Test | Final Fantasy VI Pixel Remaster
22 mars 2022

Le plus grand tube des années 90

Testé par sur
Final Fantasy VI Pixel Remaster

La légende des RPG revient dans une version plus ou moins dépoussiérée : graphismes (presque) à l'identique, bande-son réorchestrée. Le résultat ? Un chef-d'œuvre de narration qui n'a pas peur de ses rides pixélisées.

L'histoire

À force de jouer avec la magie, celle-ci a complètement disparu. Ne comptez pas sur elle pour réchauffer vos petits plats avec un gentil Brasier+, il faut acheter un micro-ondes. Mille ans ont passé, les humains ont appris à utiliser des machines, la révolution industrielle est passée par là, bref, tout va pour le mieux dans le plus capitaliste des mondes. Tout ? Presque tout : une jeune fille dotée de pouvoirs magiques fait son apparition et met l'Empire sens dessus dessous. La magie est-elle soluble dans la technique... ?
Une histoire épique, un méchant inoubliable

Le principe

La musique réorchestrée est somptueuse, et pas que pendant l'opéra.

Final Fantasy VI Pixel Remaster est un RPG pur jus sorti en 1994 sur Super Nintendo – et un de ses chefs-d'œuvre incontestés. Les fondamentaux du RPG sont connus et admirablement maîtrisés, au point que le jeu se permet d'innover, de tenter des surprises uniques – comme ce combat avec des unités qu'on déplace sur la carte comme aux échecs, comme un bref clin d'œil aux Shining Force.

Non seulement l'alternance entre exploration et combats est très bien gérée, avec les fameux déplacements interrompus à l'improviste par des ennemis invisibles et aléatoires, mais la narration a fait l'objet d'un très grand soin. Les personnages sont nombreux, la mise en scène est magistrale pour l'époque, les intrigues se chevauchent et... vous contrôlez beaucoup de protagonistes, bien plus que dans les autres jeux de l'époque. Un mot aussi sur le principal antagoniste, Kefka, misanthrope et nihiliste, tour à tour comique et effrayant, qui reste même en 2022 un dictateur glaçant. Une ambition très rare à l'époque, et toujours aussi grisante aujourd'hui.
L'histoire n'a pas pris une ride

Le gameplay

Le train fantôme est un des moments marquants du jeu.

Les combats se font au tour par tour, les ennemis et vos héros ayant une barre qui se remplit lentement : une fois complète, vous pouvez attaquer. Les attaques physiques, magiques ou les objets permettent de vaincre plus ou moins facilement les ennemis, sachant qu'il faut connaître leurs forces et faiblesses... et parfois réfléchir. Les dialogues continuent lors de certains combats de boss, pour faire avancer l'histoire ou vous donner des indices : vous allez apprendre à viser une partie précise d'un ennemi majeur, voire... à attendre bien sagement en vous soignant. Une réussite, rehaussée par des musiques très inspirées, stressantes en combat, orchestrales lors des moments épiques comme le fameux concert d'opéra.
Les combats demandent de bien connaître les ennemis

Les nouveautés

Vous pouvez accélérer les combats, influençant maintenant votre vitesse comme celle des ennemis.

Il faut vraiment regarder des vidéos comparatives pour se rendre compte du travail accompli. Si les transitions entre exploration et combats, les quelques effets visuels ou l'eau sont clairement des ajouts, le reste est beaucoup moins évident – le fait que les sprites aient été retravaillés par exemple. Tout semble parfaitement conservé, fidèle à nos souvenirs des années 90, alors que le travail accompli est conséquent.

Curieux du coup que les développeurs ne soient pas allés plus loin. Les pixels forment des gros pâtés à l'ancienne, surtout sur nos moniteurs de bourgeois... Là où Capcom et Dotemu proposent des jeux 16 bits complètement réimaginés – Ghosts 'n Goblins Resurrection et Streets of Rage 4 pour ne citer qu'eux.
Retravaillé… à l'identique

Pour qui ?

La mise en scène est très réussie mais les pixels ne lui rendent pas toujours honneur aujourd'hui.

C'est la version parfaite de Final Fantasy VI Pixel Remaster. Si vous ne l'aviez jamais fini, c'est le moment – à condition d'être nostalgique. Le décalage entre les polices lissées des textes et les graphismes pixélisés pique les yeux. Il faut vraiment être nostalgique pour apprécier cet hommage à sa juste valeur, surtout après les clins d'œil appuyés au doyen avec des graphismes plus modernes (coucou Octopath Traveler).

Au jeu des sept erreurs, cette version apporte quelques rééquilibrages, une vitesse de combat ajustable, des sauvegardes rapides, des cartes interactives, un mode combat automatique, et plein d'autres détails parfois très triviaux comme le salut militaire de l'Empire qui se fait... avec les deux mains, plutôt qu'avec le bras droit seulement. Inutile de vous dire pourquoi !
Il faut le cœur bien accroché pour encaisser ces pixels années 90

L'anecdote

Kefka bénéficie de nombreux artworks, dont certains... troublants !

Qui dit dépoussiérage dit bonus exclusifs. Square Enix a fait les choses bien en proposant un bestiaire pour revoir tous les ennemis croisés, un jukebox pour écouter les musiques sublimes réorchestrées, et surtout une galerie de croquis dans laquelle je me suis perdu. C'est troublant de retrouver les dessins préparatoires, souvent touchants de délicatesse, et de voir ses héros préférés dans des postures ou avec des expressions auxquelles je ne m'attendais absolument pas. Une madeleine de Proust qui marche à la perfection.
Terra, Locke, Edgar, Kefka… Les artworks font remonter les souvenirs
Les Plus
  • L'histoire toujours aussi prenante
  • Les musiques réorchestrées
  • Les bonus, les quelques rééquilibrages
  • La nostalgie joue à fond
Les Moins
  • Les gros pixels années 90, ça pique sur nos moniteurs PC
Résultat

Quel jeu. Quelle claque. Dire que l'émotion, l'humour, le côté épique de cette aventure incroyable des années 90 restent intacts aujourd'hui encore. Final Fantasy VI Pixel Remaster est fidèle au souvenir que l'on avait de ce chef-d'œuvre, alors qu'il a tout revu du sol au plafond. Un exploit, qui nous fait regretter un petit manque d'ambition supplémentaire : que les graphismes n'aient pas été entièrement redessinés comme dans un Ghosts 'n Goblins Resurrection. Le contraste est trop flagrant entre les jeux récents conçus pour rendre hommage aux jeux Super Nintendo, comme le fabuleux Eastward, et ce bijou au parfum de naphtaline.

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