Test | Doom : The Dark Ages
13 mai 2025

La pièce du boucher

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Doom : The Dark Ages

Vous aimez l'anatomie... ? Les démembrements ? Les jeux d'action en vue subjective 100 % solo ? Doom : The Dark Ages va tester votre résistance au gore : le Boucher est de retour avec un dragon, un bouclier-tronçonneuse et un fléau pour dépecer des démons par centaines.

L'histoire

Soyez prévenu : The Dark Ages alimente le lore de la saga, bien plus encore que tous les autres épisodes réunis. Petite session de rattrapage :

« Spectre sinistre venant de royaumes inconnus, l'Étranger arpente les champs de bataille d'Argent D'Nur dans une rage qui réduit au silence (NDA : en purée) tous ceux qui y assistent. Même les Sentinelles ont fini par reconnaître en lui un allié redoutable quand les légions de l'Enfer ont assombri leurs cieux.

Les Makyrs, anciens et calculateurs, virent dans ce guerrier silencieux un réceptacle pour leur volonté divine. Ils infusèrent une puissance céleste dans sa chair, soumettant son âme pour assouvir leurs desseins cosmiques. Alors que les démons traquent des reliques oubliées, le Slayer lutte contre ses entraves divines. La protection du royaume assiégé n'émane pas de sa loyauté mais d'une soif inextinguible de sang démoniaque que ni l'Enfer ni le Ciel ne peuvent rassasier. »

Voilà pour le contexte. Dans les faits, vous allez botter des fesses démoniaques H24.
Beaucoup plus bavard que ses prédécesseurs, The Dark Ages met l'accent sur les cinématiques

Le principe

Par où commencer : exploser les Mancubus, le Chevaucheur ? Déchiqueter la piétaille au Concasseur ?

Si vous avez joué à Doom Eternal ou au reboot de 2016, vous connaissez la chanson : ce préquel vous lâche en vue subjective dans une arène et vous devez écrabouiller tout ce qui bouge avec un arsenal qui ferait rougir Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger et Chuck Norris réunis. Le jeu se paye quand même le luxe d'innover : d'abord, vous êtes lent. Un vrai tank sur pattes – pensez Warhammer 40,000 : Space Marine 2 ou encore Boltgun. Ensuite, vous avez un bouclier qui sert de tronçonneuse et de Frisbee bien pratique pour immobiliser les gros Mancubus, faire exploser des boucliers chauffés à blanc des Soldats Mitrailleurs ou encore actionner des mécanismes à distance. Enfin, les arènes ont changé : elles sont immenses, gorgées de trash mobs qui explosent en un coup et de Cyberdémons voire de Titans à prioriser. Le résultat est étonnant, à la fois familier et nouveau – une sacrée prouesse pour une saga commencée en 1993.
Le Slayer est devenu un tank, un Space Marine énorme façon Warhammer – et c'est génial

Pas de multi ?!

Esquivez les boules rouges, renvoyez les vertes avec le bouclier. Simple : le timing est généreux.

Grosse surprise, ce Dark Ages ne propose aucun mode multijoueur. Les développeurs se justifient par la taille et la complexité de la campagne solo gargantuesque – 22 niveaux quand même, avec des ajouts de taille. Les méchas (ou Atlans) sont cette fois jouables dans des séquences bourrines certes simplistes mais qui ont le mérite de casser le rythme des passages à pied. Le bouclier est génial avec son système de parades, de renvoi des projectiles verts lors de séquences Bullet Hell rappelant Returnal. Sans oublier sa façon de se planter dans le décor pour activer des mécanismes (comme la hache dans God of War : Ragnarok). Ou de se projeter en avant – sur un tas d'ennemis idéalement. Cet ajout tellement grisant a déjà été intégré sous forme de mod au jeu de 1993.

L'autre grosse nouveauté du jeu, le dragon pilotable, est lui une petite déception. Son modèle de vol est rudimentaire et ses niveaux répétitifs : détruire des tourelles, se poser, tout faire exploser, tomber en chute libre et reprendre son dragon pour recommencer... Les premières séquences, très bien mises en scène, donnent la banane (comme les réacteurs greffés à la bestiole ou les pédales d'accélération – il fallait y penser). Les suivantes un peu moins, à cause du pilotage sommaire et de la répétitivité des attaques. Fallait-il priver les joueurs d'un mode multi pour autant... ? Espérons que le multi sera rajouté après le lancement, le suivi de Doom Eternal ayant été exemplaire (Battlemode asymétrique pour incarner des démons contre un Slayer, ajout du ray-tracing, etc.).
Hugo Martin, le Studio Creative Director, a confirmé avoir priorisé le mode solo au multi – dommage

Pour qui ?

Le modèle de vol du dragon est simpliste. Mais la mise en scène est classe, surtout les Glory Kills.

Avec ses nouvelles armes (ah, le Fléau ! le Concasseur briseur de crânes !), ses arènes repensées et son rythme plus posé, Doom : The Dark Ages reprend son titre de champion des First Person Shooters... solo. C'est la plus grosse surprise de cette suite : faire l'impasse sur tout mode multijoueur, pour une saga qui l'a presque inventé – en tout cas popularisé. Difficile de faire la fine bouche toutefois devant la générosité de la campagne solo, gorgée de secrets et de niveaux, entrecoupée de combats de méchas littéralement titanesques (coucou Pacific Rim). Et de séquences à dos de dragon très classes (bien que répétitives). Sans parler du bouclier-tronçonneuse, délicieusement débile et parfaitement indispensable. La plus belle invention du jeu vidéo depuis les mitrailleuses-tronçonneuses de Gears of War.
Si vous aimez les jeux gore (et un peu bavards), vous serez comblé

L'anecdote

Pas besoin d'outils tiers, tout est paramétrable – y compris la vitesse des projectiles.

Après m'être régalé avec Doom 2016, je m'étais cassé les dents sur Doom Eternal – un peu trop punitif avec sa récupération de munitions via une tronçonneuse à l'essence trop limitée (sans parler des Maraudeurs insupportables). Pareil avec les DLC The Ancient Gods dont la difficulté brutale m'a fait cracher du sang et des chicots sur mon clavier. The Dark Ages innove à ce titre en vous laissant la main sur quantité de paramètres, quel que soit le mode de difficulté choisi : dégâts du Slayer et des ennemis, vitesse de jeu, durée des étourdissements en cas de parade réussie... Le genre de curseurs que seuls des programmes dédiés permettent de modifier d'habitude, et encore, que sur PC (bisous WeMod et Aurora). Merci The Dark Ages.
Ce n'est pas parce qu'on adore les Boomers Shooters que l'on a tous gardé nos réflexes d'ado
Les Plus
  • Le bouclier-tronçonneuse
  • Les arènes plus larges, avec parfois une trentaine d'ennemis simultanés
  • Le Slayer pesant comme un tank, un nouveau concept qui marche étonnamment bien
  • La variété des phases en Atlan et en dragon, bien que simplistes et un peu répétitives
  • La direction artistique et la réalisation graphique, gothique et bien macabre
  • La difficulté entièrement paramétrable (voir encadré), c'est si rare
  • La musique énervée qui donnerait presque envie d'envahir la Pol... non, rien
Les Moins
  • Pas de multijoueur dans un Doom ?! Hérésie !
  • Que des sauvegardes automatiques (pas de Quick Save / Quick Load)
Résultat

Doom : The Dark Ages est un jeu 100 % solo, certes. Mais comment lui en vouloir devant la générosité de cette campagne de 22 niveaux, brutale et exaltante. Balancer une patate de forain à un Titan Cyclopéen haut comme un immeuble à bord de son mécha Atlan qui écrase les tanks et écrabouille les ponts rappellerait presque les douces heures de Rampage ou de King of the Monsters sur Neo-Geo. Combattre à dos de dragon est amusant aussi, malgré un modèle de vol ultra simpliste. Mais ce sont surtout les armes, notamment l'inénarrable bouclier-tronçonneuse, et les arènes repensées avec une trentaine d'ennemis à prioriser façon jeu d'échecs, qui font de cet opus la nouvelle référence du genre.

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