Test | Kratos brise le quatrième mur en prenant son ascension
15 avr. 2013

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God of War : Ascension

Nous avons beau dire que la vengeance est un plat qui se mange froid, Kratos la préfère fraîche, et si possible, saignante comme il faut. Si les fans de la première heure savent déjà que ce guerrier spartiate préfère l'épée à la plume, les néophytes ne savent pas encore qu'il est brutal, impitoyable, et prêt à remuer ciel et terre pour arriver à ses fins. Sa fureur sans limites étant communicatrice, accrochez-vous pour vivre à ses côtés une quête de vengeance titanesque et grisante sous forme de beat'em all dans God of War : Ascension.

La vengeance n’est pas un long fleuve tranquille

God of War : Ascension, dont les évènements sont antérieurs à l'action des trois précédents opus, s'ouvre sur une cinématique présentant les Érinyes. Ces trois déesses infernales pourchassent tout être ayant rompu délibérément un pacte de sang le liant à un Dieu pour ensuite l'enfermer et le torturer à l'infini, jour après jour, car la mort serait un châtiment trop doux. C'est ainsi que vous retrouvez Kratos, enchaîné et abattu, au beau milieu de la forteresse des Érinyes. L'une des sœurs, Mégère, se présente devant votre héros et lui assène plusieurs coups violents. Puisant dans ses dernières forces, il parvient à se libérer, récupère ses Lames du Chaos, et entreprend de réduire au silence Mégère, et ses deux sœurs Tisiphone et Alecto. Si votre spartiate balafré et sanguinaire souhaite tuer les Érinyes, c'est pour pouvoir se débarrasser une bonne fois pour toute du serment qui le lie au dieu de la guerre Arès. Peu de temps après son évasion et un combat colossal donnant le ton, un flashback nous ramène quelques semaines plus tôt, au début de sa quête, lorsqu'il était encore chassé par les 3 déesses. Aidé par un mystérieux personnage pour faire face aux hallucinations que provoquent ses tourmenteuses, Kratos est mis sur la piste de trois artéfacts indispensables pour venir à bout de celles-ci. Tout au long de l'aventure, vous devez donc explorer divers endroits et pourfendre de vos lames une multitude d'ennemis, tout en ajoutant une pincée de magie, pour dénicher les trois reliques. Un but simple certes, mais le chemin est long, périlleux, et le répit se fait rare.

Kratos, poète maudit

Sous cette carapace de guerrier impitoyable et belliqueux, se cache un homme sensible.

God of War : Ascension nous conte ainsi la première étape de la vengeance du Fantôme de Sparte, ultra-violent et brutal, que bon nombre de joueurs ont appris à connaître et à amadouer lors des précédents volets. Autrefois glorieux général de sa cité et père de famille comblé, il perdit tout suite à un pacte avec Arès, le Dieu de la guerre. Arès voulut faire de Kratos le plus grand guerrier de tous les temps, et pour y parvenir, il effectua plusieurs fourberies, dont l'assassinat de sa famille de ses propres mains. Plus tard, aveuglé par la haine et le ressentiment, Kratos trahit le serment le liant à Arès, se retrouvant alors traqué par les Érinyes. Ceux qui le connaissent déjà savent que cette brute patibulaire balafrée est attachante. Mais ceux qui n'ont jamais encore pris le temps de découvrir ce héros tourmenté, torturé et animé par le seul désir de vengeance doivent savoir que vous vous y attachez vite, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, Kratos est définitivement le genre d'individu que vous ne voulez pas pour ennemi. Il préfère frapper, détruire et saccager avant de poser des questions. Ensuite, Kratos applique en quelques sortes la théorie de l'ineffable dans presque chaque situation, l'ineffable symbolisant une pensée à laquelle nous ne nous trouvons pas de mot adéquat pour la représenter et la partager avec autrui. C'est cela, ou alors c'est juste que le pauvre bougre n'aime pas du tout parler. Mais toujours est-il que son histoire, son passé, son présent et son futur sont captivants. Dans sa fureur, il brise le quatrième mur, sans même dire un mot. Plutôt que d'être spectateur de sa rage, plutôt que de la vivre en décalé, il vous attrape, et vous emmène dans un tourbillon implacable de colère et d'action duquel vous sortez chamboulé, bousculé et harassé. Chaque session de jeu se révèle être intense par le rythme quasiment dénué de temps morts. C'est puissant, fort, interrompu et effréné. En d'autres termes, c'est jouissif.

Les voix des dieux sont impénétrables

Prenez garde à ne pas sous-estimer certains adversaires car il arrive qu'ils soient dotés de pouvoirs similaires aux vôtres.

Sans être non plus transcendant et en ne révolutionnant pas le genre, le gameplay s'avère être plutôt explosif et bien huilé. Si au départ vos Lames du Chaos peuvent paraître simples, elles sont très vites enrichies par quatre éléments primaires : le feu destructeur d'Arès, l'électricité de Zeus, la glace de Poséidon et les âmes damnées d'Hadès. Chacune de ces capacités possèdent bien évidemment leurs propres caractéristiques et gonflent l'éventail de coups affligeables à vos ennemis. Par exemple, exécuter un finish move avec les âmes damnées d'Hadès vous rapporte des orbes vertes (régénératrices de vie), tandis que la foudre de Zeus vous donne des orbes bleues (remplissant votre jauge de magie). L'utilisation de la magie dépend également du pouvoir que vous utilisez au moment où vous l'enclenchez. Ainsi, si les flammes d'Arès vous permettent d'expulser vos ennemis en l'air, Hadès vous confère le pouvoir d'invoquer plusieurs paires de bras de géants sortant du sol et frappant tout ce qui vous entoure. La magie peut bien souvent vous sauver la mise lorsque vous vous trouvez en mauvaise posture. Prenez garde toutefois à l'utiliser avec parcimonie et à ne pas en abuser car elle n'est pas toujours disponible. Apprendre à s'en passer est donc nécessaire pour pouvoir maîtriser l'ensemble des coups, dont les attaques de rage. Celles-ci se débloquent lorsque vous remplissez votre jauge de rage, en effectuant une série de coups sans subir de dégâts. A titre d'exemple, la glace de Poséidon gèle un de vos adversaires, tandis que vous pouvez lancer des éclairs dévastateurs du bout de vos lames avec l'énergie de Zeus. Moins puissantes que la magie, ces attaques sont tout de même efficaces et donc à ne pas négliger. Cette ribambelle de coups n'est pourtant accessible que lorsque vous améliorez vos Lames du Chaos et les pouvoirs en dépensant des orbes rouges, parsemées dans des coffres un peu partout.

Trop de fureur tue la fureur

Le remaniement du décor s'applique à petite, moyenne ou grande échelle.

Même si la colère de Kratos est défoulante, vous accueillez avec une certaine bienveillance les quelques énigmes qui jonchent le parcours de notre spartiate. Ces moments de réflexion, véritables îlots de tranquillité et de rafraîchissement au milieu d'un océan de violence aveugle, sont l'occasion de réveiller vos méninges laissés de côté lors de vos massacres de centaures, d'hydres ou d'harpies. Pour les résoudre, les artéfacts que vous cherchez tout au long du jeu sont indispensables. La première relique, l'amulette d'Uroborus peut servir à dégrader ou reconstituer des éléments du décor afin de poursuivre votre avancée. La deuxième, la pierre du Serment d'Orkos vous permet de faire apparaître un double de vous-même, très utile pour maintenir un mécanisme pendant que vous vous dépêchez d'en rejoindre un autre. Malignes et bien pensées, les énigmes sont loin d'être rapides et faciles, à l'instar des combats. Ces derniers, souvent très – voire trop – longs, peuvent parfois apparaître rébarbatifs et calqués les uns sur les autres. Comme quoi, trop d'acharnement et de brutalisassion peut nuire au plaisir et au divertissement. Cette impression a toutefois tendance à se volatiliser dès qu'un affrontement un peu plus musclé a lieu contre un boss, mais reste susceptible de revenir plus loin.

Le multijoueur ne sied pas vraiment à Kratos

Le multijoueur s'apparente souvent à un combat de gladiateurs.

Finalement, il est à noter que God of War : Ascension a rejoint les rangs des franchises dîtes « solo » ayant succombé à la vague déferlante du mode multijoueur. Malheureusement, cela ne lui sied pas totalement. Malgré quelques bonnes idées, ce mode en ligne pâtit d'un manque d'originalité flagrant. Après avoir prêté allégeance à un des quatre dieux présents, à savoir Arès, Hadès, Zeus et Poséidon, vous recevez plusieurs faveurs de votre référent (dégâts accrus pour Arès, drainage de la vitalité des adversaires pour Hadès, etc) et enchaînez sur un didacticiel vous familiarisant avec les touches sensiblement différentes de celles de la campagne. Dans le menu, vous avez la possibilité de peaufiner l'apparence de votre héros comme bon vous semble, de lui attribuer diiférentes armes, pouvoirs et reliques. Mais là où le multijoueur de God of War : Ascension montre ses limites, c'est avec les modes de jeu. Capture de drapeau, Domination, Horde, Combat des Champions ou encore Epreuves des Dieux sont des modes de jeu en ligne vu et revu et qui, même enveloppés dans l'écrin des cartes sympathiques qui sont proposées bien qu'elles ne soient qu'au nombre de six, peinent à convaincre réellement. Le multijoueur, en dépit de certaines idées intéressantes, apparaît alors comme dispensable. Une tentative en demi-teinte donc, qui aurait pu être bien plus aboutie si elle avait été plus approfondie. Mais une tentative honorable, il faut l'admettre.
Les Plus
  • Des combats épiques...
  • Le multijoueur, de bonnes idées...
  • Les environnements très recherchés et originaux
  • Le gameplay efficace
  • Les énigmes, avec notamment un usage combiné des reliques parfois nécessaire
  • Kratos, un être capable d'une brutalité sans nom, mais également d'une douceur insoupçonnée
Les Moins
  • ...à côté de plusieurs affrontements longs et répétitifs
  • ...mais hélas pas assez percutantes
  • Le scénario, sympathique, mais tout de même un peu léger et banal
Résultat

Ce nouveau segment de la vie de Kratos nous en apprend davantage sur son histoire, la souffrance l'habitant, et la vengeance qui stimule chacun de ses actes. Plutôt équilibré, mais non dénué de défauts, le titre de Sony sait en imposer par ses environnements variés et originaux, ses quelques combats titanesques et ses graphismes réussis, bien que légèrement moins aboutis que ceux du précédent opus. Toujours est-il que l'aventure vécue aux côtés de Kratos est puissante et mémorable. Après avoir contemplé le passé du Fantôme de Sparte, nous nous tournons maintenant vers son avenir, qu'un certain bonus caché laisse éventuellement supposer.

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