Test | Gears of War, le coup de crosse
07 déc. 2006

Testé par sur
Gears of War
  • Éditeur Microsoft
  • Développeur Epic Games
  • Sortie initiale 17 nov. 2006
  • Genres Action, Third Person Shooter

Le bruit de la tronçonneuse. Une gerbe de sang derrière un muret. Le crépitement des balles qui s'enfoncent dans les chairs. Quelques dents plantées dans le macadam. C'est un peu ça, Gears of War : des instantanés bien glauques, des flashs sanglants qui continuent d'éblouir, même une fois que la console est éteinte. Du brutal, du lourd, du clinquant, qui dessine les contours d'un jeu hors-norme, pas fin, pas exempt de défauts, mais sacrément impressionnant quand même.

Le fils de Rambo et de Terminator

Vous êtes en taule. Vous êtes un paria. Et une sacrée brute. Le jeu commence alors qu'on découpe la porte de votre cellule ; dehors, une guerre sans merci oppose les Locustes, des créatures immondes qui vivent sous terre, aux quelques humains rescapés. Les bâtiments sont éventrés, les cadavres s'empilent dans les rues, les combats font rage : finalement, comme le lâche Marcus vers la fin du jeu, vous étiez bien, là-bas, en prison, avec vos trois rations par jour. L'ambiance est posée, elle va vous marquer au fer rouge. Les Locustes qui sortent du sol, déferlent par vagues successives, aboient leurs insultes d'une voix gutturale. Les humains qui s'engueulent, se couvrent mutuellement. Et l'architecture impressionnante, l'impression de traverser des zones dévastées, vestiges d'une civilisation sur le point de disparaître. Ce n'est pas qu'une question de réalisation, d'éclairages et de textures : Gears of War réussit le tour de force d'installer un climat incroyablement brutal qui vous prend aux tripes, jusqu'à l'écoeurement. Le fait d'incarner une brute monolithique, dont la violence excessive en fait le héros incontestable de cet univers chaotique, joue énormément sur cette immersion malsaine.

Moulé à l’ancienne

Parfois, vous pouvez déclencher une explosion salvatrice.

Sur le fond, Gears of War n'innove pas franchement. C'est un jeu d'action en vue de dos, brutal mais tactique, dans lequel foncer au corps-à-corps s'avère suicidaire. Il faut utiliser le décor à bon escient, s'abriter derrière les carcasses de voitures, les canapés, les parapets, plonger d'un abri à l'autre, courir à découvert, pour avoir une chance de survivre. Un seul bouton permet de se plaquer contre n'importe quel obstacle. C'est indispensable avant de jaillir temporairement de sa cachette, le temps d'ajuster un ennemi, puis de replonger à couvert pour recharger. Cette guerre de positions fonctionne incroyablement bien malgré de grosses lacunes d'IA. Vos coéquipiers sont parfois incroyablement bêtes ; ils n'ajustent pas forcément l'ennemi le plus proche, foncent au contact, oublient les Locustes les plus agiles qui les mordent dans le dos... Leur mort n'est heureusement pas pénalisante mais face aux boss, l'envie de les achever vous-même démange souvent ; c'est ce que ferait Marcus, en tout cas. Les Locustes ne valent pas mieux : s'ils s'abritent efficacement, ils oublient de changer de position avant de tirer ou se précipitent vers vous quand ils se prennent une bonne rafale, ce qui permet de les achever très facilement. Des défauts qui font tache, dans un jeu de cette trempe.

La bénédiction du multi

Ce colosse vous tue d'un coup quand il charge. Attirez-le près d'une zone où vous pourrez le tuer.

Comme le jeu se termine en huit heures environ, sans trop se presser, la pilule du prix risque d'être amère : 65 €, quand même, c'est cher payé pour une ambiance extraordinaire et une brutalité excessive. Heureusement, le multijoueur est incroyablement bien intégré. La campagne solo est entièrement jouable en Coopération, en écran splitté, sur le Live ou en réseau local, avec n'importe quelle sauvegarde. Vous pouvez jouer en solo, continuer en Coopération avec un ami, poursuivre en solo, etc, avec une souplesse rarement vue. Chapeau. Les autres modes multijoueur sont bien pensés aussi, même si les cartes sont peu nombreuses (une dizaine pour le moment). Quelques astuces, comme la possibilité d'achever un adversaire en lui écrasant la tête par terre, ou de recharger plus rapidement en réappuyant sur le bouton au bon moment, rendent les affrontements intenses. Et le côté tactique, la nécessité de s'abriter, de se couvrir, la taille réduite des cartes, tout favorise les combats stratégiques. Le multi de Gears of War est une réussite indéniable, avec un bonus agréable : l'abonnement au Xbox Live Gold est offert pendant 48H. A essayer impérativement !
Les Plus
  • La réalisation, l'ambiance extraodinaire
  • La brutalité excessive, vraiment excitante
  • Vraiment tactique, surtout en multijoueur
Les Moins
  • Beaucoup trop court
  • IA vraiment perfectible
Résultat

En toute objectivité, Gears of War est une expérience traumatisante qui place la barre très haut. En termes de réalisation, puisque c'est le plus beau jeu à ce jour, toutes consoles confondues ; le tout sans ralentissements, même en écran splitté. En termes d'ambiance aussi, l'atmosphère déprimante de ces ruines envahies par les Locustes renvoyant aux plus belles réussites et distillant, entre deux affrontements sauvages, quelques bribes de nostalgie et de mélancolie, le regret d'un monde qui a basculé dans l'horreur. En termes de brutalité surtout, les bruitages, les dialogues, les animations, imposant un style barbare et sauvage qui excite tout en faisant froid dans le dos. Reste que le background du jeu est très mal exploité, de nombreuses questions restant sans réponses : l'origine des Locustes, le père de Marcus… le scénario explore des pistes puis les laisse en chantier. Mais c'est surtout la montée en puissance de certains passages puis une retombée brutale à un niveau médiocre qui laisse un arrière-goût particulièrement amer : l'attente du véhicule, puis son pilotage désastreux, l'exploration stressante des sous-sols, qui devient inutile suite à un rebondissement absurde, ou le combat final, qui arrive beaucoup trop tôt tout en étant franchement pénible, sont terriblement frustrants. Des défauts qui prennent une importance dramatique pour un jeu de ce calibre, tellement mis en avant par le constructeur qu'il aurait dû être encore meilleur.

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