Test | Banishers : Ghosts of New Eden

01 mars 2024

Bienvenue à New Eden, colonie située en Nouvelle-Angleterre, en l'an de grâce 1695. Depuis plusieurs mois, une malédiction s'abat sur la région. Alors que les terres sont plongées dans un hiver semblant sans fin, la population de cette colonie puritaine est hantée par une créature démoniaque. Envahissant tout d'abord les contrées oniriques du subconscient des âmes de New Eden, ce Cauchemar assoit vite son hégémonie sur tous les aspects du quotidien des colons, ne semant que mort et désolation sur son passage. C'est dans ce contexte exceptionnel que le révérend Charles Davenport appelle au secours ses amis bannisseurs œuvrant de l'autre côté de l'Atlantique : Antea Duarte et Red MacRaith. Antea est originaire des plantations cubaines et est reconnue comme étant la bannisseuse la plus talentueuse de sa génération tandis que lui est un ex-soldat écossais devenu son coéquipier et amant. Ensemble, ils forment le duo le plus réputé de la profession des bannisseurs, sorte d'exorcistes nomades enquêtant sur les phénomènes de possession et/ou de hantise. Leur but final étant de bannir les forces occultes et d'aider les âmes en errances à quitter le monde des vivants, soit en les bannissant, soit en les élevant.

À votre arrivée dans le Nouveau Monde, vous vous apercevez néanmoins très vite que le pouvoir du Cauchemar dépasse tout ce à quoi Antea et Red ont pu être confrontés par le passé. Les spectres vengeurs sont légion à se dresser sur votre chemin et l'issue du tout premier affrontement avec le démon est fatale pour Antea. Vous vous réveillez alors aux commandes de Red, disparu et laissé pour mort après le combat avec le Cauchemar. Rapidement, vous incarnez à nouveau Antea, devenue ce qu'elle a traqué et banni toute sa vie : un fantôme. Avec un pied dans le monde des vivants et un dans celui des morts, vous voilà lancé sur la quête du Cauchemar avec pour objectif l'élévation d'Antea ou bien sa résurrection.

Banishers : Ghosts of New Eden est avant tout une histoire d'amour. Les amants Antea et Red se retrouvent séparés et en même temps réunis, chacun évoluant dans un plan d'existence différent. Dès l'introduction terminée, le jeu s'oriente vers un choix qui rythmera votre aventure. Red est partisan de tenter la résurrection d'Antea, nécessitant de blâmer et sacrifier de nombreux vivants liés à des cas de hantise. La principale intéressée quant à elle insiste auprès de son compagnon pour l'accompagner vers son élévation, lui permettant de quitter le monde matériel et de rejoindre les cieux pour l'éternité. À vous de choisir quelle voie vous souhaitez explorer. Mais pour pouvoir effectuer l'un ou l'autre cas de figure, vous avez besoin de récolter de l'énergie spectrale afin de nourrir Antea au fil de l'aventure. Comment faire ? Tout simplement en enquêtant sur tous les cas de hantise jalonnant votre chemin jusqu'à New Eden. Les âmes déchues ne sont pas en manque dans ce coin de Nouvelle-Angleterre et se manifestent à travers un objet physique et l'énergie d'un vivant auxquels elles sont rattachées : une mort violente, une trahison, un amour déçu ou encore une usurpation d'identité sont autant de liens pouvant rattacher une âme en peine au monde des vivants. Votre devoir est alors d'enquêter sur les circonstances exactes de cette hantise en récoltant des indices et interrogeant les personnes concernées, esprits comme vivants. À l'issue de votre enquête, il vous revient la décision de soit bannir dans les limbes ou élever vers les cieux l'esprit (contribuant à l'élévation future d'Antea), soit de blâmer et sacrifier la personne vivante hantée par l'âme égarée (permettant plus tard la résurrection d'Antea).

Ces enquêtes sont multiples et parsèment votre trajet dans le monde semi-ouvert qui vous est proposé. Si chaque zone est assez grande pour receler plusieurs endroits cachés, l'impression de naviguer dans un long couloir est tout de même tenace, d'autant plus que les indices à relever lors des enquêtes ne sont en réalité qu'une succession de points à rejoindre en suivant les indicateurs sur votre carte. En parallèle de ces enquêtes dont vous êtes plus spectateurs qu'acteurs, il vous faut également affronter à intervalles réguliers des fantômes n'hésitant pas à vous sauter dessus. Si le gameplay des combats est efficace avec l'alternance possible entre Antea et Red, il trouve néanmoins très vite ses limites, malgré un arbre de compétences honnête, et devient rapidement lassant. Les combats se ressemblent, tout comme les ennemis, la faute à un bestiaire assez pauvre. Ajoutez à cela des mécaniques assez raides et l'impossibilité de fuir et ces affrontements deviennent sur le long terme aussi pénibles que non nécessaires.

Si vous êtes friand d'action-RPG à la façon des aventures d'un certain Kratos, Banishers : Ghosts of New Eden peut vous intéresser. L'univers du jeu, ses personnages et leurs dialogues sont dans l'ensemble convaincants et réjouissants. De plus, le jeu offre une durée de vie assez conséquente avec une vingtaine d'heures en ligne droite et une bonne trentaine en fouillant chaque recoin de la map et en effectuant la pléthore de quêtes annexes proposées. Néanmoins, force est de constater que même en étant fan d'action-RPG, le jeu peut très vite lasser. Les cas de hantise sont malheureusement très inégaux dans leur intérêt et les combats, rébarbatifs et trop présents, plombent l'aventure. Les équipes de DON'T NOD ayant déjà fait leurs preuves dans des aventures purement narratives, elles tentent à nouveau de signer une œuvre empreinte de dilemmes moraux déchirants et de combats rythmés, mais le résultat peine à convaincre totalement. Assez bancal sur son côté action/aventure, le jeu tire sa force de son écriture, bien qu'inégale, pour contrebalancer.

L'introduction de Banishers : Ghosts of New Eden tire clairement son épingle du jeu au milieu des entrées en matière d'autres titres AAA. Elle prend le parti d'installer doucement (mais pas trop non plus) le décor en nous faisant arriver sur les côtes de New Eden, figées par le froid, de nuit, avec un beau comité d'accueil de spectres nous attendant. C'est sombre, je m'attache très vite à Antea et Red, je me dis que ça commence bien. Puis, j'arrive au premier affrontement avec le Cauchemar, l'entité démoniaque au cœur du jeu. Le combat s'est révélé extrêmement dur et frustrant car, début de jeu oblige, notre personnage est lent, les attaques faibles et les possibilités limitées. Chose suffisamment rare pour le noter, je meurs à cet affrontement tellement de fois que je vais aller changer de difficulté. Même si le système de combat s'améliore au fil du jeu, cette impression de limites laissée par le premier gros combat m'aura suivi pendant toute ma progression.