Test | Hell is Us
01 sept. 2025

Heaven is the game

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Hell is Us
  • Éditeur NACON
  • Développeur Rogue Factor
  • Sortie initiale 4 sept. 2025
  • Genres Action, Aventure

Après deux RPG tactiques, le studio canadien Rogue Factor a décidé de s'attaquer à un tout autre genre, celui de l'action-aventure, en développant Hell is Us. Il est toujours délicat d'abandonner un genre maîtrisé pour s'attaquer à un autre, surtout quand il est si populaire parmi une grande partie des joueurs. Mais pas d'inquiétude, avec leur nouveau jeu, les développeurs nous montrent qu'ils ont un sacré savoir-faire...

L'histoire

Attaché à une chaise et harnaché d'un polygraphe, un homme mystérieux au teint très pâle vous interroge. Il vous demande comment vous avez réussi à faire tout ce que vous avez fait. Pour vous délier la langue, un produit vous est injecté, vous déroulez alors votre histoire. C'est ici que le jeu commence, vous incarnez un homme mystérieux en quête de ses parents à travers le pays fictif d'Hadéa. Ce pays est en proie à une guerre civile opposant Palomistes et Sabieniens. Au milieu de tout ça, vous souhaitez retrouver vos parents dont vous avez été séparé très jeune. Il ne vous reste d'eux qu'un collier mystérieux. Face à vous, les créatures lymbiques, des monstres blancs sans visages de diverses formes qui deviennent agressifs quand vous les approchez un peu trop. L'apparition de ces créatures est un mystère pour les habitants d'Hadéa mais vous comprendrez assez rapidement d'où elles viennent...


Les développeurs de Hell is Us ont réussi à créer un univers cohérent et convaincant. L'alliance du réel de la guerre civile et du fantastique avec les créatures lymbiques est parfaitement mise en scène. Vous ressentez à travers tous les PNJ et les dialogues que vous avez avec eux la souffrance et le malheur engendrés par la guerre entre Palomistes et Sabiniens. L'univers est rendu d'autant plus cohérent par ses décors qui fourmillent de détails. Ajoutez à ça les différents objets ramassés qui donnent encore plus de corps au monde dans leur descriptifs ou les écrits qu'ils produisent. Lorsque vous jouez à Hell is Us, vous vous sentez plongé dans Hadéa et vous n'en êtes jamais sorti à cause d'une incohérence scénaristique ou d'un évènement absurde. L'histoire est maîtrisée de bout en bout, jamais les développeurs n'ont essayé d'en faire trop, de faire de leur protagoniste un héros indestructible et qui a une influence bien trop important sur son monde. Le jeu reste à une échelle humaine et parvient à raconter des choses intéressantes sans en faire des tonnes. De plus, l'ambiance sonore renforce parfaitement l'atmosphère pesante voulue par les développeurs par des sons lourds et inquiétants. À noter toutefois que vous pourriez rester sur votre faim à la fin du jeu mais le gameplay fait oublier cela.
La guerre civile, les créatures et moi

Le principe

"Excusez-moi monsieur, mais je cherche le code du coffre... Pas très loquace ce fonctionnaire."

Le gameplay de Hell is Us se définit par deux axes majeurs : l'exploration et les combats.
Les développeurs vous préviennent au lancement du jeu : dans Hell is Us, pas de carte, pas de marqueurs de quêtes, pas de flèches lumineuses. Il vous faut bien écouter les PNJ, lire des documents que vous ramassez et être attentif à votre environnement. Cette promesse est tenue de bout en bout par le jeu. C'est déstabilisant au début mais Hell is Us a le mérite de questionner notre rapport aux objectifs et au monde dans les jeux vidéo. Vous n'êtes pas guidé en permanence et cela fait vraiment beaucoup de bien. Il faut chercher, il faut observer et bien retenir pour résoudre les différentes énigmes et arriver au bout du jeu. Au cours de votre aventure, vous parcourrez des temples bourrés de secrets. Résoudre les énigmes peut prendre un peu de temps mais requiert surtout de l'observation et de l'attention. Aucun curseur ne vous indique où appuyer, aucune ligne de dialogue de votre personnage ni d'un PNJ à proximité, répétée en boucle jusqu'à ce que vous trouviez quoi faire. Si vous acceptez cela, vous allez passer un excellent moment avec Hell is Us.


Les énigmes sont intelligentes et ne vous demandent pas de refaire quinze fois la même chose. Aucune n'est d'ailleurs identique ou ne reprend les mêmes éléments qu'une autre résolue un peu plus tôt. Cette richesse des énigmes est aussi liée à la richesse des environnements. Les développeurs de Rogue Factor ont bien compris que richesse des environnement ne veut pas dire : un niveau dans la forêt, un dans la neige, un à la plage... Chaque niveau renouvelle l'intérêt du joueur et lui fait découvrir le monde : des temples, un musée, une base militaire, des villes détruites... Les énigmes liées aux environnements sont cohérentes et donnent de la crédibilité au jeu et donc à vos actions. La satisfaction de les résoudre les dépasse largement l'adrénaline des combats qui ont tout de même un côté grisant.


En plus des énigmes, l'exploration passe par le lien avec les PNJ du jeu. Il y en a un sacré paquet et certains ont des requêtes. Encore une fois, aucun indicateur pour savoir où trouver un objet, c'est au fil de votre exploration que vous tomberez dessus si vous êtes attentif. Vous pouvez interagir avec chaque PNJ et lui transmettre un objet dont il peut avoir besoin : des clés de voiture pour quitter un endroit, une photo de son enfant, un objet de famille... Les PNJ incarnent le déchirement et la détresse causée par la guerre. Encore une fois, les développeurs ont ajouté subtilement des éléments qui rendent l'ensemble de leur œuvre cohérente, à laquelle les joueurs peuvent croire. En plus des bonnes actions réalisées pour les PNJ, vous devrez aussi fermer des boucles temporelles afin d'empêcher la réapparition des ennemis. Ces boucles sont liées à des moments de souffrances extrêmes causées par la guerre ou bien par la cupidité et la haine des humains. D'où le titre, Hell is Us...
L'exploration à l'ancienne

Les combats

Les animations d'exécution sont très sympa.

Au-delà des énigmes tout bonnement réussies, Hell is Us offre un système de combat sympathique. Les premiers affrontements font penser à du Souls-like mais finalement il n'en est rien. Vous disposez de plusieurs types d'armes au corps-à-corps (épée, double hache, arme d'haste...) que vous devez faire évoluer pour gagner en puissance auprès du forgeron. D'autres objets vous permettent d'augmenter votre vie et votre endurance. Aucune stat n'est à augmenter à un feu de camp. Les deux barres sont liées car si vous êtes touché, le maximum de votre barre d'endurance diminue avec votre barre de santé. Heureusement, vous pouvez récupérer de la vie, et donc de l'endurance, à la fin d'un combo sur un ennemi en appuyant sur une touche. Un halo blanc se forme autour de vous et il vous faut appuyer au bon moment à l'instar du rechargement de Ki dans Nioh 2. Cela rend, une fois le timing maîtrisé, les objets de soin complètement caduques. Vous disposez également de capacités liées à des glyphes que vous associez à votre arme ou bien à votre drone qui vous assiste tout au long de votre aventure. Vous pouvez infliger des dégâts avec ces attaques spéciales ou simplement étourdir vos ennemis afin de leur assener des coups bien placés.


Vous n'affrontez que des créatures dans Hell is Us, jamais des humains. Cela est expliqué dans le scénario et rend d'autant plus crédible votre aventure, car même en temps de guerre civile, un type qui se balade en trucidant tous les militaires qu'il croise, ça aurait fait un peu tâche. Les créatures lymbiques sont bien votre seule menace physique mais elles pullulent un peu partout dans Hadéa. Certaines sont d'ailleurs liées à un élément : Rage, Chagrin, Extase ou Terreur et dispose d'une entité qu'il faut détruire avant de pouvoir faire des dégâts à la créature. Cette entité réapparaît si vous ne tuez pas la créature lymbique assez vite. Affronter les créatures classiques n'offre pas beaucoup de challenge après quelques heures de jeux, mais les créatures dotées d'entités rendent les combats plus intéressants et plus intenses. Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers car les attaques ennemies peuvent êtes dévastatrices. Les vôtres aussi d'ailleurs, vous vous sentez monter en puissance et développer une arme jusqu'à son niveau maximum vaut réellement le coup.

Les combats et les énigmes s'articulent parfaitement dans le jeu et s'enchaînent avec brio. L'équilibre a été trouvé par les développeurs et l'intérêt est sans cesse renouvelé. Vous ne vous ennuyez jamais et vous obtenez toujours la bonne dose de telle ou de telle phase de jeu.
Une bonne bagarre de temps en temps

Pour qui ?

Le jeu offre de beaux contrastes d'ombre et de lumière ce qui vous oblige à avancer prudemment.

Hell is Us s'adresse clairement à des joueurs qui en ont marre d'être guidés à tout bout de champ par des indices improbables. Il s'adresse à celles et ceux qui ne veulent plus être tenus par la main et qui veulent utiliser un peu leur méninges pour avancer dans un jeu. Tout en étant exigeant dans son exploration, le jeu ne vous demande pas de vous investir partout. La construction du personnage a été simplifiée : vous ne passerez pas des heures à tenter des combinaisons d'armes et de capacités ni à faire du tri parmi un loot bien trop important. Tout fonctionne, vous parviendrez avec un peu d'attention à venir à bout des ennemis si vous améliorez votre équipement. D'ailleurs, vous pouvez dire au revoir à la frustration de ne pas pouvoir faire évoluer votre arme puisque vous n'avez pas un objet ou un matériaux rare à trouver pour la faire évoluer. C'est rafraîchissant et jamais frustrant. Encore une fois, les développeurs ont créé un jeu cohérent jusque dans le système de forge et de construction de personnage. Pour apprécier Hell is Us, il faut aimer les énigmes, explorer et aussi les combats.
Pour les débrouillards avant tout

L'anecdote

Avancer sans carte ni point d'intérêt rend l'expérience plus immersive que jamais.

Mes premiers pas sur Hell is Us m'ont un peu décontenancé... Pas de carte, pas de point d'intérêt ou de système un peu farfelu pour m'indiquer où aller. Le prologue du jeu est tout de même bien fait car il vous initie aux mécaniques du jeu tout en douceur sans jamais vous donner l'impression de crouler sous une tonne d'informations et de nouvelles mécaniques. Le jeu reste simple dans son gameplay mais a pu compter sur l'intelligence de ses développeurs qui ont mis un point d'honneur à rendre l'ensemble cohérent. Certains niveaux sont axés quasiment uniquement sur les énigmes quand d'autres vous font combattre un grand nombre d'ennemis. Et c'est bien ça qui m'a tenu en haleine de bout en bout, cette sensation de ne jamais faire deux fois la même chose, de n'y trouver aucun recyclage. L'acte 2 du jeu vous demande de récupérer trois artefacts. Évidemment, au moment de les récupérer, vous pensez devoir affronter un boss mais ce ne sera pas le cas à chaque fois. Le jeu surprend toujours les joueurs. C'est un bonheur.

La richesse dans les énigmes
Les Plus
  • Aucune aide visuelle ou guide stupide pour les joueurs
  • Une ambiance visuelle et sonore réussie
  • Un univers cohérent
  • Des énigmes intelligentes qui donnent à réfléchir
  • Des combats grisants
  • Vous ne faites jamais deux fois la même chose
  • Les PNJ qui donnent une véritable crédibilité au monde d'Hadéa
  • Des environnements variés
Les Moins
  • Une fin qui déçoit un peu
Résultat

Hell is Us est une pépite inattendue. Les développeurs osent aller à l'encontre de ce qui se fait traditionnellement dans ce genre de jeu en enlevant la plupart des guides pour les joueurs. Le but : rendre l'aventure la plus immersive possible. Force est de constater qu'ils ont eu raison et qu'ils ont su le faire avec un talent certain. Si la fin du jeu peut laisser un goût amer, l'ouverture scénaristique laisse présager une suite grandiose, si tant est que les développeurs ne soient pas contraints par un éditeur peu scrupuleux de perdre leur âme. Hell is Us est un indispensable de cette année 2025.

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