Test | Stellar Blade
15 mai 2024

Un nouvel espoir

Testé par sur
Stellar Blade

C'est entre deux polémiques et une campagne promotionnelle rondement menée par Sony que Stellar Blade a trouvé le chemin de notre valeureuse PlayStation 5. Mais la première grosse production du studio sud-coréen Shift Up a-t-elle vraiment quelque chose à offrir en dehors de ses scandales retentissants ?

L'histoire

Des bâtiments en ruines se succèdent... Il n'y a rien d'autre, si ce n'est des cadavres enfouis sous les décombres et quelques artefacts de l'ancien temps qui ne demandent qu'à être trouvés. Les humains, quant à eux, semblent avoir disparu, remplacés par des Naytibas, d'étranges créatures difformes et pour le moins voraces. Il reste seulement de la Terre des monstres et de la poussière. Aux grands maux les grands remèdes : le 7e escadron aéroporté, tout droit envoyé des cieux, débarque sur la planète bleue pour anéantir ces atrocités dans l'espoir de sauver l'humanité. EVE, l'héroïne aux souvenirs brouillés, est la seule survivante de cet assaut, mais elle entend bien malgré tout mener sa mission avec succès.
Je t'aime mélancolie
Si l'histoire de Stellar Blade manque d'originalité et reconduit tous les attendus d'une œuvre de science-fiction, l'univers, porté par ses paysages mélancoliques et sa naïveté consciente, rattrape le tout. Autrement dit, le jeu a un charme fou. Le problème, c'est que ce monde met du temps à se matérialiser, à prendre corps, ce qui empêchera sans aucun doute de nombreux joueurs et joueuses de se laisser happer. Les premières heures ne sont en effet pas les plus palpitantes de l'aventure, la faute à un vrai manque de rythme – la bande-son nonchalante n'aidant pas – et aux déplacements limités et imprécis de l'héroïne. Mais ne partez pas trop vite : l'ensemble gagne en consistance au fur et à mesure qu'avance l'intrigue, et finit même par séduire complètement. Quand arrive la conclusion qui donne sens à toutes les péripéties, vous en redemanderez, on peut vous l'assurer.

Le principe

Ça tranche dans le vif.

Comme le laissaient transparaître ses nombreuses bandes-annonces, Stellar Blade est influencé par une multitude de productions à succès. Son univers semble tout droit sorti d'un jeu NieR, tandis que son gameplay rappelle énormément celui de Star Wars Jedi : Fallen Order qui, lui-même, se vante d'être une vision « tout public » des Souls. D'une certaine manière, cette compilation de références plus toutes jeunes explique le fait que Stellar Blade apparaît comme un jeu d'un autre âge. Le titre de Shift Up, avec sa pluralité d'approches (plates-formes, phases de shoot et affrontements au corps-à-corps) adopte un level design sorti des années 2010, ce qui donne cette étrange sensation qu'il se complaît dans la reprise de codes déjà éculés.

Si Stellar Blade est un jeu qui se parcourt en ligne droite la majeure partie du temps, il propose, par deux fois, d'arpenter librement deux grandes zones ouvertes : c'est peut-être elles qui accusent le plus leur âge. Mais cette approche scolaire, certes déstabilisante, procure un plaisir presque instantané. Ces passages, sans prise de tête, que l'on se plaît à dévorer comme un sac de pop-corn, rappellent les belles heures de la plate-forme 3D. Le titre invite à farfouiller les moindres recoins de la carte pour remplir des objectifs secondaires et trouver tout un tas de collectibles (qui sont bien souvent de nouvelles tenues pour EVE). On se prend au jeu, surtout qu'une fois le double saut débloqué, l'ensemble gagne en profondeur grâce à l'arrivée d'une verticalité bien plus assumée, et donc d'une exploration plus fluide et agréable.
La puissance de l'ange
Mais là où Stellar Blade reste gravé dans la mémoire, c'est lorsqu'il entame son dernier tiers, un segment qui retrouve l'intensité des productions Sony. D'un coup, le jeu fait dans le grand spectacle. Les affrontements, et plus particulièrement ceux avec les différents boss, sont impressionnants. Le tout se dévoile sous nos yeux avec une pluie d'effets pyrotechniques improbables et de plans qui en jettent. Si la première partie est longue à se mettre en place, et la seconde s'appuie sur une structure d'un autre temps, la dernière vaut largement le coup d'œil. On aurait bien évidemment aimé que Stellar Blade se présente sous cette forme tout du long, mais on se contentera de cette montée en puissance progressive qui ne laisse pas indifférent.

Pour qui ?

Petite pause canette.

Stellar Blade est un peu ce jeu doudou, sans prise de tête, sans grande difficulté non plus, qui peut vous accompagner pendant de longues heures (trente heures sont nécessaires pour le 100 %) ou qui peut au contraire se boucler très rapidement si vous décidez de faire l'impasse sur tout ce qui est secondaire. Autrement dit, le soft s'adapte en fonction des envies de chacun et chacune. Et contrairement à beaucoup d'autres productions d'aujourd'hui, il peut s'aborder par de courtes sessions.
À la carte !

L'anecdote

Une héroïne qui fait débat.

Il est impossible de conclure ce test sans s'attarder sur les polémiques qui ont entouré la campagne promotionnelle du jeu. Depuis l'annonce du soft, ou presque, l'apparence d'EVE provoque des débats. Ces derniers sont-ils fondés ? Manette en mains, la réponse est malheureusement oui ! Qu'on se le dise, les courbes de l'héroïne ne sont pas un problème, tous les types de corps ont le droit d'exister. Le souci, c'est bien évidemment le regard que pose la caméra virtuelle sur EVE : elle la désire constamment, ce qui est la définition même du « male gaze ». Pour preuve, les nombreux « plans fesses » qui rythment l'aventure et la pluralité de costumes peu inspirés qui laissent toujours entrevoir la culotte de notre personnage. Heureusement, il existe des tenues plus habillées, mais aussi et surtout plus en adéquation avec l'univers de science-fiction proposé.
La vie en EVE
Les Plus
  • Des combats de boss qui en mettent plein les yeux
  • Une mise en scène souvent réussie
  • Un univers mélancolique saisissant
  • Une vraie montée en puissance pour une dernière partie marquante
  • EVE, un personnage plus intéressant qu'annoncé
Les Moins
  • Une structure très scolaire
  • Une première partie peu convaincante
  • Des déplacements imprécis
  • Une bande-son souvent soporifique
  • Du male gaze, en veux-tu en voilà
Résultat

Stellar Blade est donc une œuvre, baignée dans un trop grand nombre de références, qui ne sait pas véritablement comment se positionner. Elle tente toutes les approches avec plus ou moins de tact. Mais son entrain et son envie de bien faire sont contagieux. Si l'on ajoute à cela les dernières heures plus que réussies, on ressort de cette expérience le sourire aux lèvres. Autrement dit et pour faire simple : c'était bien !

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Tribune libre