronc d'arbre, se déhancher par-dessus un muret pour jeter un œil prudent, ou utiliser une arme de lâche comme le M29, un fusil au canon articulé qui sert à tirer en restant à l'abri. La peur, c'est de se manger une rafale, de voir son petit soldat s'écrouler au moment même où on entend la salve mortelle. La mort survient vite dans Ghost Recon 2, un jeu déconseillé aux grands cardiaques. L'isolement de certaines missions où le joueur est largué en pleine jungle avec des objectifs suicidaires (« détruisez un convoi », « sécurisez la ville », « ramenez un Big Mac ») contribue largement à faire monter le stress ; le reste du temps, entendre ses hommes hurler dans la radio et les voir tomber un à un suffit à mettre dans l'ambiance. Les champs de bataille sont salement crédibles, au point qu'on tremble vite pour sa misérable vie virtuelle.

Patience, prudence et dextérité

Qui dit difficulté colossale dit bien sûr patience infinie : avec Ghost Recon 2, vous êtes sûr d'apprendre cette vertu. En même temps, là où la difficulté abusive rend certains jeux injouables, celle de Ghost Recon 2 est particulièrement juste. La moindre erreur est sanctionnée illico mais les abus sont rares : ils sont liés à une IA qui va du très mauvais au divin, depuis les ennemis qui voient et tirent à travers les murs jusqu'aux coéquipiers qui foncent sur un tank au lieu de tirer en restant hors de portée. La réalisation somptueuse, notamment de nuit, ainsi que lors des explosions, et à fortiori de nuit avec des explosions, aide aussi à encaisser les passages un peu durs. Les animations sont convaincantes, la végétation s'avère impressionnante, la bande-son en 5.1 exploite efficacement les enceintes arrières, le moteur physique est impeccable et le tout bouge bien, le moteur 3D anime son petit monde avec une fluidité qui est la marque des jeux travaillés avec amour. C'est simple, dès qu'on prend la manette, impossible de la lâcher.
Les Plus
  • L'ambiance des champs de bataille
  • Ramper et courrir la peur au ventre
  • Quelques passages d'anthologie
  • Réalisation somptueuse
  • Rythme accentué et commandes simplifiées, bien vu
Les Moins
  • L'Intelligence Artificielle très inégale pour les ennemis comme pour les alliés
  • La difficulté parfois abusvie, des longueurs lors des phases de protection
Résultat

Pour ne rien gâcher, le contexte politique est convaincant : les histoires de tensions entre les deux Corée sont exploitées intelligemment, avec des décors qui changent un peu de la Normandie ou de l'Irak. Les temples, les rizières, les aéroports pilonnés, les barrages sont si bien fichus qu'ils donnent envie de recommencer les missions en changeant les objectifs, en les essayant tout seul, en Loup Solitaire, en extraction, en élimination etc. Seul le multijoueur est un peu en retrait, même en splitté, parce que le snipe est roi : Ghost Recon 2 en multi, c'est un peu le paradis des campeurs. Vu la durée de vie monstre en solo, pas de quoi se formaliser. Les fans de jeux tactiques ont trouvé leur nouvelle référence, malgré une difficulté prononcée et une IA inégale.

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